L'UE doit se doter d'une cyberforce dans le cadre de la réforme de sa défense, selon Charles Michel

Le président du Conseil européen Charles Michel s'exprime lors de la conférence annuelle de l'Agence européenne de défense 2023, le 30 novembre.
Le président du Conseil européen Charles Michel s'exprime lors de la conférence annuelle de l'Agence européenne de défense 2023, le 30 novembre. Tous droits réservés SIERAKOWSKI FREDERIC/SIERAKOWSKI FREDERIC
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Par Mared Gwyn Jones
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Cet article a été initialement publié en anglais

L'Union européenne a besoin d'une cyberforce pour renforcer ses capacités défensives, selon le président du Conseil européen Charles Michel.

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Une cyberforce européenne. C’est le projet proposé jeudi par le président du Conseil européen, Charles Michel, lors de la conférence annuelle de l'Agence européenne de défense. Pour le responsable belge, ce corps constituerait une "composante fondamentale" de la défense de l'Europe.

"Elle nous aiderait à prendre la tête des opérations de cyber-réaction et de supériorité de l'information, et je pense qu'elle devrait être dotée de capacités offensives", a-t-il expliqué.

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a également suggéré que la cyberguerre fasse partie des tâches de l’UE, et non pas uniquement des États membres, dans le cadre de la refonte de la défense de l'Union.

"Nous devrions identifier des capacités phares au niveau européen, par exemple des capacités qui sont européennes par nature, comme les catalyseurs stratégiques, tels que les cybercapacités, les satellites ou le transport stratégique".

L'invasion de l'Ukraine par la Russie a provoqué une hausse des dépenses de défense de l'UE et a contraint l'Union à examiner de près sa politique en la matière.

Les institutions ont innové avec une accélération de l'adoption de lois afin de mettre en commun les ressources par le biais de marchés publics conjoints, tout en augmentant les investissements dans l'industrie de la défense de l'Union, comme la loi sur le soutien à la production de munitions (ASAP).

En revanche, l'UE n'a pas suffisamment agi dans le cyberespace pour répondre à ces nouvelles menaces, souvent utilisée par le Kremlin pour déstabiliser et détruire des infrastructures numériques essentielles en Ukraine et dans les pays de l'UE.

L'invasion menée par la Russie s'est accompagnée d'opérations numériques de grande envergure. Une attaque dirigée par le Kremlin contre des connexions Internet par satellite dans toute l'Europe a été orchestrée une heure seulement avant que la Russie ne fasse entrer ses chars en Ukraine en février 2022.

L'année dernière, le Parlement européen lui-même a été la cible d'un groupe pro-Kremlin dans le cadre d'une offensive par déni de service, le jour même où le Parlement a voté en faveur de la proclamation de la Russie en tant qu'État soutenant le terrorisme.

Des rapports faisant état de cyberattaques de groupes ukrainiens ont conduit la Russie à avertir l'Occident que des cyberfrappes pourraient conduire à une confrontation militaire directe.

L'Union européenne a annoncé en avril de nouveaux plans pour se protéger contre les cyberattaques, en confiant une partie de sa défense à des entreprises privées. Si ces plans sont axés sur la prévention et la réaction, les capacités "offensives" proposées par Charles Michel suggèrent que l'Union pourrait envisager des opérations ciblées dans le cyberespace.

De telles offensives sont généralement considérées comme visant à manipuler, perturber, voire à détruire des infrastructures critiques.

"Dépenser mieux, dépenser ensemble"

Malgré l'augmentation des dépenses en matière de défense depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, l'industrie européenne est en difficulté pour répondre aux besoins du terrain.

Le problème tient en partie à la nature fragmentée du marché de l'armement, les pays de l'UE procèdent traditionnellement à des achats au niveau national.

Les institution de l'UE souhaite que les États membres mettent en commun leurs ressources afin de rendre les achats plus efficaces et de garantir que l'Union puisse continuer à approvisionner Kyiv sans épuiser ses propres stocks.

"Tant que les entreprises de défense de l'UE seront structurées selon des lignes nationales, la demande proviendra principalement de leurs gouvernements nationaux respectifs. Cela conduit à un style de production qui ne correspond pas à la réalité géopolitique à laquelle nous sommes confrontés", souligne Charles Michel.

Ursula von der Leyen précise ainsi que "les dépenses de collaboration des Etats membres ne se sont que légèrement améliorées. Elles sont toujours inférieures à 20 %, très loin de notre objectif de 35 %".

"En outre, les derniers chiffres montrent que les fonds supplémentaires sont en grande majorité dépensés en dehors de l'Union européenne", a-t-elle ajouté, "ce qui signifie que nous achetons principalement seuls et à l'étranger".

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La présidente de la Commission propose également que les États membres de l'UE reçoivent des incitations fiscales en échange d'une augmentation des dépenses de défense.

Les investissements dans la défense "pourraient soutenir l'extension de la période d'ajustement fiscal d'un Etat membre", suggère Ursula von der Leyen. Ce pourraient être "un facteur pertinent lorsque nous évaluons si un Etat membre a un déficit excessif ou non".

"Il est possible de procéder à d'autres adaptations ciblées et limitées dans le temps afin de réduire les efforts budgétaires à court terme pour les États membres qui augmentent simultanément leurs dépenses de défense", ajoute-t-elle.

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