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Le "décret pénitentiaire" déclenche un débat politique houleux en Italie

Le taux de surpopulation carcérale est de 130% en Italie.
Le taux de surpopulation carcérale est de 130% en Italie. Tous droits réservés Christophe Ena/AP
Tous droits réservés Christophe Ena/AP
Par Giorgia Orlandi
Publié le Mis à jour
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Le décret vise une amélioration globale des conditions de détention, une augmentation du nombre de personnel pénitentiaire et une procédure d’accès à la libération anticipée simplifiée. Les critiques pointent de nombreuses lacunes.

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L'approbation récente par le Parlement italien d'une nouvelle loi visant à améliorer les conditions carcérales a déclenché un débat politique enflammé.

Destiné à résoudre les problèmes de longue date du système carcéral italien, en particulier la surpopulation, le "décret pénitentiaire" prévoit, entre autres, une augmentation du personnel pénitentiaire et une simplification du processus de libération anticipée.

Pourtant, si certains ont salué le décret, d'autres estiment qu'il ne suffira pas à résoudre les véritables problèmes qui affligent le système.

Les partisans du décret sont particulièrement concentrés au sein du parti de centre-droit Forza Italia, qui fait partie de la coalition gouvernementale italienne. Ils considèrent ce décret comme un pas en avant dans la lutte contre la surpopulation carcérale et la réduction du nombre alarmant de détenus qui s'enlèvent la vie.

"La surpopulation et les suicides commis en prison sont de graves problèmes qui sont traités pour la première fois depuis 15 ans, après le manque de progrès des partis de gauche sur ce front. La protection des droits et la sécurité sont les principales priorités abordées par ce décret", assure Pietro Pittalis, de Forza Italia.

"Juste retaper la surface"

L'ONG Antigone, qui surveille de manière indépendante les centres de détention, a émis des critiques particulièrement virulentes.

Avec un taux de surpopulation carcérale de 130 % et 65 suicides enregistrés rien que cette année, Antigone estime que les nouvelles mesures sont insuffisantes pour apporter des changements significatifs et qu'elles ne sont rien d'autre qu'un signal politique.

"L’intervention du gouvernement à ce sujet était attendue depuis longtemps, mais le fait est que, pour atteindre un simple objectif politique, l’approche choisie n’est pas systémique et ne changera rien. Dans certains cas, le projet de loi semble décevant. C’est comme essayer de réparer une maison qui a des problèmes structurels et qui est sur le point de tomber — dans ce cas-ci, la maison représente le système carcéral. Au lieu d’intervenir sur les fondations, vous n’avez fait que réparer les fenêtres", déclare Michele Miravalle, de l'ONG Antigone.

Selon Antigone, dans 56 des 190 centres de détention, le taux de surpopulation est supérieur à 150 %, et seuls 38 d'entre eux n'ont pas encore atteint leur pleine capacité.

Mais le problème ne se limite pas à l'Italie Le rapport pénal annuel 2023 du Conseil de l'Europe sur les populations carcérales souligne que l'Italie est l'un des nombreux pays de l'UE aux prises avec une grave surpopulation carcérale, avec Chypre, la Roumanie, la France, la Belgique, la Hongrie et la Slovénie.

"Depuis 30 ans, tant aux États-Unis qu’en Europe, on a décidé que le droit pénal et les systèmes pénitentiaires devraient être utilisés pour résoudre un certain nombre de problèmes qui n’ont rien à voir avec eux, mais peuvent plutôt être décrits comme des problèmes sociaux tels que la toxicomanie, la santé mentale et la pauvreté", explique Michele Miravalle.

Pour l'instant, les perspectives d'un retournement de situation sont faibles. La mise en œuvre de certaines dispositions du décret italien pourrait prendre des mois, voire plus, et les effets immédiats sur les conditions de détention devraient être minimes.

Et comme les mois d'été apportent des températures plus élevées, les conditions déjà difficiles dans les prisons surpeuplées devraient se détériorer davantage.

Le débat sur le décret pénitentiaire met en lumière une question fondamentale : le système pénitentiaire italien peut-il être réformé progressivement, ou ses problèmes exigent-ils une refonte radicale ? Pour l'instant, le pays ne peut qu'attendre de voir l'impact éventuel de cette dernière mesure.

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