Les frappes sur les ponts, apparemment destinées à contrecarrer une contre-attaque russe à Koursk, pourraient signifier que Kyiv a l'intention de s'implanter dans la région - ou du moins de signaler à Moscou qu'elle a l'intention de le faire.
PUBLICITÉL'armée de l'air ukrainienne a diffusé une vidéo de la destruction d'un autre pont dans la région de Koursk - après le pont sur la rivière Seïm, d'importance stratégique, détruit la veille.
Le 18 août, les chaînes de Telegram russes et ukrainiennes ont signalé que les forces armées ukrainiennes avaient endommagé un deuxième pont sur Seïm, près du village de Zvane. Ce pont serait était utilisé pour approvisionner les unités russes dans le secteur.
Après ces deux frappes, le seul pont restant dans le district de Glouchkovo de la région de Koursk pour approvisionner les troupes russes est celui du village de Karyzh.
Les frappes sur les ponts, apparemment destinées à contrecarrer une contre-attaque russe à Koursk, pourraient signifier que Kyiv a l'intention de s'implanter dans la région - ou du moins de signaler à Moscou qu'elle a l'intention de le faire.
Les responsables ukrainiens ont indiqué auparavant que Kyiv n'a pas l'intention d'occuper la Russie.
Selon les analystes, l'Ukraine pourrait tenter de consolider ses acquis au sein de la Russie, mais il s'agit d'une manœuvre risquée compte tenu des ressources limitées de l'Ukraine. En effet, les lignes d'approvisionnement qui s'étendent jusqu'à Koursk seraient vulnérables aux frappes russes.
A part tout intérêt stratégique, l'incursion a déjà remonté le moral des Ukrainiens, sapé par une contre-offensive ratée l'été dernier et des mois de gains russes croissants dans la région orientale du Donbass.
WSJ : La Russie a transféré vers Koursk environ 5 000 militaires de l'Ukraine
Le commandement militaire russe aurait déjà transféré environ 5 000 militaires de la zone de combat en Ukraine vers la région de Koursk, selon le Wall Street Journal qui cite une source au fait des détails de l'opération.
Selon cette source, parmi les forces transférées dans la région de Koursk se trouve une brigade de la région de Donetsk, où les troupes russes sont à l'offensive. Le reste des troupes envoyées dans la région de Koursk a été retiré de sections du front moins importantes pour la Russie à l'heure actuelle.
Toutefois, la source du WSJ estime que ce renforcement n'est pas suffisant pour forcer les troupes ukrainiennes à se retirer de la région de Koursk. Selon la source, la Russie devra utiliser plus de 20 000 militaires bien entraînés à cette fin.
ISW : la manœuvre militaire ukrainienne contrebalance l'avantage de la Russie
Selon l'Institute for the Study of War, un groupe de réflexion basé à Washington, l'opération menée par l'Ukraine dans la région de Koursk illustre la manière d'utiliser la guerre de manœuvre pour compenser la supériorité de la Russie en termes d'effectifs et d'équipements.
Les troupes russes ont occupé un total de 1 175 kilomètres carrés de territoire ukrainien sur l'ensemble du théâtre d'opérations au cours des sept mois allant de janvier à juillet de cette année. Au cours de l'opération dans la région de Koursk, les militaires ukrainiens ont progressé d'environ 800 kilomètres carrés en six jours, du 6 au 12 août, et s'étaient déplacés en profondeur d'environ 28 kilomètres à la date du 17 août.
Les analystes militaires ont souligné que la taille du territoire conquis par les forces ukrainiennes n'est pas un indicateur du succès de l'opération. Mais la manœuvre pourrait conduire à une avancée beaucoup plus rapide qu'une guerre de position.
Au début de l'opération ukrainienne dans la région de Koursk, les militaires ont attaqué des positions défensives russes non préparées, non équipées et sans personnel le long de la frontière, mais l'Ukraine a continué à utiliser des manœuvres pour progresser rapidement dans la région de Koursk après que des renforts russes ont été déployés dans la zone.
L'utilisation de la manœuvre par l'Ukraine dans la région de Koursk montre comment la manœuvre ukrainienne, combinée à la surprise opérationnelle, peut permettre d'atteindre des objectifs dans des délais beaucoup plus courts avec moins d'effectifs et d'équipements.
PUBLICITÉUne guerre de position prolongée, en revanche, ne fera qu'exacerber la pression sue les ressources de l'Ukraine, et une guerre prolongée augmentera les coûts pour l'Ukraine et ses partenaires.
La capacité de l'Ukraine à manœuvrer rapidement dans la région de Koursk suggère que les forces ukrainiennes aient tiré des leçons de la guerre de position de ces derniers mois qui pourraient aider l'Ukraine à utiliser la guerre de manœuvre à l'avenir.
Loukachenko : le Bélarus a déplacé un tiers de son armée à la frontière avec l'Ukraine
Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a déclaré dans une interview accordée à la télévision publique russe Rossiya-1 que le Bélarus avait transféré près d'un tiers de son armée à la frontière avec l'Ukraine. Selon M. Loukachenko, une telle mesure a dû être prise parce que l'Ukraine non seulement « maintient plus de 120 000 militaires près de la frontière avec le Bélarus », mais aussi parce qu'elle a commencé à transférer des unités supplémentaires.
À la frontière occidentale du Bélarus, selon l'homme fort de Minsk, les défenses ont également été renforcées. « Des lignes de défense ont été construites de Brest à Grodno et plus haut encore. Dans la pratique, les frontières lituanienne et polonaise sont bloquées dans des conditions favorables pour nous. Nous tirons également des enseignements de cette opération militaire spéciale (l'euphémisme de la propagande russe pour désigner la guerre - NDLR). Nous voyons où nous devons nous déployer », a-t-il déclaré.
PUBLICITÉEn même temps, le Service national des frontières de l'Ukraine indique ne pas avoir enregistré d'augmentation du nombre d'équipements ou de personnel des troupes biélorusses près de la frontière avec l'Ukraine. « La situation à la frontière avec la République du Bélarus est inchangée », a déclaré à Ukrayinska Pravda un représentant du service des frontières, le colonel Andriy Demchenko, ajoutant que “la rhétorique de Loukachenko ne change pas non plus, ce qui aggrave constamment la situation”.