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"Qu'allons-nous faire ?" Les grévistes de chez Valeo réclament un avenir européen pour leur métier

L'usine Valeo dans le nord-ouest de la France en pleine grève générale, 21 octobre 2024
L'usine Valeo dans le nord-ouest de la France en pleine grève générale, 21 octobre 2024 Tous droits réservés  Cleared - Jean-Rodolphe Colliaux
Tous droits réservés Cleared - Jean-Rodolphe Colliaux
Par Sophia Khatsenkova & Jean Philippe LIABOT
Publié le Mis à jour
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Les employés de Valeo, à Suze-sur-Sarthe, font grève pour sauver leurs emplois, alors que l'avenir de l'industrie automobile en Europe reste incertain en raison de la concurrence et des réductions d'effectifs.

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Des dizaines de croix funéraires bordent la route menant à l'usine du géant des pièces détachées automobiles Valeo, dans le nord-ouest de la France.

Chacune porte le nom des quelque 300 salariés qui risquent de perdre leur emploi dans les semaines à venir.

Des croix posées sur le bord de la route près de l'usine Valeo de Suze sur Sarthe
Des croix posées sur le bord de la route près de l'usine Valeo de Suze sur Sarthe euronews

Depuis lundi soir, les travailleurs de cette usine de Suze-sur-Sarthe - dans une région où l'industrie automobile est vitale pour l'économie locale - sont en grève.

Le site produit principalement des systèmes de refroidissement de batteries pour les véhicules électriques du géant automobile Stellantis, propriétaire d'Opel, Fiat, Peugeot, Citroën et d'autres marques.

Deux autres usines en France sont également sur le point de fermer, ce qui pourrait concerner 1 000 employés.

L'annonce imminente est une source constante de stress et d'anxiété pour les employés.

"Nous avons vu beaucoup de gens pleurer, certains même s'effondrer", a déclaré Odile Nasarre, ingénieure en matériaux et représentante syndicale.

"Il y en a aussi qui ont décidé de partir parce qu'ils ne voulaient pas voir le résultat. Il y a une douzaine de couples ici. Cela va avoir un impact sur de nombreuses familles", a-t-elle déclaré à Euronews.

Des croix en papier épinglées aux portes de l'usine Valeo de Suze-sur-Sarthe
Des croix en papier épinglées aux portes de l'usine Valeo de Suze-sur-Sarthe Cleared - Jean-Rodolphe Colliaux

Les employés ont décidé d'épingler des croix en papier sur les grilles de l'usine.

Didier, ingénieur en recherche et développement, nous montre sa croix où il a griffonné les années 1991-2025, symbolisant les 34 années passées chez Valeo.

"Cela se termine sur une note un peu amère", explique-t-il en montrant le visage triste qu'il a dessiné à côté des dates.

À 57 ans, il ne pense pas qu'une reconversion soit envisageable si l'usine ferme ses portes.

"La moyenne d'âge à l'usine est de 53 ans. Avec les différentes réformes du chômage et des retraites, les gens se retrouvent dans une situation où ils doivent travailler sept à huit ans de plus avant de pouvoir prendre leur retraite", explique Franck Goulette, délégué syndical central chez Valeo.

"Beaucoup s'interrogent : "Que vais-je faire ? Les allocations de chômage ne dureront pas jusqu'à ce que je puisse prendre ma retraite. C'est une préoccupation majeure pour les employés", a-t-il déclaré à Euronews.

En 2023, le président français Emmanuel Macron a initié une réforme des retraites très impopulaire, qui a fait passer l'âge de la retraite d'État de 62 à 64 ans.

La chute des ventes de voitures, la recherche par des entreprises comme Valeo d'une main-d'œuvre moins chère à l'étranger et l'objectif de la Commission européenne de passer à des véhicules entièrement électriques d'ici 2035 provoquent une crise au sein de l'industrie automobile en France et dans l'ensemble de l'UE.

Depuis 2012, 70 000 emplois ont été supprimés dans l'industrie automobile en France.

Le patron de Stellantis, Carlos Tavares, a déclaré la semaine dernière qu'il n'excluait pas de fermer des usines dans les mois à venir, citant la concurrence féroce des rivaux chinois comme l'une des principales préoccupations.

Le premier constructeur automobile européen, Volkswagen, envisage de fermer l'un de ses sites de production sur son sol, une première depuis la création de la marque.

La Commission européenne envisage d'imposer des droits de douane élevés sur les véhicules électriques chinois bon marché, mais la réponse de Pékin pourrait toucher les constructeurs allemands qui vendent beaucoup de véhicules en Chine.

L'avenir de l'industrie automobile inquiète

De nombreux travailleurs de l'usine Valeo se demandent si l'industrie automobile a encore un avenir en France et plus généralement en Europe.

"En 2000, nous étions 2 000 ici. Aujourd'hui, nous sommes moins de 300. Serons-nous encore nombreux à travailler dans l'industrie automobile à l'avenir ? C'est la grande question", déplore Odile Nasarre, déléguée syndicale.

Euronews a contacté Valeo, mais l'entreprise a refusé de répondre aux questions.

Le sort des trois usines devrait être décidé d'ici la mi-décembre.

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