Le commissaire luxembourgeois désigné a conquis le cœur des législateurs européens en promettant d'agir sur le terrain, et d'être plus proche des besoins des agriculteurs.
Les eurodéputés ont approuvé la nomination du Luxembourgeois Christophe Hansen en tant que prochain Commissaire européen à l'Agriculture et à l'alimentation, ont confirmé à Euronews trois sources parlementaires présentes lors d'une réunion à huis clos.
Le vote informel des eurodéputés sur la performance de M. Hansen fait suite à une audition de plus de trois heures ce lundi 4 novembre, les chefs de groupe des démocrates-chrétiens, des socialistes, des conservateurs, des verts et des libéraux ayant tous voté en faveur de sa confirmation.
Le vote n'a cependant pas été unanime, puisque deux membres du groupe de droite Europe des nations et de la liberté (ENF) et un membre de la Gauche ont voté contre, et qu'un autre membre du groupe Patriotes pour l'Europe s'est abstenu.
La procédure du Parlement prévoit qu'après les auditions publiques, les présidents et coordinateurs des différentes commissions chargées de l'évaluation évaluent et votent à huis clos sur l'aptitude du candidat à assumer le rôle de Commissaire.
Tout au long de son audition publique, Christophe Hansen a fait l'apologie de la communauté agricole, affirmant que celle-ci était descendue dans la rue au début de l'année parce qu'elle ne se sentait pas entendue. Il a promis d'être un commissaire "sur le terrain", qui s'engage à visiter les exploitations agricoles dans les différents États membres.
Le Luxembourgeois a également rappelé qu'il avait grandi dans une ferme familiale, soulignant son expérience directe des récompenses et des défis de l'agriculture. "Je connais les bons et les mauvais moments de la vie d'agriculteur", a-t-il déclaré en évoquant la façon dont sa famille s'est heurtée à la bureaucratie qui l'empêchait de se concentrer sur son travail quotidien.
Le moment le plus intense de l'audition a eu lieu lorsque M. Hansen a évoqué les problèmes de santé mentale auxquels sont confrontés les agriculteurs, en évoquant le souvenir de son frère décédé à la suite d'un accident l'année dernière.
La voix craquelée, M. Hansen a fait le lien entre l'accident et le stress et les pressions que subissent les communautés rurales, notamment les contraintes financières et les longues heures de travail.
Le Mercosur sur une pente glissante
Si les promesses de M. Hansen ont trouvé un écho auprès de nombreux députés européens, son soutien à l'accord du Mercosur a suscité des critiques au sein de la Commission de l'Agriculture du Parlement européen, où s'est tenue l'audition, et qui s'oppose vigoureusement à l'accord commercial.
M. Hansen a déclaré qu'il adopterait une "approche équilibrée" de la question, reconnaissant les avantages de l'accord mais aussi ses défis.
Il a plaidé en faveur d'une réciprocité équitable dans les échanges commerciaux, affirmant que les agriculteurs européens sont désavantagés par les normes de production plus strictes de l'UE par rapport à celles des pays tiers.
Un fervent défenseur de la PAC
M. Hansen a été approuvé pour sa défense énergique du budget de la Politique agricole commune (PAC), en particulier de l'aide au revenu accordée aux agriculteurs européens.
Il s'est opposé aux récentes spéculations sur les propositions de restructuration budgétaire suggérant la fusion de la PAC avec d'autres programmes de l'UE, arguant que le programme de subventions agricoles de l'Union nécessitait son propre budget.
Le Luxembourgeois a ajouté que des coupes budgétaires pour les agriculteurs seraient désastreuses, en particulier à la lumière des défis récents, tels que les événements météorologiques graves en Europe.
Sur ce point, il a reconnu que les dirigeants de l'UE et leurs ministres joueraient un rôle important dans l'élaboration du futur budget et du champ d'application de la PAC.
"Je n'ai pas de boule de cristal, mais nous devons faire pression sur nos gouvernements nationaux si nous voulons une PAC forte qui ne soit pas amputée de plusieurs parties", a-t-il déclaré.
Il s'est montré tiède quant aux propositions de création d'un Fonds de transition juste pour l'agroalimentaire, un soutien financier unique destiné à aider les agriculteurs à adopter des pratiques plus durables, estimant que les ressources existantes devraient être pleinement utilisées avant de créer de nouveaux fonds.
M. Hansen a souligné l'importance de la PAC non seulement pour les agriculteurs, mais aussi pour tous les Européens. Toutefois, il a soutenu la réforme de la PAC afin de mieux cibler l'aide financière, en veillant à ce qu'elle aille aux agriculteurs actifs et à ceux qui en ont le plus besoin.
Il s'est également déclaré favorable à un plafonnement obligatoire des subventions, afin de garantir que plus de 10 % des aides parviennent aux petits exploitants. "Il est inacceptable que des milliardaires reçoivent des subventions alors que ceux qui en ont besoin ne bénéficient que d'augmentations minimes", a-t-il déclaré, appelant à une distribution plus équitable.
Prochaines étapes
Avec le soutien des eurodéputés, M. Hansen peut maintenant se concentrer sur la production d'un document d'orientation sur l'avenir de la Politique agricole et alimentaire de l'UE dans les 100 jours suivant sa prise de fonction.
Il a décrit ce document comme une "feuille de route partagée pour les initiatives futures", reflétant les diverses perspectives à travers le secteur agroalimentaire.