Alors qu'un accord sur les minerais ukrainiens avec Washington pourrait "changer la donne", selon un sénateur américain républicain, le président ukrainien a expliqué qu'il ne pouvait pas accepter un tel "deal" à ce stade.
Alors que le président ukrainien a annoncé samedi avoir finalement refusé de signer un accord avec Washington sur la fourniture de minerais rares en échange d'une protection américaine et d'investissements pour la reconstruction du pays, un sénateur américain, présent à la Conférence sur la sécurité de Munich a souligné l'importance de cet accord.
S'il est signé, cet accord changera la donne en ce qui concerne le renforcement du soutien de l'administration Trump à l'Ukraine, a souligné Lyndsay Graham.
Kyiv et Washington sont en pourparlers pour conclure un accord qui donnerait aux États-Unis le droit d'exploiter des minéraux critiques, notamment des minéraux de terres rares, utilisés dans de nombreux appareils de la vie quotidienne et de haute technologie, ainsi que dans le matériel militaire. Le président américain Donald Trump a laissé entendre en début de semaine que l'accord était indispensable pour que l'Ukraine puisse continuer à bénéficier d'un soutien militaire.
"Si l'accord sur les minerais se concrétise, c'est un cauchemar pour Poutine, car nous avons quelque chose à défendre que nous n'avions pas auparavant", a rappelé le sénateur républicain. "Ils sont assis sur des minerais d'une valeur de plusieurs milliers de milliards de dollars dont nous pouvons tous bénéficier", a-t-il ajouté.
Et de recommander aux Ukrainiens de signer cet accord.
Samedi, Volodymyr Zelensky a néanmoins justifié son refus (temporaire ?) estimant qu'il ne "protégeait pas" son pays à ce stade. "Je n'ai pas autorisé les ministres à signer l'accord parce qu'il n'est pas prêt. À mon avis, il ne nous protège pas", a-t-il déclaré.
Pour le nouveau secrétaire d'Etat américain, Marco Rubio, cet accord permettrait aux Ukrainiens de "rembourser", en partie, les Etats-Unis pour l'aide fournie à l'Ukraine afin de financer la guerre contre la Russie.
Par ailleurs, le sénateur Lindsay Graham a pris ses distances avec le secrétaire d'Etat à la Défense en déclarant que le Sénat américain soutenait fermement le rôle et l'adhésion des États-Unis à l'OTAN, malgré les déclarations bien moins engagées de Pete Hegseth, qui a déclaré que la sécurité européenne n'était plus une priorité essentielle pour les États-Unis.
"Le Sénat américain est fermement dans le camp de l'OTAN", a martelé M. Graham. et de rappeler qu'il "existe un mouvement isolationniste au sein du parti républicain, mais nous y sommes confrontés depuis la création de l'OTAN. Nous avons plus que jamais besoin de l'OTAN. Poutine n'envahirait pas un pays membre de l'OTAN parce qu'il sait que les conséquences seraient trop graves."
Il a déclaré que l'Occident serait "stupide" s'il n'augmentait pas de manière substantielle la fourniture d'armes à Kyiv, soulignant les possibilités de conclure des accords avec les fabricants d'armes dans son État d'origine.
"Si nous n'armons pas l'Ukraine de la manière la plus complète possible, nous devrions avoir honte. Ils ont besoin de plus de F16, pas moins, et ils les fabriquent en Caroline du Sud. Nous serions stupides de ne pas armer l'armée ukrainienne de la manière la plus létale possible, en guise de dissuasion."
Le sénateur républicain a aussi souligné que des "leçons avaient été tirées" de l'incapacité des gouvernements occidentaux successifs à réagir avec force à l'invasion initiale de l'Ukraine par M. Poutine en 2014, de peur de le "provoquer" davantage.
"Nous nous sommes trompés en 2014. Nous aurions dû intégrer nos économies à l'Ukraine pour leur donner de l'espoir, mais nous ne l'avons pas fait parce que nous voulions provoquer Poutine."
"Nous aurions dû renforcer l'armée ukrainienne pour qu'il soit plus difficile de l'envahir, mais nous ne l'avons pas fait parce que nous voulions provoquer Poutine."
"Et nous ne lui avons jamais dit ce qui se passerait s'il recommençait parce que nous ne voulions pas avoir à provoquer Poutine."