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Des troupes belges ont-elles été déployées en RDC ?

Un manifestant pro-Congo tient une pancarte sur laquelle on peut lire "Le Congo n'est pas à vendre" devant le bâtiment du Conseil européen à Bruxelles, le 17 mars 2025.
Un manifestant pro-Congo tient une pancarte sur laquelle on peut lire "Le Congo n'est pas à vendre" devant le bâtiment du Conseil européen à Bruxelles, le 17 mars 2025. Tous droits réservés  Virginia Mayo/Copyright 2025 The AP. All rights reserved.
Tous droits réservés Virginia Mayo/Copyright 2025 The AP. All rights reserved.
Par James Thomas
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La Belgique a démenti les affirmations selon lesquelles elle aurait envoyé des troupes pour combattre les rebelles dans l'est de la République démocratique du Congo, dans le cadre d'une querelle diplomatique entre la Belgique et le Rwanda.

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Des articles de presse et des messages sur les réseaux sociaux ont circulé en ligne affirmant que la Belgique a déployé des troupes à l'est de la République démocratique du Congo (RDC) pour lutter contre les rebelles dans la région.

Ils affirment qu'entre 300 et 400 commandos belges devraient combattre les rebelles du M23 aux côtés de l'armée congolaise et des milices, et que la Belgique et l'UE en général soutiennent la RDC au détriment du Rwanda.

La Belgique a toutefois fermement démenti ces affirmations et a accusé le Rwanda d'organiser une campagne de désinformation à son encontre, dans un contexte de tensions croissantes entre Bruxelles et Kigali, qui ont conduit à la rupture des liens diplomatiques.

Le Rwanda reproche à la Belgique d'avoir pris parti contre lui dans le conflit en cours dans l'est de la RDC, qui connaît des violences depuis le génocide rwandais de 1994, il y a plus de trente ans.

Le vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères de la Belgique, Maxime Prévot, a déclaré que ces affirmations en ligne étaient des "fake news grotesques".

"Un contingent belge de 6 ( !) soldats est effectivement présent à Kindu pour la mise en œuvre du soutien européen en matériel non létal à l'armée congolaise", a-t-il déclaré dans un message publié le 26 mars sur X. "Il n'y a donc AUCUN déploiement pour participer à quelque opération que ce soit, et la Belgique n'en a aucunement l'intention !"

"Pour le reste, tout dans ce tweet sonne faux, car il cherche manifestement à semer le trouble et à faire monter la tension", a ajouté le vice-premier ministre.

Son message a été publié le jour même où il a déclaré au Parlement belge que ces affirmations avaient été faites dans le cadre d'une campagne de désinformation menée par le Rwanda et des "acteurs sympathisants de la cause rwandaise".

Il a déclaré que cette campagne visait à "saper l'image de la Belgique, à exacerber les tensions et à légitimer un certain interventionnisme".

Des contre-réclamations ont ensuite été mises en ligne, affirmant que huit soldats belges étaient morts au combat et que de nombreux vols militaires avaient eu lieu entre des villes belges et congolaises.

Mais la Belgique a publié ses propres contre-affirmations : contacté par EuroVerify, le ministère de la défense a renvoyé à un communiqué de presse qu'il a publié à la fin du mois de mars.

Ce communiqué indique qu'une dizaine de soldats belges se trouvent à Kindu dans le cadre du projet de la Facilité européenne de paix de l'UE.

"Cette initiative vise à renforcer la capacité de l'UE à prévenir les conflits, à consolider et à préserver la paix, et à améliorer la sécurité et la stabilité internationales", indique le communiqué de presse. "Le partenaire bénéficiaire de ce projet est la RDC, avec un financement de 20 millions d'euros de la part de l'UE."

"La Belgique est engagée dans ce projet EPF à Kindu jusqu'en décembre 2027 au plus tard", poursuit le communiqué.

Plus précisément, le rôle de la Belgique dans cette initiative comprend deux parties, selon le ministère de la Défense : l'achat d'équipements, y compris des équipements de génie pour la 31e brigade d'unités de réaction rapide, et des travaux d'infrastructure au camp Lwama à Kindu, qui abrite la même brigade.

Elle ajoute que des Falcon 7X ont volé entre la Belgique et la RDC, mais dans le cadre de missions distinctes qui n'ont rien à voir avec un nouveau déploiement militaire.

"Il est également important de rappeler qu'un Falcon 7X a une capacité maximale de 14 personnes et que tout déploiement de militaires belges dans le cadre d'une opération doit être préalablement approuvé par le gouvernement", précise le ministère de la Défense.

Ce n'est pas la première fois que le gouvernement rwandais est accusé d'avoir lancé une vaste campagne de désinformation pour parvenir à ses fins.

En juin 2024, le Media Forensics Hub de l'université de Clemson, en Caroline du Sud, a publié une étude selon laquelle le gouvernement du président Paul Kagame utilisait l'intelligence artificielle pour générer et diffuser de la propagande politique pendant la campagne présidentielle.

Selon cette étude, des centaines de comptes X ont partagé des centaines de milliers de messages utilisant l'intelligence artificielle pour diffuser différents récits de propagande, dont la plupart étaient centrés sur le conflit en RDC.

Le ministère des affaires étrangères du Rwanda n'a pas répondu à notre demande de commentaire, tandis que le ministère des affaires étrangères de la RDC n'a pas pu être joint.

L'effritement des relations entre la Belgique et le Rwanda

Le Rwanda a rompu ses relations diplomatiques avec la Belgique à la mi-mars en raison du conflit en RDC, ordonnant à tous les diplomates belges de quitter le pays dans les 48 heures.

Il a déclaré que cette mesure protégerait ses intérêts nationaux parce que la Belgique avait "clairement pris parti dans un conflit régional et continuait à se mobiliser systématiquement contre le Rwanda dans différents forums".

Kigali a accusé Bruxelles de "tentatives pitoyables d'entretenir ses illusions néocoloniales", soulignant le "rôle historique profond et violent" de la Belgique dans les violences en RDC.

La Belgique a réagi en supprimant tous les accords de coopération gouvernementale entre les deux pays.

Elle a déclaré qu'elle réfutait les déclarations faites par le Rwanda pour justifier sa décision.

"La Belgique ne cherche pas à punir ou à affaiblir le Rwanda, encore moins sur la base d'un passé colonial dont elle s'est distanciée depuis longtemps", a déclaré le ministère des Affaires étrangères. "Il s'agit d'une déformation complète des faits."

Kigali a été critiqué par certains pays, dont la Belgique, pour son soutien aux rebelles du M23, qui se sont emparés ces derniers mois de Goma et de Bukavu, les deux plus grandes villes de l'est de la RDC.

Le M23 est l'un des quelque 100 groupes armés qui se disputent le contrôle de cette région riche en minerais et proche de la frontière rwandaise.

Les combattants du groupe affirment qu'ils protègent les droits de l'ethnie tutsie de la région, mais la RDC a accusé le Rwanda de soutenir les rebelles dans le but de contrôler les terres de la région, tandis que la Belgique l'a accusé de porter atteinte à l'intégrité territoriale de la RDC.

La rupture des liens diplomatiques entre les deux pays intervient alors que l'Union européenne a imposé des sanctions à cinq Rwandais liés à la violence en RDC.

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