En donnant à Washington un accès à des minerais essentiels et à d'autres ressources naturelles, Kyiv espère s'assurer le soutien à long terme des États-Unis dans sa lutte contre l'invasion russe.
Le Parlement ukrainien a voté jeudi à l'unanimité en faveur d'un accord historique sur les minéraux avec les États-Unis.
La totalité des 338 députés ont approuvé l'accord, bien au-delà des 226 voix requises, a écrit le législateur ukrainien Yaroslav Zheleznyak sur son compte Telegram.
L'accord prévoit la création d'un fonds d'investissement commun entre Kyiv et Washington pour l'exploitation des minerais rares et d'autres ressources naturelles de l'Ukraine.
Kyiv espère que ce partenariat lui assurera un soutien américain à long terme face à l'invasion russe.
Des négociations de longue haleine entre Washington et Kyiv
L'accord a été conclu après des mois de négociations tendues entre l'Ukraine et les États-Unis.
Les responsables ukrainiens affirment que l'accord final signé le 1er mai est bien plus avantageux pour l'Ukraine que les versions précédentes, qui, selon eux, auraient réduit Kyiv au statut de partenaire passif tout en donnant à Washington des droits sans précédent sur les ressources du pays.
Un autre accord a failli être signé au début de l'année, mais il a déraillé après un échange tendu dans le bureau ovale entre le président américain Donald Trump, le vice-président J. D. Vance et le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
"Nous avons formé une version de l'accord qui offre des conditions mutuellement bénéfiques pour les deux pays", affirme la ministre ukrainienne de l'Économie, Ioulia Svyrydenko, dans un message publié sur Facebook la semaine dernière.
"Il s'agit d'un accord dans lequel les États-Unis soulignent leur engagement à promouvoir une paix à long terme en Ukraine et reconnaissent la contribution que l'Ukraine a apportée à la sécurité mondiale en renonçant à son arsenal nucléaire", poursuit-elle.
Washington s'engage pour une "Ukraine libre et souveraine"
Avant la signature de l'accord au début du mois, le département d'État américain avait fait l'éloge de ce nouveau partenariat, déclarant que "les États-Unis sont les amis de l'Ukraine".
"L'accord sur les minéraux vise à garantir des partenariats économiques durables avec l'Ukraine", a déclaré Mignon Houston, porte-parole adjointe du département d'État, lors d'une interview accordée à Euronews. "Nous voulons que ce partenariat soit fondé sur la sécurité, sur la paix et sur la création de conditions permettant au peuple ukrainien d'avoir l'avenir qu'il mérite".
L'Ukraine considère quant à elle cet accord comme un moyen d'assurer le maintien de l'aide militaire des États-Unis, qui a été essentielle dans sa lutte contre l'invasion russe depuis plus de trois ans.
"Cet accord signale clairement à la Russie que l'administration Trump s'engage en faveur d'un processus de paix centré sur une Ukraine libre, souveraine et prospère à long terme", affirme le secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent, qui a signé l'accord pour les États-Unis.
Que comprend l'accord ?
Selon un texte publié par le gouvernement ukrainien, l'accord porte sur les minéraux, notamment les terres rares, mais aussi sur d'autres ressources précieuses, dont le pétrole et le gaz naturel.
Il n'inclut cependant pas les projets qui sont déjà une source de revenus pour l'État ukrainien.
Les bénéfices réalisés dans le cadre de l'accord dépendront du succès des nouveaux investissements. Les responsables ukrainiens ont également fait remarquer que l'accord ne fait référence à aucune obligation de dette pour Kyiv, ce qui signifie que les bénéfices du fonds ne serviront probablement pas à rembourser les États-Unis pour leur soutien antérieur.
Le partenariat stipule par ailleurs que l'Ukraine reste pleinement propriétaire des ressources et que Kyiv déterminera ce qui peut être extrait et où.
Le texte de l'accord énumère 55 minéraux - dont le titane, le lithium et l'uranium -, mais précise que d'autres pourraient être ajoutés à l'avenir.
Comment fonctionnera le fonds d'investissement ?
L'accord établit également un fonds d'investissement pour la reconstruction. Selon Ioulia Svyrydenko, les États-Unis et l'Ukraine auront un droit de regard égal sur sa gestion.
Le fonds sera soutenu par le gouvernement américain par l'intermédiaire de l'agence International Development Finance Corporation, dont l'Ukraine espère qu'elle attirera les investissements et les technologies des pays américains et européens.
Kyiv devra verser au fonds 50 % de tous les bénéfices futurs provenant des ressources naturelles détenues par le gouvernement. Les États-Unis contribueront sous la forme de fonds directs et d'équipements, notamment des systèmes de défense aérienne et d'autres formes d'aide militaire dont le pays a grand besoin.
Les contributions au fonds seront réinvesties dans des projets liés à l'exploitation minière, au pétrole et au gaz, ainsi qu'aux infrastructures.
Aucun bénéfice ne sera prélevé sur le fonds au cours des dix premières années, précise la ministre ukrainienne de l'Économie.
Les représentants de l'administration Trump avaient initialement proposé un accord selon lequel Washington aurait reçu 500 milliards de dollars (442 milliards d'euros) de bénéfices provenant de l'exploitation des minerais en guise de compensation pour son soutien militaire.
Mais Volodymyr Zelensky a rejeté l'offre, déclarant qu'il ne signerait pas un accord "qui serait payé par 10 générations d'Ukrainiens".