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Chypre : une partition inexorable ?

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Par Valérie Gauriat
Publié le Mis à jour
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Des discussions informelles ont eu lieu au printemps sous l’égide de l’ONU, dans l’espoir de relancer les négociations de réunification entre la République de Chypre dirigée par les Chypriotes grecs, au sud, et l’entité séparatiste chypriote turque, au nord.

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Notre reporter Valérie Gauriat s’est rendue à Chypre pour recueillir la perception de jeunes Chypriotes des deux communautés sur la partition, et leur avenir à Chypre.

« Ma génération abandonne le jeu des accusations. Nous avons vu ce qu’il ne fallait pas faire », martèle Berk Tansel, Chypriote turc de 28 ans. « Nous devons nous considérer comme faisant partie intégrante de ce que nous sommes, que cela nous plaise ou non », renchérit Christiana, Chypriote grecque de 22 ans. Leur amitié est née d'un engagement commun en faveur de la réunification.

Chypre est divisée depuis 1974, lorsqu'un coup d'État soutenu par la Grèce a déclenché une intervention militaire turque.

S’ensuivit une scission entre la République de Chypre, sous contrôle chypriote grec, reconnue internationalement, et la « République turque de Chypre du Nord », autoproclamée et reconnue uniquement par la Turquie.

La République de Chypre fait partie de l'Union européenne, mais le droit européen ne s'applique pas dans l'entité séparatiste du nord, qui reste sous forte présence militaire turque.

Berk et Christiana franchissent régulièrement les points de contrôle séparant les deux communautés.

« J'ai grandi dans les zones occupées de la République de Chypre », explique Berk. « J'ai pu constater ce que signifie être citoyen européen, sans pour autant vivre dans l'UE où l'acquis communautaire est appliqué.  Vos droits sont suspendus, la corruption règne.  Et cet endroit, étant un trou noir juridique international, favorise la mafia, le trafic d'êtres humains et le trafic sexuel.

La « seule issue », insiste Berk, « est le cadre convenu par l'ONU, une fédération bizonale et bicommunautaire, où l'acquis communautaire serait appliqué sur toute l'île.»

Christiana croit davantage à l'action citoyenne qu'à la politique formelle.

« Nous avons des récits qui façonnent l'identité des Chypriotes grecs et turcs, dans notre éducation et notre vie quotidienne. Il y a une construction de l'« autre » que l'on ne rencontre jamais vraiment. » Étudiante en sociologie, elle plaide pour « davantage d'espaces communs, une plus grande exposition à ce que nous considérons comme « l'autre », afin que cela ne constitue plus une menace. Cela n'est pas encouragé à grande échelle », soupire Christiana. « Si nous continuons comme nous le faisons actuellement, avec l'idée d'une Fédération occupant une grande part place du discours politique, mais sans action concrète en ce sens, rien ne changera », prévient-elle. 

Les perspectives d’une réouverture des négociations, au point mort depuis 2017, « ne sont pas prometteuses », juge Hubert Faustmann, professeur de sciences politiques à l'Université de Nicosie et directeur du bureau chypriote de la Fondation Friedrich-Ebert.

« Les Chypriotes turcs et la Turquie insistent sur la reconnaissance d'une souveraineté égale, voire de la République turque séparatiste de Chypre du Nord, comme condition préalable aux négociations. La partie chypriote grecque et la communauté internationale ne l'accepteront jamais. »

Quant au rôle de l'Union européenne, le politologue est sceptique.

« La République de Chypre, dominée par les Chypriotes grecs, ayant rejoint l'Union européenne, la Turquie et les Chypriotes turcs rejettent un rôle actif de l'UE », explique-t-il, reconnaissant que le problème chypriote « est devenu un problème européen ». « Une partie du territoire européen est, juridiquement parlant, occupée par la Turquie. Un différend non résolu oppose l'Union européenne à la Turquie, et de nombreux États membres n'ont aucun intérêt à une confrontation avec elle. La politique grecque, elle est d’utiliser l'adhésion à l'UE contre la Turquie pour obtenir des concessions sur la question chypriote. », constate Hubert Faustmann. Et de conclure : « Il s'agit d'un conflit stable. Il s'agit davantage de gestion de conflit que de résolution de conflit. Je crains que le statu quo ne perdure encore longtemps, et que cette île ne dérive lentement vers une partition définitive. »

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