La lettre du président américain Donald Trump avertissant l'UE que des droits de douane de 30 % s'appliqueront à partir du 1er août si aucun accord n'est conclu a fait monter la pression sur les négociations commerciales.
Les ministres européens du Commerce se réunissent ce lundi 14 juillet à Bruxelles, alors que les tensions s’accentuent avec les États-Unis. Cette réunion du Conseil des affaires étrangères, consacrée notamment aux relations commerciales avec les États-Unis et la Chine, intervient deux jours après l’annonce par Donald Trump de l’entrée en vigueur, au 1er août, de droits de douane de 30 % sur les produits européens.
Dans un message publié samedi sur sa plateforme Truth Social, le président américain a également mentionné des mesures similaires à l’égard du Mexique, faisant craindre de sérieux bouleversements dans les relations commerciales entre Washington et deux de ses principaux partenaires.
Face à cette annonce, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a rapidement réagi. Elle a réaffirmé l’engagement de l’Union européenne en faveur d’un dialogue constructif et d’un partenariat transatlantique stable. "Nous avons toujours été clairs sur notre préférence pour une solution négociée. Cela reste notre position, et nous mettrons à profit le temps qui nous reste jusqu’au 1er août", a-t-elle déclaré dimanche en conférence de presse. Elle a ajouté que l’UE s’était préparée à cette éventualité et qu’elle disposait de contre-mesures si nécessaire.
Dans un geste d’apaisement, la cheffe de l'exécutif bruxellois a également annoncé que l’UE suspendrait les droits de douane de rétorsion prévus pour entrer en vigueur lundi, dans l’espoir de parvenir à un accord d’ici la fin du mois.
Un appel à la désescalade côté européen
Le chancelier allemand, Friedrich Merz, s’est voulu optimiste. Dimanche, sur la chaîne ARD, il a indiqué s’être entretenu vendredi avec Ursula von der Leyen, Emmanuel Macron et Donald Trump. Selon lui, tous ont convenu de chercher un terrain d’entente dans les deux semaines à venir. Les négociations, a-t-il précisé, sont à un stade "avancé". Il a rappelé que d’autres pays ayant reçu des lettres similaires de la part de Trump – la Chine ou encore le Canada – avaient, pour la plupart, trouvé des compromis.
"Personne n’a besoin de nouvelles menaces ou provocations en ce moment", a abondé de son côté le ministre allemand des finances, Lars Klingbeil, dans un entretien au Süddeutsche Zeitung. "Ce dont nous avons besoin, c’est d’un dialogue sérieux et ciblé entre l’UE et les États-Unis".
Plusieurs autres dirigeants européens ont relayé ce message. Emmanuel Macron a souligné dans un communiqué publié sur X (ex-Twitter) que "l’unité européenne doit permettre à la Commission d’affirmer avec clarté la détermination de l’Union à défendre ses intérêts".
Giorgia Meloni met en garde contre une guerre commerciale transatlantique
À Rome, la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, a averti qu’"il serait absurde de déclencher une guerre commerciale entre les deux rives de l’Atlantique".
Le ministre danois des affaires étrangères, Lars Løkke Rasmussen, a qualifié l’approche de Donald Trump d'"inutile et à courte vue", dans une interview au radiodiffuseur public DR. Le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, a lui aussi mis en garde contre une escalade, déclarant sur SVT que "tout le monde est perdant dans un conflit commercial de grande ampleur", et que "les consommateurs américains en paieraient le prix fort".
Le Premier ministre néerlandais sortant, Dick Schoof, s’est dit préoccupé par cette annonce, qui selon lui "ne va pas dans le sens de l’avenir", tandis que son homologue irlandais, Micheál Martin, a dénoncé une mesure "ni durable ni tenable". Il a néanmoins rappelé que l’Union européenne disposait d’outils de réponse, tout en précisant qu’"elle ne souhaite pas avoir à les utiliser", privilégiant une solution par la négociation.