Incarcéré depuis près de 40 ans pour complicité dans l'assassinat de deux diplomates américain et israélien, celui qui se considère comme un prisonnier politique va pouvoir retourner au Liban.
Georges Ibrahim Abdallah est bientôt un homme libre. Après près de 40 passés dans les prisons françaises, le Libanais et militant propalestinien va être remis en liberté le vendredi 25 juillet prochain, a indiqué la cour d'appel de Paris au cours d'une audience-non public, ce jeudi 17 juillet.
Il est considéré comme le "plus vieux détenu de France" par ses soutiens. Incarcéré en 1987 pour complicité d'assassinats de diplomates états-unien et israélien, Georges Ibrahim Abdallah, 74 ans, est libérable depuis 25 ans. Mais au fil des années, l'ancien chef d'un groupuscule de chrétiens libanais marxistes pro-palestinien a vu l'ensemble de ses demandes de remise en liberté échouer.
La cour d'appel de Paris a précisé que cette décision a été prise "sous condition de quitter le territoire national et n'y plus paraître". Si le parquet général peut encore se pourvoir en cassation, une telle décision ne serait pas suspensive. Georges Ibrahim Abdallah pourrait donc rentrer au Liban, qui réclame sa libération depuis plusieurs années.
Pour le moment, aucun détail sur sa libération n'a été communiqué. Incarcéré à la prison de Lannemezan, dans les Hautes-Pyrénées, il pourrait être emmené de force à l'aéroport de Tarbes, où il prendrait la direction de Roissy avant de rejoindre Beyrouth, qui a indiqué prendre en charge son rapatriement.
"Un scandale politique"
"C'est à la fois une victoire judiciaire et un scandale politique qu'il ne soit pas sorti plus tôt, à cause du comportement des États-Unis et de tous les présidents français" successifs, a déclaré Me Jean-Louis Chalanset, son avocat.
Ce dernier dit craindre que Georges Ibrahim Abdallah soit "assassiné" par un drone israélien quand il sera de retour au Liban. "Mais il mourra libre à Beyrouth en tant que résistant", a-t-il assuré.
"Nous sommes très heureux de cette décision. Nous n'aurions jamais imaginé qu'il serait enfin libéré", s'est, de son côté, félicité Robert Abdallah, son frère. "Pour une fois, les autorités françaises se sont affranchies des pressions exercées par Israël et les États-Unis", a-t-il ajouté.
Une durée de détention "disproportionnée"
Georges Ibrahim Abdallah a toujours refusé de reconnaître son implication dans les assassinats des diplomates, les qualifiant d'"actes de résistance" contre "l'oppression israélienne et américaine", dans le contexte de la guerre civile libanaise et l'invasion israélienne dans le sud du pays, en 1978.
C'est notamment pour cette raison que Washington, qui s'est constituée partie civile, s'est toujours opposée à sa libération. La cour avait alors demandé au militant pro-palestinien de faire un "effort conséquent" pour indemniser les victimes. Ce qu'il a toujours refusé de faire, se considérant comme un prisonnier politique.
Mais lors de la dernière audience, le 19 juin dernier, durant laquelle la cour d'appel s'est prononcé en faveur d'une remise en liberté en raison de la durée "disproportionnée" de sa détention par rapport aux crimes commis, Me Jean-Louis Chalanset a indiqué que Georges Ibrahim Abdallah possède 16 000 euros sur son compte en prison. Des fonds à disposition des parties civiles.
Cette libération lui permettra ainsi de rentrer au Liban et de "finir ses jours" dans son village au nord du pays, a également indiqué la cour d'appel, précisant qu'il ne présentait plus de risque de trouble à l'ordre public.