L'Italie interdit bien le recours aux mères porteuses. Mais, en réalité, cette loi date de 2004. Cependant, en octobre dernier, le pays a étendu cette interdiction.
Ces dernières semaines, de nombreux posts, qui ont inondé les réseaux sociaux, affirment que l'Italie vient d'introduire une loi visant à interdire aux couples de même sexe d'avoir des enfants par l'intermédiaire d'une mère porteuse. Certains de ces messages ont atteint des millions de vues et des milliers de partages.
Des mots tels que"Breaking" ont été utilisés de nombreuses fois, suggérant que la mesure venait d'être introduite ; tandis que d'autres invitaient les internautes à s'exprimer en faveur de cette interdiction, suscitant une multitude de réponses anti-LGBTQ+.
Les messages partagent généralement des photos de la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, et des drapeaux arc-en-ciel LGBTQ+ sur lesquels sont posés une croix rouge ou un signe "interdit".
Cependant, aucun des messages ne fournit de plus amples informations ou des liens renvoyant vers des articles ou des annonces gouvernementales.
Une interdiction pour les couples homosexuels et hétérosexuels
L'Italie a effectivement interdit aux personnes de la communauté LGBTQ+ d'avoir recours aux mères porteuses sur le sol italien. Mais cette loi n'est pas si récente, car en vigueur depuis 2004.
Mais en octobre dernier, le pays a criminalisé les citoyens (article en anglais) se rendant à l'étranger pour avoir des enfants par ce biais. Des peines de prison pouvant aller jusqu'à deux ans et des amendes pouvant monter jusqu'à un million d'euros ont été adoptée pour tout Italien cherchant à avoir recours à une mère porteuse dans des pays tels que les États-Unis ou le Canada, où cette pratique est légale.
Selon les critiques, cette loi était discriminatoire pour les couples de même sexe, car cela fermait l'une des dernières voies viables pour eux de devenir parents.
Mais l'interdiction et son extension s'appliquent aussi bien aux couples hétérosexuels qu'aux couples homosexuels. Il est donc faux de dire qu'il s'agit d'une interdiction spécifique à l'encontre de la communauté LGBTQ+.
L'Italie, l'un des seuls pays de l'UE à interdire la pratique à l'étranger
Mais, en pratique, c'est bien le cas. Car les détracteurs de cette loi ont déclaré qu'elle visait de manière disproportionnée les couples de la communauté LGBTQ+, qui ne peuvent ni se marier, ni adopter d'enfants.
La loi italienne n'autorise généralement que les couples mariés à adopter. Et comme le pays n'autorise les couples homosexuels qu'à conclure des partenariats civils, ils sont donc exclus des procédures d'adoption.
Néanmoins, la Cour constitutionnelle italienne a statué en mai dernier (article en anglais) que deux femmes pouvaient s'inscrire comme parents sur le certificat de naissance d'un enfant, affirmant que les droits parentaux ne pouvaient être limités à la seule mère biologique.
La Cour a estimé qu'il était inconstitutionnel de priver les enfants nés de parents de même sexe de la reconnaissance à la fois de la mère biologique et de la femme qui a consenti à la grossesse médicalement assistée de sa partenaire et qui en assume les responsabilités parentales.
Les défenseurs des droits des personnes de la communauté LGBTQ+ ont salué cette décision comme un pas effectué dans la bonne direction. Mais, en fin de compte, elle n'a pas modifié les lois sur les mères porteuses, qui restent ainsi soumises à de fortes restrictions et qui excluent, notamment, les couples homosexuels masculins.
L'Italie est l'un des seuls pays de l'Union européenne à interdire le recours aux mères porteuses à l'étranger. Mais de nombreux autres pays, dont la France, l'Allemagne et l'Espagne, interdisent cette pratique dans leur propre pays. À l'inverse, elle est autorisée au Portugal, en Grèce et en Belgique.