Au fil des ans, cet édifice typique de l'architecture soviétique est devenu un symbole de la capitale polonaise, mais son origine tout comme son apparence imposante continuent de diviser les Polonais.
Avant d'être détrôné en 2022 par le complexe Varso, le Palais de la Culture et de la Science (PKiN) de Varsovie était le plus haut monument de Pologne. Cadeau imposé par Staline à la capitale polonaise au début de la guerre froide, ce bâtiment de style réaliste socialiste fête mardi ses 70 ans.
Euronews a rencontré Dorota Zmarzlak, la vice-présidente du conseil d'administration du palais, dans la salle Roudnev, du nom de l'architecte soviétique qui a conçu l'édifice, Lev Roudnev.
Il s'agit d'une salle de conférence dont le mobilier original des années 1950 est toujours utilisé. Chaque pièce du bâtiment porte le nom d'une personne célèbre.
Un "cadeau indésirable de Staline" à Varsovie
La construction du Palais de la Culture et de la Science a commencé en mai 1952 et s'est terminée le 22 juillet 1955, soit un temps relativement court par rapport aux normes actuelles. L'édifice a été inauguré le 21 août 1955.
Comme le souligne la vice-présidente du conseil d'administration, le PKiN est un bâtiment très fonctionnel.
"Nous pouvons vraiment apprécier le génie des concepteurs soviétiques et la persistance de la partie polonaise, parce que c'est la partie polonaise qui a donné ces fonctionnalités et qui a un peu insisté avec la partie soviétique", déclare Dorota Zmarzlak lors d'un entretien avec Euronews.
"Il s'agit d'un cadeau indésirable de Staline, mais néanmoins très réussi à long terme, car c'est un bâtiment très fonctionnel, qui est toujours utilisé pour les fonctions pour lesquelles il a été conçu".
Une vue imprenable sur la ville depuis la terrasse d'observation
Le Palais de la Culture et de la Science compte 3288 pièces réparties sur 46 étages, dont deux souterrains.
"Nous avons un dicton qui dit que si quelqu'un naît au palais et passe une journée dans chaque pièce, il le quittera à l'âge de neuf ans", s'amuse Dorota Zmarzlak.
Il faut environ 19 secondes à l'ascenseur pour atteindre le 30e étage, situé à 114 mètres de hauteur, où se trouve une terrasse d'observation qui offre une vue imprenable sur la capitale polonaise. Comme en témoignent les cadenas accrochés aux grilles, les couples sont nombreux à venir apprécier le panorama.
"La salle gothique, qui se trouve au milieu de la terrasse panoramique, est une pièce où ont parfois lieu des fiançailles ou des mariages. C'est une belle salle de couleur pourpre, qui convient parfaitement aux déclarations d'amour", explique Dorota Zmarzlak en souriant.
Enfin, au 42e étage du palais se trouve une horloge qui ne faisait pas partie du palais à l'origine. "Elle a été ajoutée en l'an 2000, c'est pourquoi on l'appelle parfois l'horloge du millénaire", indique notre hôte.
"Pour moi, le palais est un peu comme l'Empire State Building de Varsovie, ou la tour Eiffel, ou la tour de la télévision allemande", déclare Dorota Zmarzlak. "C'est vraiment une icône de la ville, qui fait désormais partie intégrante de l'horizon de Varsovie".
Concert des Rolling Stones en 1967
Le gigantesque édifice stalinien abrite trois théâtres municipaux, un théâtre privé, un cinéma, le Palais de la jeunesse, la grande Maison de la culture de Varsovie, le siège de l'Académie polonaise des sciences, deux musées, ainsi que plusieurs salles d'exposition.
L'un des événements les plus mémorables de l'histoire du bâtiment est le célèbre concert des Rolling Stones, le 13 avril 1967, la première prestation d'un groupe de rock occidental au-delà du rideau de fer.
"Ce concert a eu lieu ici un peu par hasard, car les Rolling Stones devaient se rendre en Union soviétique, mais pour diverses raisons, cela n'a pas fonctionné. C'est pourquoi deux petits concerts ont été organisés ici", raconte Dorota Zmarzlak.
"L'intérêt était énorme. Les gens ont pris d'assaut les portes du palais, si bien que la police a dû intervenir. La légende raconte que Mick Jagger a pris sa voiture, s'est promené dans Varsovie et a donné ses disques, comme pour se faire pardonner de ne pas pouvoir donner plus de concerts".