Au cours des 25 derniers mois, quatre seulement n'ont pas vu la température moyenne dépasser de 1,5 °C les niveaux préindustriels. Cela signifie-t-il que l'accord de Paris sur le climat a échoué ?
Le mois de juillet 2025 a été le troisième le plus chaud jamais enregistré au niveau mondial, selon le dernier bulletin climatique du service climatologique de l'Union européenne, Copernicus.
En Europe, la température moyenne de juillet 2025 était légèrement supérieure à 21 °C, soit 1,30 °C de plus que pour la même période entre les années 1991 à 2020.
"Il y a eu des contrastes régionaux, comme c'est souvent le cas en Europe", a déclaré à Euronews Julien Nicolas, scientifique principal chez Copernicus. Le mois a commencé par des températures extrêmement élevées dans la plupart des pays d'Europe, en particulier dans la partie occidentale. "Au fil du mois, les températures se sont rafraîchies et les conditions sont devenues plus humides dans l'ouest et le centre de l'Europe."
Les anomalies qui ont marqué le mois de juillet sont les températures nettement supérieures à la moyenne enregistrées en Scandinavie, où les températures ont atteint 30°C pendant plusieurs semaines. "C'est très important et ce n'est pas le type de temps que l'on s'attend à voir persister à ces latitudes." En Turquie, la température a atteint 50°C.
Tendance au réchauffement à long terme
L'une des principales conclusions du rapport indique qu'à l'échelle mondiale, le mois de juillet 2025 a été supérieur de 1,25 °C à la moyenne estimée pour la période 1850-1900, utilisée pour définir le niveau préindustriel. Au cours de 21 des 25 derniers mois, la température moyenne de la planète a été supérieure de 1,5 °C ou plus à ce niveau.
On peut donc se poser la question suivante : Cela signifie-t-il que l'accord historique de Paris, ratifié par tous les États membres de l'UE et visant à limiter l'augmentation de la température moyenne à long terme à 1,5 °C au-dessus du niveau préindustriel, a échoué ?
"C'est une question qui fait débat en ce moment", a déclaré Nicolas. "Je pense qu'il faut se rappeler que l'accord de Paris fait référence à une température moyenne à long terme de 1,5 °C qui ne devrait pas être dépassée pour éviter les conséquences les plus catastrophiques et irréversibles du changement climatique. Ce que nous avons vu ces deux dernières années sont des dépassements temporaires de cette limite."
Il a expliqué qu'en règle générale, la moyenne à long terme n'est considérée comme dépassée que lorsque le niveau a été dépassé sur une moyenne de 20 ans, durée considérée comme apte à caractériser le climat et à atténuer les fluctuations naturelles de la température mondiale.
"Une fois que nous aurons atteint cette moyenne de 20 ans d'augmentation des températures mondiales au-delà de 1,5 °C, nous pourrons considérer que nous avons dépassé la limite fixée par l'accord de Paris", a ajouté M. Nicolas.
Les prévisions récentes des modèles montrent que cette limite pourrait être atteinte dès 2030. "C'est dans quelques années. Mais nous ne l'avons pas encore atteinte."
Les scientifiques de Copernicus ont noté que la récente série de records de température mondiale est terminée - pour l'instant. Il y aura des périodes de "refroidissement", comme en juillet 2025, où la température moyenne de la planète n'était "que" de 1,25 °C supérieure à la moyenne estimée pour la période 1850-1900. Cela est dû aux fluctuations naturelles du climat.
"Mais cela vient s'ajouter à la tendance au réchauffement à long terme qui est directement liée à l'accumulation de gaz à effet de serre dans l'atmosphère." En d'autres termes, le changement climatique ne s'est pas arrêté.
Des effets catastrophiques
À cet égard, les climatologues soulignent régulièrement les effets d'un monde qui se réchauffe et dont on est témoin aux quatre coins de l'Europe. En juillet, des inondations soudaines et meurtrières ont frappé certaines régions de Roumanie, tandis qu'une vague de chaleur extrême a fait des victimes sur les plages italiennes.
"Il ne faut pas oublier que ces phénomènes climatiques extrêmes n'ont pas commencé il y a deux ans ; nous les voyons se produire depuis de nombreuses années", a déclaré Nicolas. "Nous avons vu les conséquences du changement climatique. Cela comprend également la fonte des glaciers et l'élévation du niveau de la mer. Mais le fait que les températures moyennes mondiales aient atteint des niveaux record rend ces phénomènes climatiques extrêmes plus probables."
Il a souligné que cette tendance au réchauffement à long terme et ses implications catastrophiques ne s'arrêteront pas de sitôt, tant que les gaz à effet de serre continueront à s'accumuler dans l'atmosphère.
C'est pourquoi les climatologues continuent de réclamer des mesures pour contrer cette tendance. "Nous constatons qu'il est urgent de poursuivre les actions en faveur du climat afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre à l'échelle mondiale. Et il est clair que c'est quelque chose qui ne doit pas s'arrêter", a déclaré M. Nicolas.
Et ce, même si la limite de 1,5°C fixée par l'Accord de Paris sur le climat est dépassée. "Nous devons continuer à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, car comme nous le disons souvent, chaque fraction de degré compte."
C'est dans ce contexte que plusieurs organisations de la société civile et le monde universitaire ont exprimé leur inquiétude et leur opposition à la proposition de la Commission européenne d'autoriser les compensations carbone internationales pour aider à atteindre les objectifs climatiques de l'UE pour 2040.
Cette décision a suscité des inquiétudes quant à l'externalisation des actions de réduction des émissions, ce qui, selon les critiques, affaiblit les ambitions en matière de climat.