Ancienne commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, exhorte l'UE à rester ferme sur ses règles numériques, alors que les États-Unis font pression pour une application plus souple en échange d'un allègement des droits de douane.
Margrethe Vestager, ancienne commissaire européenne à la Concurrence, estime que l'Europe doit rester ferme sur ses règles numériques, alors que les États-Unis font pression pour un assouplissement en échange d'un allègement tarifaire.
Des fonctionnaires européens et leurs homologues américains se sont rencontrés lundi à Bruxelles pour la première fois depuis que l'UE a accepté un accord imposant des droits de douane de 15 % sur les exportations européennes aux États-Unis et s'engageant à y acheter de l'énergie, des armes et à y faire d'importants investissements.
Tenir les "promesses" faites aux Européens
L'administration Trump fait maintenant pression pour une mise en œuvre plus souple des règles numériques de l'UE pour les grandes entreprises technologiques en échange d'un allègement dans des secteurs clés tels que l'acier et l'aluminium, actuellement soumis à des droits de douane de 50 %.
Margrethe Vestager exhorte cependant l'UE à s'en tenir à sa législation historique, à savoir la loi sur les marchés numériques (DMA) et la loi sur les services numériques (DSA), approuvées au cours de son mandat.
"Des promesses ont été faites aux Européens sur la sécurité d'utilisation des services numériques", a-t-elle déclaré lors d'un entretien accordé à Euronews.
Commissaire européenne de 2014 à 2024, Margrethe Vestager a acquis une renommée internationale en s'attaquant aux géants de la Big Tech, en émettant des amendes antitrust contre Google, Apple, Meta et Amazon - des décisions qui lui ont valu le surnom de "tax lady" de la part de Donald Trump.
Elle a également joué un rôle central dans l'entrée en vigueur de la DMA, la réglementation historique conçue pour contenir le pouvoir des plus grandes plateformes en ligne, et que certains à Washington ont considérée comme une attaque contre les intérêts économiques américains.
"Nous avons promis aux Européens que leurs services seraient sûrs pour leur santé mentale, pour la démocratie, et c'est bien sûr essentiel dans toute démocratie que nous respections les promesses faites", a déclaré Margrethe Vestager à Euronews.
La législation numérique n'a rien de discriminatoire, selon l'UE
Le commissaire au Commerce de l'UE, Maroš Šefčovič, et le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, ainsi que le représentant américain au Commerce, Jamieson Greer, se sont rencontrés lundi.
Howard Lutnick, qui est un proche allié du président Donald Trump et qui a négocié en son nom l'accord commercial avec l'UE cet été, appelle les Européens à réévaluer leurs politiques phares en matière de réglementation numérique s'ils veulent bénéficier d'un allègement tarifaire supplémentaire.
Il a déclaré que la manière dont elles sont appliquées devrait être "plus équilibrée" pour les entreprises technologiques américaines.
Bruxelles cherche actuellement à obtenir une réduction des droits de douane de 50 % que l'administration Trump a imposés sur l'aluminium et l'acier européens en juin, sous la pression de l'industrie.
Les États-Unis veulent que l'UE "trouve l'approche équilibrée qui fonctionne pour nous", a déclaré Howard Lutnick aux journalistes à Bruxelles. "Ensuite, nous nous occuperons avec eux des questions relatives à l'acier et à l'aluminium".
Les deux responsables américains ont également rencontré la commissaire européenne chargée de la Technologie, Henna Virkkunen. Celle-ci a souligné dans une déclaration l'importance de la DSA et de la DMA, laissant entendre que la Commission n'est pas prête à les assouplir pour le moment.
Pour contrer l'offensive américaine sur sa législation numérique, le commissaire européen au commerce, Maroš Šefčovič, a indiqué que l'UE s'efforçait d'expliquer sa législation aux États-Unis, tout en affirmant qu'aucune pratique discriminatoire n'était appliquée aux entreprises américaines.
Selon lui, les règles sont les mêmes pour tous ceux qui opèrent sur le marché unique de l'UE, quelle que soit leur origine.