Bitcoin : des Salvadoriens dans la rue pour protester contre son adoption comme monnaie légale

Bitcoin : des Salvadoriens dans la rue pour protester contre son adoption comme monnaie légale
Tous droits réservés Salvador Melendez/AP
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Par Euronews avec AFP
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Le Salvador est depuis mardi le premier pays au monde à faire du bitcoin une monnaie légale, à côté du dollar américain, une initiative critiquée par une partie de la population et par les organismes financiers internationaux.

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Le Salvador est depuis mardi le premier pays au monde à faire du bitcoin une monnaie légale, à côté du dollar américain, une initiative critiquée par les organismes financiers internationaux qui a débuté avec un crash du système informatique et une forte chute de la valeur de la cryptomonnaie, avant un léger rebond.

"Nous n'en voulons pas"

"@chivowallet ne fonctionne pas, nous l'avons déconnecté pendant que nous augmentons la capacité des serveurs", a écrit sur Twitter tôt mardi le populaire président Nayib Bukele, initiateur de la réforme monétaire en dépit d'une forte réticence au sein de la population.

Le gouvernement a acheté ses 400 premières pièces, pour une valeur marchande de 21 millions de dollars.

Il a également lancé le porte-monnaie électronique "Chivo" ("Super", en langage familier) nécessaire pour effectuer des transactions de la vie quotidienne en bitcoins avec son téléphone portable et offert 30 dollars de bienvenue lors de son téléchargement.

Pour le chef de l'Etat et son gouvernement, le bitcoin permettra notamment aux Salvadoriens d'économiser 400 millions de dollars de frais bancaires lors des envois d'argent par la diaspora, notamment installée aux Etats-Unis, qui représentent 22% du PIB du pays.

Mais selon de récents sondages, plus des deux-tiers des 6,5 millions de Salvadoriens disent vouloir continuer à utiliser exclusivement le dollar américain, la monnaie légale du Salvador depuis 20 ans.

"Nous n'en voulons pas", s'indigne Rosa Martha Perez, une paysanne de 68 ans. Venue manifester avec des centaines de personnes dans le centre de la capitale, elle ne voit pas comment elle va vendre ses fruits au marché en bitcoin. Les manifestants, sous étroite surveillance de policiers anti-émeutes, ont brûlé des pneus sur le parcours vers le Parlement.

"Je n'ai pas confiance, pour trois raisons. Un, parce que c'est une monnaie volatile. Deux, (le bitcoin) se prête au blanchiment d'argent. Trois, on peut devenir un narco-Etat", énumère Luis Mejillon, âgé de 28 ans.

En ce premier jour de la légalisation du bitcoin au Salvador, la forte chute de sa valeur n'encourageait pas il est vrai à la confiance : le bitcoin subissait mardi ses plus fortes pertes depuis son plongeon de mai, effaçant 5 000 dollars en quelques minutes. Vers 16h15 GMT la cryptomonnaie reculait de 9% à 47 225 dollars, effaçant une bonne partie de ses gains des dernières semaines, avant de rebondir légèrement.

"Frais très bas"

Cependant à El Zonte où la cryptomonnaie est utilisée dans la vie courante depuis 2019, Mike Peterson, un surfeur californien de 47 ans installé sur ces plages de la côte pacifique salvadorienne, défend le bitcoin. "Beaucoup de gens n'ont pas accès à des comptes bancaires (...) Maintenant ils peuvent faire des paiements en ligne, envoyer ou recevoir de l'argent avec des membres de leur famille et faire tout cela avec des frais très bas ou presque inexistants", dit-il à l'AFP.

"Le but c'est de pouvoir en mettre de côté et, à long terme, si le bitcoin monte, je vais y gagner", se réjouit Raul Martínez, un ouvrier de 51 ans.

Sur les réseaux sociaux, des partisans de la cryptomonnaie se vantaient d'avoir acheté des hamburgers ou des pizzas.

Des économistes, mais également la Banque Mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque interaméricaine de développement (BID) ont eux exprimé leur scepticisme.

Cette mesure aura "un impact négatif" sur les conditions de vie des Salvadoriens en raison de "la forte volatilité du taux de change" du bitcoin, et aura un impact "sur les prix des biens et services", selon son confrère de l'Université du Salvador Oscar Cabrera.

"Personne n'est obligé d'utiliser" le bitcoin

Le Parlement salvadorien a voté en juin la loi stipulant que la valeur du bitcoin "sera établie librement par le marché" et obligeant tout commerce à "accepter le bitcoin comme moyen de paiement".

Le gouvernement laisse cependant la possibilité lors d'une transaction avec le portefeuille électronique Chivo de convertir immédiatement le montant en son équivalent en dollars.

"Personne n'est obligé d'utiliser" le bitcoin, "le dollar est la monnaie de référence pour les prix, les salaires et les enregistrements comptables dans le pays", souligne le gouvernement qui a affecté 203 millions de dollars a un fonds destiné à garantir la convertibilité automatique du bitcoin en dollars américains.

Avant l'apparition d'une nouvelle monnaie dans leur portefeuille, les Salvadoriens se montraient réservés, "ne voyant pas en quoi elle aura un impact positif pour changer de manière significative leurs conditions de vie", a estimé la directrice des sondages de l'Université centraméricaine (UCA) Laura Andrade.

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Ils plébiscitent néanmoins à plus de 80% leur président de 40 ans, qui interagit énormément sur les réseaux sociaux et apparaît en toutes circonstances avec une casquette vissée à l'envers sur la tête.

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