En Allemagne, des maires négocient avec les activistes climatiques

Un policier travaille pour désengluer un activiste de la route à Berlin, Allemagne.
Un policier travaille pour désengluer un activiste de la route à Berlin, Allemagne. Tous droits réservés Tobias SCHWARZ / AFP
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Par Rosie FrostCornelia Trefflich
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Dans plusieurs villes du pays, les actions de blocage ont poussé les élus locaux à négocier avec les militants qui dénoncent l'inaction climatique.

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En Allemagne, plusieurs villes ont conclu des accords avec les défenseurs du climat pour éviter que les routes ne soient bloquées par des manifestations.

C'est par exemple le cas à Hanovre, où le maire Belit Onay a annoncé début mars qu'il soutenait certaines des demandes du groupe d'activistes Last Generation. Peu de temps après, les villes de Tübingen et de Marburg lui ont emboîté le pas.

Last Generation s'est fait connaître par les actions de ses membres qui se collent sur les routes afin de souligner la nécessité de prendre des mesures plus strictes contre le changement climatique.

"Depuis près d'un an, Last Generation organise des actions de désobéissance civile, principalement à Berlin", explique Theo Schnarr, membre du groupe. "Mais ces derniers mois, nous avons également étendu notre action à de nombreuses autres villes, dans toute l'Allemagne."

Des membres de Last Generation participent à une action de blocage à Mannheim, le 09.03.2023

Beaucoup de gens ne sont pas d'accord avec les méthodes de Last Generation mais selon Theo Schnarr, elles créent une sorte de "tension créative". Il ajoute que depuis qu'ils mènent des actions de désobéissance civile, ils ont toujours été ouverts à la négociation, même si leurs revendications diffèrent en fonction des niveaux de pouvoir auxquels ils s'adressent.

Qu'est-ce qui a été convenu ?

Le maire de Hanovre Belit Onay a écrit une lettre aux législateurs allemands et il l'a publiée sur son compte Instagram. Il y déclare soutenir la demande de limitation de vitesse sur les autoroutes et la mise en place d'un ticket de transport public à 9 euros à l'échelle nationale.

Le maire Belit Onay s'adresse aux législateurs sur les revendications de Last Generation.

Belit Onay ne souhaite pas que des assemblées de citoyens puissent légiférer sur l'action climatique - l'une des principales demandes de Last Generation. Toutefois, l'élu a déclaré que ces organes devraient être créés pour conseiller les responsables politiques.

"Céder au chantage" ?

Le maire de Hanovre a été critiqué pour son choix, certains estimant que cet accord relevait essentiellement du chantage. D'autres trouvent au contraire que sa lettre l'engage finalement à peu de choses. 

Theo Schnarr, lui, estime qu'il s'agit d'une lettre "_courageus_e", qui représente l'action collective nécessaire pour lutter contre le changement climatique. "Nous sommes déjà en contact avec de nombreux maires à ce sujet. Je pense que nous pouvons atteindre une sorte de point de basculement social" précise l'activiste.

Daniel Schaefer/dpa via AP
Des activistes de" Last Generation" se collent dans une rue à Dresde, en Allemagne, le 20.01.2023.Daniel Schaefer/dpa via AP

Pourquoi les maires concluent-ils des accords avec les défenseurs du climat ?

Le dernier maire en date à avoir conclu un accord avec les militants climatiques est Thomas Spies, à Marburg, où il y a eu dernièrement de nombreuses "campagnes de collage" de Last generation, "presque tous les jours la semaine dernière", a-t-il expliqué à Euronews.

"_Nous les avons appelés, nous les avons invités à parler de ce qu'ils veulent vraiment pour voir si nous pouvions trouver le moyen que les citoyens et nos bus puissent à nouveau rouler correctemen_t" raconte le maire.

Thomas Spies explique que Last Generation voulait qu'il demande au gouvernement fédéral et au parlement trois choses : un conseil de citoyens, des limitations de vitesse et le retour du ticket de transport public à 9 euros pour l'ensemble du pays.

"On ne peut pas faire ça, se coller à la route. Mais si je m'énerve, je n'avancerai pas d'un pouce. Si je parle aux gens et que je trouve une solution qui répond aux intérêts de la ville à tous égards, cela me semble être une voie raisonnable", déclare M. Spies.

Après avoir pris connaissance de la lettre de Hanovre et réalisé que ses objectifs en matière de climat étaient déjà étroitement liés à ceux du groupe de protestation, le maire a donc conclu un accord avec Last Generation. "La décision a été facile à prendre", conclut M. Spies.

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