Au cœur des actions commandos des militants européens pour le climat

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Par Hans von der Brelie
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Les militants européens pour le climat se radicalisent pour se faire entendre. Ils mènent des actions illégales, mais légitimes selon eux, vu l'urgence climatique. Reportage en Allemagne, Belgique et France au cœur de plusieurs actions commandos.

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Jeter de la soupe sur un Van Gogh, se coller les mains à la super-glue sur le bitume pour bloquer des routes ou s'introduire sur des sites industriels, les activistes du climat adoptent des tactiques de plus en plus radicales en Europe. Notre reporter Hans von der Brelie a suivi plusieurs de leurs actions en France, Belgique et Allemagne.

Extinction Rebellion, Lyon

Mon premier rendez-vous est avec la déclinaison française du groupe de défense du climat Extinction Rebellion qui dispose d'antennes dans 75 pays. Le lieu de rencontre est communiqué à la dernière minute. Une fois sur place, j'apprends que les militants prévoient de s'introduire dans une usine chimique de Lyon, Arkema. L'an dernier, des journalistes ont découvert que cette entreprise avait rejeté des produits chimiques nocifs dans les secteurs environnants.

Vigo, l'un des rares activistes qui accepte d'être filmé, dit qu'il est prêt à prendre des risques pour faire changer les choses. Le jeune homme est volontaire pour intégrer le groupe qui prendra le plus de risques ce jour-là. "Les conséquences, je n'en ai pas trop conscience, je sais que c'est dangereux, mais je suis prêt à les assumer," assure-t-il. "Si je me retrouve en garde à vue pendant 24h ou 48h, je me répéterai que j'ai accepté cela," dit-il, résigné. "Je déplore vraiment ce blocage, mais on défend des causes qui nous semblent justes parce qu'il y a des études derrière," assure-t-il avant de repousser l'image de révolutionnaires que certains attribuent aux activistes comme lui. "La démocratie, c'est quand même la base ; ce serait beaucoup moins vivable si l'on n'était pas en démocratie, mais le gouvernement actuel bloque la situation encore plus," dénonce-t-il.

Dernière Génération, Lützerath (Allemagne)

Je me rends ensuite à Lützerath où des militants pour le climat se sont rassemblés pour empêcher l'expansion d'une mine de charbon, l'une des plus grands sites d'extraction de lignite au monde.

Pour empêcher les camions d'accéder à la mine, les membres de Dernière Génération (Letzte Generation) bloquent une route en collant leurs mains à la super-glue sur le bitume.

J'interroge l'un d'entre eux, Joel, l'une des têtes pensantes de l'organisation, qui a déjà passé plusieurs semaines en prison pour avoir bloqué des routes. Il estime que les actions de son groupe sont en accord avec l'arrêt de la Cour constitutionnelle fédérale allemande qui a condamné le gouvernement pour inaction climatique en 2021.

Brandalism, Bruxelles

À Bruxelles, Tona et Gingko appartiennent au groupe Brandalism, une organisation qui lutte contre la promotion des produits à forte empreinte carbone. Je les accompagne alors qu'ils vont placarder des posters contestataires sur des affiches publicitaires en se faisant passer pour des colleurs professionnels pour ne pas éveiller les soupçons.

Ils recouvrent les publicités de marques automobiles comme Toyota et BMW par d'autres qui indiquent "La publicité pour la fin des temps".

Selon eux, ils ont un devoir démocratique d'agir. Tona explique : "Le droit de vote pour les femmes, le droit de se reposer le week-end, le droit de fonder un syndicat, toutes ces victoires sociales ont été obtenues par l'action directe," souligne-t-il.

Dernière Rénovation, Paris

Mon voyage se termine avec Sébastien, un membre de Dernière Rénovation. Après avoir adhéré au parti socialiste, puis aux Verts, le jeune scientifique est déçu de la politique et dénonce une inaction du gouvernement en matière de protection du climat alors que l'État français a été condamné pour cela.

Je filme Sébastien alors qu'il asperge de peinture orange, la façade du ministère de la Transition écologique à Paris. "Le gouvernement est clairement hors la loi," lance-t-il lors de l'opération. "Derrière ces murs, se cachent ceux qui décident pour nous, ceux qui nous condamnent," crie-t-il. "Notre peinture se nettoie, ils garderont le sang sur leurs mains," assure-t-il avant d'être intercepté par un policier. Une action qui lui vaudra une ordonnance pénale.

"L'urgence, c'est que les scientifiques nous ont donné deux ou trois ans pour commencer à réduire vraiment nos émissions de gaz à effet de serre et là, on est sur la fin du sablier," interpelle Sébastien, face à ma caméra. "Vu le temps qu'il faut pour que les politiques se décident, si on ne met pas un coup de pression énorme maintenant, d'ici à la fin du sablier, on n'aura rien fait," alerte-t-il.

Journaliste • Hans von der Brelie

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