Absence de « diversité » : le rôle des médias français

Absence de « diversité » : le rôle des médias français
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Par Euronews
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« Les médias jouent un rôle clé notamment dans la manière dont ils façonnent la mentalité des Français. C’est pourquoi au club Averroes, on s’est attaqué aux médias parce qu‘à travers eux, on peut aussi fabriquer des hommes politiques, des chefs d’entreprise, des personnalités culturelles issus de la diversité » souligne Amirouche Laïdi, président du Club Averroes. Une structure créée en 1997. Elle « rassemble près de 400 professionnels des médias autour de la promotion de la diversité dans les médias français »

Cette question de la représentativité des français noirs, métis, d’origine nord-africaine et asiatique sur le petit et le grand écran est un vieux dossier au sein de la société française. En 1999, le Collectif Egalité, fondé par, entre autres, la romancière Calixthe Beyala, tape du poing sur la table. Ses membres sont lassés de voir que ceux qui ne sont pas blancs sont quasiment absents des écrans ou majoritairement représentés dans des rôles peu valorisants dans le cinéma français.

Le CSA, Conseil de l’Audiovisuel, reçoit le Collectif en octobre 1999, indiquant que “les médias audiovisuels sont aujourd’hui les principaux outils de la représentation qu’une société se donne d’elle-même” et que “les références communes que les structures médiatiques offrent à une communauté nationale ne peuvent pas se retrouver en trop grand décalage avec les réalités vécues quotidiennement”. (CSA, Audition des représentants du Collectif Égalité)

A la même période, le journal Libération explique que « certains responsables d’antenne prétextent le manque de candidat et rappellent (à juste titre) que les promotions d‘écoles de journalisme ont la peau très blanche. Ou plaident une certaine frilosité du public ».
Quelques années plus tard, Audrey Pulvar devient la première femme noire à présenter le journal national de France 3.

Une série d‘évènements graves va donner un coup d’accélérateur dans la prise de conscience par la classe dirigeante du manque de diversité dans les médias télévisés : les émeutes de novembre 2005. Elles éclatent après la mort de deux jeunes adolescents, électrocutés dans un transformateur EDF où ils s‘étaient réfugiés à Clichy-sous-Bois afin d‘éviter un contrôle de police. Les émeutes durent trois semaines. Fin novembre, dans un rapport publié partiellement par la presse, la direction centrale des renseignements généraux (DCRG) explique que “les jeunes des quartiers sensibles se sentent pénalisés par leur pauvreté, la couleur de leur peau et leurs noms.(…) « Ceux qui ont saccagé les cités avaient en commun l’absence de perspectives et d’investissement par le travail dans la société française”. (…) “Tout s’est passé comme si la confiance envers les institutions, mais aussi le secteur privé, source de convoitises, d’emplois et d’intégration économique, avait été perdue.

« Jacques Chirac, alors président, convie à l’Elysée les patrons des grandes chaînes françaises et le club Averroes, à une réunion de mobilisation en faveur d’une meilleure prise en compte de la diversité des origines et des cultures des Français dans les médias », raconte le Club Averroes dans son bilan sur la diversité dans les médias audiovisuels français de novembre 2005 à octobre 2006. Quelques mois plus tard, Harry Roselmack devient le premier journaliste noir à présenter le journal de 20h de TF1, le journal le plus regardé de France.

Aujourd’hui, où en cette prise en compte des « minorités visibles » ? Amirouche Laïdi nous fait le point dans cette vidéo. Nous avons également évoqué avec lui l’affaire, en janvier 2012, du magazine Elle, vivement critiqué aux Etats-Unis et en France pour un article sur la « Black-fashion » où il est écrit que la « black-geoisie” a intégré tous les codes blancs». Amirouche Laïdi précise que des affaires comme celle-ci, « il y en a tous les jours dans les médias », notamment quand les journalistes évoquent « l’origine d’un présumé coupable ». Le président du Club Averroes répond d’abord à une question sur la responsabilité de la classe politique et médiatique sur la sous-représentativité de la diversité dans les plus hautes sphères du pouvoir.

Michèle Bouchet

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