Didier Deschamps : "certains Bleus n'aiment pas leur maillot autant qu'ils le devraient"

Didier Deschamps : "certains Bleus n'aiment pas leur maillot autant qu'ils le devraient"
Par Euronews
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button

Sous les couleurs de l‘équipe de France de football, il a tout gagné et espère qu’aujourd’hui, ses joueurs prendront le même chemin. Didier Deschamps, sélectionneur des Bleus depuis quatre mois, souhaite insuffler un nouvel état d’esprit aux tricolores marqués par l‘échec du dernier Euro. Et les premiers résultats sont là. En exclusivité pour euronews, il revient sur l’objectif de qualification pour la Coupe du Monde 2014 et sur le comportement de certains joueurs, peu attachés au maillot bleu d’après lui.

Claudia Garcia, euronews :
“L‘équipe de France a quitté le dernier Championnat d’Europe, déçue, une nouvelle fois. Vous êtes à sa tête depuis quatre mois et les choses vont mieux. Est-ce la renaissance des Bleus ?”

Didier Deschamps, sélectionneur de l’Equipe de France :
“Honnêtement, je ne sais pas si c’est la renaissance des Bleus, mais nous avons un objectif ambitieux : la Coupe du Monde au Brésil et nous sommes en bonne posture pour y participer. On a fait match nul en Espagne et on a joué une seconde période fantastique. Je pense que ce match a procuré plus d‘émotion et plus de motivation aux supporters français. Ils le méritent, cela fait longtemps qu’ils n’ont pas vécu des moments comme ça.”

euronews :
“Qu’est-ce qui a changé depuis votre arrivée ?”

Didier Deschamps :
“Tout ! Non, je plaisante ! Au sein de l‘équipe de France, il y a des qualités individuelles fortes, mais nous avons aussi besoin de créer une équipe forte et un esprit de groupe. Cette nouvelle génération de joueurs n’a pas la bonne mentalité. J’essaie de changer certaines choses, mais c’est difficile parce qu’on ne leur a pas appris à se conformer aux règles et ils n’aiment pas tous, le maillot autant qu’ils le devraient. Certains y sont moins attachés que d’autres.”

euronews :
“Seuls les joueurs posent problème ou est-ce que quelque chose ne va pas dans l’organisation de la Fédération française ?”

Didier Deschamps :
“La vérité, c’est qu’en France, on laisse aux joueurs beaucoup de liberté, plus que dans les autres pays. Les clubs français et leurs dirigeants doivent faire preuve de plus d’autorité.”

euronews :
“Est-ce que vous discutez spécifiquement avec Menez, Nasri, Ben Arfa et M’Vila, les joueurs convoqués par la Fédération française après l’Euro ?”

Didier Deschamps :
“Il peut arriver que je les appelle, que je leur parle, que parfois, je leur explique mes décisions et que je discute de mes choix avec eux, mais je ne suis pas obligé de m’expliquer. Ils doivent accepter mes choix et mes décisions, mais bien entendu, ils ont toujours le droit de ne pas être d’accord.”

euronews :
“L‘équipe nationale dont vous avez fait partie a tout gagné, mais l‘équipe actuelle n’a rien gagné. Est-ce normal que ses joueurs aient un tel ego ?”

Didier Deschamps :
“L’ego est de toutes façons, présent dans le football. Peut-être que certains ont un ego plus développé que d’autres. ça peut être positif si vous en faites une force intérieure. Mais parfois, ça peut être un énorme défaut. Je pense que l’entourage des joueurs – les clubs et parfois la presse – est aussi en cause. Les journalistes présentent les joueurs comme des champions simplement parce qu’ils ont bien joué pendant deux matchs.”

euronews :
“Pouvez-vous nous dire quel type de règles vous avez mis en place à votre arrivée ?”

Didier Deschamps :
“La règle numéro 1 concernant les joueurs, c’est que chacun d’entre eux doit donner plus pour l‘équipe. Ces joueurs sont habitués à recevoir plus qu’ils ne donnent et ça, c’est une mauvaise chose. Ils devraient se sentir privilégier d‘être retenus et donner le maximum parce qu’ils représentent la France et il y a tant de gens qui attendent le meilleur d’eux.”

euronews :
“Que doit faire un joueur pendant la saison pour être convoqué par Didier Deschamps ?”

Didier Deschamps :
“En premier lieu, ils doivent être performants dans leur club et je regarde tous les matchs. C’est le premier critère. Ensuite, leur comportement doit être exemplaire.”

euronews :
“C’est la raison pour laquelle vous n’avez pas retenu Clichy, Nasri, Ben Arfa, Mexes, M’Vila et Malouda en équipe de France ?”

Didier Deschamps :
“Non, Clichy fait toujours partie de l‘équipe.”

euronews :
“Mais il est en train de perdre sa place.”

Didier Deschamps :
“La concurrence est forte. A ce même poste, nous avons déjà un joueur : Patrice Evra qui joue à Manchester United. Quand le sélectionneur change, il est normal qu’il retienne de nouveaux joueurs et fasse un peu évoluer la configuration de l‘équipe. Au sujet de Malouda en particulier, il ne joue pas non plus à Chelsea, il s’entraîne avec les moins de 21 ans.”

euronews :
“Mais il a disputé le dernier Euro.”

Didier Deschamps :
“Oui, mais il n’a pas joué depuis. J’ai besoin d’aligner 11 joueurs sur le terrain. Plus le choix est difficile et mieux c’est.”

euronews :
“Les cas de Nasri et Ben Arfa sont différents : ils disputent beaucoup de matchs avec leurs équipes de Première Ligue.”

Didier Deschamps :
“C’est vrai, mais il y a d’autres joueurs qui sont très bons. Je dois construire une équipe et jusqu‘à maintenant, j’ai choisi d’autres joueurs.”

euronews :
“Et M’Vila?”

Didier Deschamps :
“M’Vila a le potentiel pour jouer en Equipe de France. Mais après ce qui s’est passé, il n’est pas prêt de remettre le maillot bleu, j’en suis certain.”

euronews :
“De nombreux Français vous reprochent d‘être trop strict et de trop critiquer les joueurs. Qu’en pensez-vous ?”

Didier Deschamps :
“Je ne crois pas que ce soit le cas. Beaucoup attendent de ma part plus de sévérité et plus de règles. De toutes façons, je ne cherche pas à faire l’unanimité.”

euronews :
“En tant que capitaine, vous avez soulevé la Coupe du monde en 98 et la coupe d’Europe en 2000. Quelles différences y a-t-il entre la sélection française actuelle et celle de l‘époque ?”

Didier Deschamps :
“Vous savez, les choses sont toujours compliquées pour ceux qui arrivent après. Avant la Coupe du monde 98, j’ai vécu celle de 94 pour laquelle on n’a pas réussi à se qualifier et à cette époque, on nous comparaît à la génération de Platini. On disait qu’elle était bien meilleure que nous. Malgré cela, quatre ans plus tard, on a remporté le Mondial en France. Ce n’est jamais facile pour la génération qui arrive après d’aussi grands succès. Cela fonctionne par cycle : le Brésil a eu son cycle de victoires, l’Espagne est en train de vivre un cycle extraordinaire. Mais il est impossible pour une équipe de maintenir un tel niveau pendant 10 ou 15 ans.”

euronews :
“Quels objectifs, les Bleus peuvent-ils atteindre avec vous à leur tête ?”

Didier Deschamps :
“Tout est possible. D’abord, nous voulons partir au Brésil et si tout se passe bien, je pourrais continuer ma mission jusqu‘à l’euro 2016 en France.”

euronews :
“L‘élection du Ballon d’Or, c’est pour bientôt. Avez-vous arrêté votre choix ?”

Didier Deschamps :
“Je dois voter effectivement. Il est certain que cela va se jouer entre Ronaldo et Messi. L’organisation devrait attribuer deux Ballons d’Or, mais je sais que c’est impossible. Des Espagnols comme Casillas, Xavi et Iniesta méritent aussi cette récompense : ils ont tout gagné, mais c’est très dur de rivaliser avec Ronaldo et Messi.”

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Après l’attentat à Moscou, la peur d’une résurgence du terrorisme dans les pays européens

45 000 volontaires vont être formés à l'approche des Jeux Olympiques de Paris

Harcèlement de rue : une application qui indique les "lieux sûrs" aux victimes