Quel avenir pour l'élargissement à l'est? Mikola Azarov répond à nos questions

Quel avenir pour l'élargissement à l'est? Mikola Azarov répond à nos questions
Par Euronews
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Ils voulaient rejoindre le clan européen, tourner le dos au paternalisme russe. Ces ukrainiens pro-européens sont déçus et ne comptent pas s’arrêter de manifester contre le coup d’arrêt donné au rapprochement avec l’Union européenne.

Ils n’acceptent pas l’argument économique du gouvernement, pour eux, l’ouverture sur l’Europe c’est accéder sans entraves à un marché de 500 millions de consommateurs. Cet accord d’association entre Kiev et Bruxelles était la condition sine qua non à l’ouverture de véritables négociations d’adhésion de l’Ukraine à l’union.

Le processus d‘élargissement vers l’est est il pour autant stoppé?

Sans doute pas. La récente adhésion de la Croatie, 28ème Etat membre depuis cet été, 22 ans après l’indépendance du pays témoigne que l’Union, en dépit d’une crise profonde, financière et d’identité compte bien poursuivre sa route vers l’est.

Celle ci a commencé en 2004, avec 10 nouveaux Etats membres. Deux sont du sud, 8 sont d’ex républiques soviétiques ou d’anciens membres du pacte de varsovie. 3 ans plus tard, deux autres anciens membres du bloc de l’Est signent à nouveau, avant la Croatie cette année.

L’avenir? Il est majoritairement tourné encore une fois vers l’est. Parmi les 5 pays dont les candidatures sont reconnues, 3 sont des Balkans. 3 autres, Albanie, Bosnie et Kosovo sont sur les rangs. 38 ans après sa création, l’Union regroupait 15 membres. En 9 ans, 13 nouveaux sont entrés

Un élargissement ultra rapide. Trop disent certains. Si les bénéfices économiques pour l’Union ne sont pas toujours au rendez-vous ou très visibles il existe en tous en tous cas une volonté politique de garder sous sa coupe démocratique et pacifiée des pays potentiellement instables aux frontières de ses frontières…

Le Premier ministre d’Ukraine, Mykola Azarov, a parlé en exclusivité à Euronews sur la décision du gouvernement de suspendre l’accord avec l’UE

euronews:
monsieur le Premier ministre, êtes-vous surpris de la réaction des Ukrainiens qui protestent contre la décision de votre gouvernement de ne pas signer l’accord d’association avec l’Union européenne?

Mykola Azarov:
Je ne suis naturellement pas surpris, parce qu’au cours des trois années et demi passées le président et le gouvernement ont défendu activement auprès de la société ukrainienne l’idée de l’accord avec l’Union européenne. C’est notre gouvernement qui a rédigé l’accord, et nous avons régulièrement expliqué à la population pourquoi nous le faisions. Il était donc tout à fait naturel que, lorsque nous avons fait notre annonce, beaucoup de gens descendent dans les rues pour exiger la poursuite du processus vers l’intégration européenne. Cette implication active de notre peuple prouve donc encore une fois, que notre politique vers l’intégration avec l’UE est correcte.

euronews:
Monsieur le Premier ministre, pourriez-vous au moins nous expliquer pourquoi votre gouvernement a pris cette décision de dernière minute de ne pas signer le traité?

Mykola Azarov:
Je répondrais par ce proverbe: mieux vaut tard que jamais. Nous avons pris la décision quand il est devenu clair que nous n’aurions d’aide de nulle part, et que le moment des décisions difficiles était arrivé. Sinon, vous savez ce qui serait arrivé, vous connaissez les prévisions des agences de notation concernant l’Ukraine. Je ne vais pas revenir là dessus, mais nous avons essayé de retarder la décision le plus possible, nous espérions trouver une solution, trouver les compensations financières nécessaires. Nous avons pris la décision quand il est devenu clair qu’il y aurait pas de telles compensations.

euronews:
La Russie vous a t-elle offert de baisser le prix du gaz que vous lui achetez? Cela pouvait permettre aussi au FMI d’accorder des prêts à l’Ukraine sans qu’elle soit obligée d’augmenter le coût du gaz pour les ménages du pays?

Mykola Azarov:
C’est une question compliquée : si elle faisait cela, la Russie perdrait des milliards de dollars, et nous en gagnerions des milliards. Question compliquée, parce que le contrat est écrit de manière contraignante pour nous et vraiment bénéfique pour la Russie, il nous est difficile de nous en tenir à la formulation juridique du contrat, mais j’ai toujours été un optimiste et j’ai dit à nos partenaires russes que ce contrat nuit à nos relations économiques – et pas seulement économiques – et conduit à une baisse de nos importations de gaz : nous les avons déjà presque diminué de moitié. Donc, ce contrat va contre vos intérets et contre les notres, et il doit être revu.

euronews:
Vous accusez le FMI, en quoi pensez-vous que l’UE peut influencer cette instance qui est une organisation financière mondiale?

Mykola Azarov:
Le Fonds monétaire international est une organisation financière internationale qui est régie par un conseil d’administration représentant les dirigeants de la «Vieux Monde», des représentants de la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et des représentants des États-Unis. S’ils avaient eu une attitude coordonnée au sein du FMI, cette exigence économiquement déraisonnable, d’augmentation le prix du gaz pour les consommateurs, comme condition préalable à tout prêt du FMI, cette exigence aurait été retiré de l’ordre du jour.

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