De l'EIIL vers "l'Etat islamique" : retour sur un an d'information sur euronews

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Par Marie Jamet
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Septembre 2013 : intervenir ou non en Syrie ?

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Il y a un an, les occidentaux menaçaient d’avoir recours à une résolution de l’ONU pour intervenir en Syrie.
Bachar al-Assad déclarait alors : « les trois capitales [française, américaine et britannique] cherchent à se draper dans les habits du vainqueur dans une guerre contre la Syrie, leur ennemi imaginaire ».

Quelques jours avant, son ministre des affaires étrangères, Fayçal al-Maqdad prévenait : « Nous n’allons pas rester les bras croisés, à regarder les Américains et leurs alliés opérer dans la zone. »

Le phénomène des djihadistes européens

Ce même automne euronews se penche sur un phénomène grandissant : le départ de ressortissants européens pour la guerre en Syrie.

Notre journaliste Paul Hackett dans un numéro de l’émission On The Fronline pose – déjà – la question de savoir si ces personnes sont des terroristes en devenir.

Notre journaliste résume alors : « Faire la distinction entre les terroristes en devenir et ceux qui ne présentent aucune menace pour la sécurité quand ils rentrent chez eux, c’est l’un des principaux défis auquel font face les autorités européennes. »

Un problème qui fait écho à un discours entendu ce matin encore sur l’antenne de nos confrères de France Info. Thibault Montbrial, avocat spécialiste des questions du terrorisme y a expliqué : « Depuis le dernier trimestre 2013 on a vu des jeunes français, par petits groupes puis par dizaines puis par centaines et maintenant on est n’est pas loin des milliers partir faire le djihad […] certains sont revenus, Nous avons donc en France sur notre territoire pour la première fois depuis la deuxième guerre mondiale, plusieurs centaines et probablement très bientôt plusieurs milliers de personnes qui sont entrainées, aguerries, déterminées, qui détestent notre système et qui sont disséminées partout et qui constituent une menace imminente. »

A cette même période, dans un numéro de Reporter, notre journaliste Valérie Zabriskie se rend en Belgique où près de 300 jeunes se seraient alors engagés en Syrie.

Hiver 2014 : la menace de l'EIIL prend forme

A partir du mois de janvier, le groupe qui se fait encore appeler Etat islamique en Irak et au Levant prend une forme plus précise sur notre antenne. Peu à peu le groupe devient une force plus indépendante à la fois de la grande coalition de circonstance qui combattait le régime de Bashar al-Assad et d’Al-Qaïda, dont on pense alors qu’il n’est qu’une émanation.

Ainsi, début janvier, et selon les termes de notre journaliste, plusieurs groupes d’insurgés décident de s’attaquer aux djihadistes affiliés à Al-Qaïda qu’ils accusent d’avoir trahi la révolution.

Une guerre dans la guerre. C’est le titre d’un sujet qui présente ce groupe, l’EIIL, quelques jours plus tard, comme « un groupe sunnite venu d’Irak, né en avril 2013 se réclamant d’Al Qaeda » qui cherche à « établir la charia dans toute la région, dissoudre les frontières entre Irak et Syrie et y instaurer un état islamique. »

Selon Saad Al-Muttalibi, un expert anti-terroriste interrogé dans le même sujet, explique que les Occidentaux, en soutenant l’Armée Syrienne Libre ont permis à l’EIIL de croître : « Malheureusement, de mauvaises décisions politiques qui ont été prises par les occidentaux à l‘égard de la Syrie, ce qui a alimenté et renforcé l’EIIL, la rhétorique de l’EIIL, et sa capacité à devenir une menace mondiale. »

« on commencera à voir certains des Européens qui combattent actuellement en Syrie, ramener leur idéal au pays »
Firas Abi Ali, de l’institut de recherche américain IHS, janvier 2014

En janvier toujours, Firas Abi Ali, directeur du département Moyen-Orient au sein de l’institut de recherche américain IHS, est interviewé sur notre antenne pour expliquer qui est ce groupe. Comme un écho à la « menace imminente » mentionnée par Thibault Montbrial, Firas Abi Ali nous expliquait alors : « Je pense que si – et ce sera probablement le cas dans les prochaines années – le conflit syrien commence à s’essouffler, on commencera à voir certains des Européens qui combattent actuellement en Syrie, ramener leur idéal au pays. »

Le mois suivant, une brève signale qu’Al-Qaïda désavoue l’Etat islamique en Irak et au Levant.

Lutter contre l’EIIL puis contre l’autoproclamé Etat islamique

Au printemps, la question des ressortissants européens engagés auprès de l’EIIL ressurgit à travers les critiques de l’Union européenne qui accuse la Turquie de laxisme concernant les allées et venues de ces combattants qui transitent par sa frontière. La Turquie renvoie la question à l’Europe par la voix de son ministre des Douanes et du Commerce, Hayati Yazici qui explique sur notre plateau de Bruxelles : « Les Européens laissent voyager ces jeunes de leurs pays vers la Turquie et, ensuite, ils demandent que la Turquie les empêche de se rendre en Syrie. Mais pourquoi les laissent-ils partir ? Si on les soupçonne de vouloir se rendre en Syrie, il faut les empêcher de voyager. »

Mi-juin, un sujet se penche sur les ambitions de l’EIIL de constituer un califat.

A la fois du mois, ce but devient « réalité » : l’EIIL proclame l’établissement d’un califat islamique à cheval sur l’Irak et la Syrie et en profite pour changer son nom en « Etat islamique ». Le lendemain, une équipe de notre rédaction se penche sur les ambitions, les avancées militaires et les ressources du groupe de djihadistes.

Au cœur de l’été, la question de frappes contre l’autoproclamé « Etat islamique » (EI) en Syrie se pose de plus en plus fréquemment. Un sujet du 25 août fait le point sur une possible coopération internationale contre l’EI en Syrie. Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Al-Moualem, y déclare que la Syrie est prête à collaborer pour lutter contre le terrorisme mais qu’aucune frappe militaire ne devra être faite sans l’accord de Damas. Une proposition de coopération qui est aussitôt repoussée par les Occidentaux, à l’instar du Président français François Hollande.

Une quinzaine de jours plus tard, alors que le régime de Damas réitère le fait que toute frappe sans accord sera considéré comme une agression, l’opposition à Bashar al-Assad explique à son tour que des frappes contre l’EI ne doivent pas se faire sans son accord.

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