Thaïlande : Shinawatra exclue de la vie politique et bientôt jugée

Thaïlande : Shinawatra exclue de la vie politique et bientôt jugée
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Par Euronews avec AFP
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L’ancienne Première ministre de Thaïlande a été interdite de vie politique par l’Assemblée nationale et vient de tomber sous le coup d’une

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L’ancienne Première ministre de Thaïlande a été interdite de vie politique par l’Assemblée nationale et vient de tomber sous le coup d’une inculpation pour corruption.
C’est une double sanction pour Yingluck Shinawatra qui réagissait ainsi par voie de communiqué après l’annulation de sa conférence de presse en raison de la loi martiale :

La “démocratie est morte en Thaïlande, en même temps que le respect des lois”.

Hier, elle avait essayé de défendre sa position devant l’Assemble nationale, en vain.

Cette Assemblée est composée de membres nommés par les auteurs du coup d’Etat de mai 2014. C’est la première fois dans l’Histoire du pays qu’elle vote une interdiction semblable. Et quelques heures plus tôt, le parquet annonçait l’inculpation de l’ex-Première ministre pour corruption concernant un programme de subvention aux riziculteurs.

Dans les rues de Bangkok, on réagissait à ces deux nouvelles :

“Ce régime de subvention du riz, c’est impardonnable parce qu’il y a eu corruption et qu’il a causé des pertes énormes au pays. Tout ce en quoi la société thaïlandaise croyait s’est détérioré parce que les règles ont été bafouées.”

“Je ne pense pas que ce soit juste. C’est supprimer les droits politiques de quelqu’un pour prendre l’avantage !”

Yingluck, âgée de 47 ans, devrait être mise en examen début mars et d’ici là interdite de sortie de territoire. Elle encourt jusqu‘à 10 ans de prison en plus d‘être coupée de toute vie poltique pendant 5 ans.

Yingluck avait emboîté le pas de son frère Thaksin Shinawatra, ancien magnat des télécommunications en exil, en prenant la tête du gouvernement en 2011, après la victoire de son parti aux législatives.

Malgré ses tentatives de réconcilier ce pays profondément divisé, les opposants de Yingluck ont toujours vu cette novice en politique comme la marionnette de son frère, ennemi juré des élites, inquiètes de sa popularité électorale, notamment dans le nord et le nord-est agricoles du pays.

La junte thaïlandaise est aujourd’hui accusée de vouloir éliminer durablement l’influent clan Shinawatra de la scène politique, alors que se pose la question de la succession du roi Bhumibol, âgé de 87 ans, tabou suprême en Thaïlande.

Selon les analystes, l’interdiction de toute activité politique de Yingluck, doublée d’une condamnation en justice, fait partie du processus d‘élimination.

La Thaïlande, profondément divisée entre pro et anti-Shinawatra, est confrontée à une crise politique récurrente depuis le coup d’Etat de 2006 contre Thaksin Shinawatra. Celui-ci a pris la voie de l’exil pour échapper à la prison, sur des accusations de corruption déjà.

Mais à plus long terme, la situation risque de se révéler intenable pour la junte, qui assure mener une entreprise de “réconciliation” nationale, tout en restreignant fortement les libertés civiques, soulignent les analystes.

“A moyen et long terme, les griefs vont s’accumuler du côté des partisans de Yingluck et Thaksin” et finir par “remonter à la surface”, a expliqué à l’AFP Thitinan Pongsudhirak, de l’université Chulalongkorn de Bangkok, décrivant comme de nombreux politologues la Thaïlande comme une cocotte-minute.

Les Chemises rouges se sont faits très discrets depuis le coup d’Etat. Avant le renversement du gouvernement, ils avaient évité toute confrontation directe avec les manifestants qui avaient réclamé pendant des mois la chute de Yingluck, jusqu‘à être exaucés par les militaires.

Yingluck avait toutefois réussi à faire face aux manifestants réclamant sa tête pendant des mois, sans se départir de son calme, jouant la carte de l’usure. Depuis le coup d’Etat, elle a fait quelques apparitions symboliques remarquées, notamment à l’hôpital où est traité le roi Bhumibol. C’est pour défendre la monarchie que l’armée a fait le coup d’Etat.

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