G20 / COP21: 420 milliards d'euros par an pour les énergies fossiles

G20  / COP21: 420 milliards d'euros par an pour les énergies fossiles
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Par Marie Jamet avec AFP, OXFAM
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Les Etats du G20 continuent à soutenir les énergies fossiles bien plus que les énergies renouvelables et l'aide au changement climatique.

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Les Etats du G20, qui se réunissent les 15 et 16 novembre en Turquie, continuent à soutenir les énergies fossiles bien plus que les énergies renouvelables et l’aide au changement climatique.

Ce soutien est avant tout un soutien financier, que deux ONGs ont calculé sur les années 2013 et 2014 en regroupant des informations sur les divers soutiens dont usent les pays. Ainsi, selon Overseas Development Institute et Oil Change International, les gouvernements du G20 investissent 420 milliards d’euros par an dans les énergies fossiles soit quatre fois plus que le total des subventions mondiales aux énergies renouvelables qu’elles évaluent à 112 milliards d’euros.

Ce total se répartit entre :

  • des investissements dans des entreprises publiques du secteur (265 milliards d’euros)
  • des appuis, tels des prêts bancaires, par le biais d’institutions financières publiques (81 milliards d’euros)
  • des subventions nationales et des aménagements fiscaux (72 milliards d’euros)

Oxfam enfonce le clou en expliquant qu’alors que les pays du G20 subventionnent les énergies fossiles à hauteur de 72 milliards d’euros, l’ensemble des pays développés, dont ceux du G20, n’accordent que 3,5 à 4,5 milliards d’euros à l’aide à l’adaptation au changement climatique pour les pays les plus pauvres.

Oxfam s’appuie à la fois sur le rapport de l’Overseas Development Institute et des chiffres de l’OCDE concernant l’engagement pris lors de la COP15 à Copenhague en 2009 de verser un total de 100 milliards de dollars d’aide aux pays en développement chaque année à partir de 2020 pour faire face au changement climatique.

Selon les calculs d’Oxfam, les Etats-Unis, l’un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, versent 51 fois plus de subventions aux énergies fossiles (19 milliards d’euros par an) que d’aides à l’adaptation climatique aux pays pauvres (370 millions).
L’Australie consacre 71 fois plus d’argent aux subventions aux énergies fossiles (4,6 milliards) qu‘à l’aide à l’adaptation climatique aux pays pauvres (65 millions d’euros).
En Europe, la France, pays hôte de la COP21, a accordé elle aussi 65 millions d’euros d’aides à l’adaptation climatique aux pays pauvres contre 125 millions de subventions aux énergies fossiles, soit presque le double.
L’Allemagne, grosse consommatrice de charbon, a versé 840 millions d’euros d’aides à l’adaptation climatique aux pays pauvres pour 2,8 milliards d’euros de subventions aux énergies fossiles, soit trois fois plus.

“Ce soutien existe malgré les impératifs mondiaux consistant à laisser dans le sol les trois quarts des réserves actuelles de combustibles fossiles et malgré la baisse du rendement du charbon et des nouvelles réserves de pétrole et de gaz difficilement accessibles“ soulignent ces deux ONG dans leur rapport publié ce jeudi, faisant allusion à une étude publiée dans Nature au début de l’année. Celle-ci démontrait que pour atteindre l’objectif officiel de +2°C, un tiers du pétrole mondial, la moitié des réserves de gaz et plus de 80% du charbon devront rester inexploités jusqu’à 2050, certains pays devant fournir plus d’effort que d’autres.

Le charbon brûle encore en Europe

Le charbon est subventionné à lui-seul à hauteur de 10 milliards d’euros par an en Europe selon une étude réalisée par la fondation Heinrich-Böll et l’ONG Friends of the Earth. Or le charbon est, rappelle l’Agence internationale de l‘énergie, le combustible le plus polluant des énergies fossiles, générant 44% des émissions mondiales de CO2.
Les deux organisations estiment même qu’entre 1990 et 2007 le total des subventions s‘élève à 200 milliards d’euros.

En Allemagne, souvent montrée en exemple pour son renoncement au nucléaire, le charbon et ses dérivés (lignite et houille) représentent pourtant toujours plus 40% de la production d‘électricité nationale. En France, le charbon représentait en 2012 3,3% du mix énergétique largement dominé par l‘énergie nucléaire.

Alors que l’UE s’est donné pour objectif de faire baisser de 40% ses émissions de CO2 par rapport à 1990 d’ici 2020, le charbon se retrouve dans le viseur. Mais si des pays comme l’Allemagne et la Pologne s’y accrochent, d’autres l’abandonnent petit à petit. La France a fermé une dizaine de centrales au charbon depuis 2013. En Norvège, le fonds souverain a décidé en juin de cesser ses investissements dans le charbon. A plus petite échelle mais en Allemagne, la ville de Münster a aussi abandonné ses investissements dans le charbon, notamment en vendant ses actions dans la société RWE spécialisée dans l‘énergie.

Des actions qui rejoignent un mouvement plus large, soutenu par divers ONGs, qui appelle particuliers et investisseurs à désinvestir dans les énergies fossiles, mouvement suivi notamment par Léonardo Di Caprio ou encore la fondation Rockefeller dont la fortune est issue d’un empire pétrolier.

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