Corse : Macron favorable à une révision de la Constitution

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Par Euronews
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Depuis Bastia, Emmanuel Macron s'est montré ouvert à une révision de la Constitution concernant la Corse, tout en opposant une fin de non-recevoir aux autres demandes des nationalistes.

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Emmanuel Macron a affiché sa fermeté mercredi à Bastia face aux nationalistes aux commandes en Corse, une île selon le chef de l'État, plus que jamais "au coeur de la République", les élus corses Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni qualifiant sa visite "d'occasion manquée".

Dans son discours à Bastia à l'issue d'une visite de deux jours, le président a rejeté sans équivoque deux des principales revendications des nationalistes : le statut de résident et la co-officialité de la langue corse. Il s'est en revanche déclaré "favorable à ce que la Corse soit mentionnée dans la Constitution", ce qui serait "une manière de reconnaître son identité et de l'ancrer dans la République".

"A nous de bien travailler ensemble", a ensuite déclaré en aparté le chef de l'État aux deux hommes forts de l'île, à l'issue de son premier discours consacré à la Corse depuis son élection.

Les élus nationalistes n'ont pas réagi immédiatement au discours présidentiel, préférant se consulter avant. Ils ont ensuite qualifié d'"occasion manquée" la visite présidentielle et dénoncé un discours "très en deçà des attentes et des enjeux".

"Nous considérons que c'est une occasion manquée", a déclaré Gilles Simeoni, le président de l'exécutif de la collectivité territoriale, en affirmant que les nationalistes allaient toutefois rester* "dans un esprit de dialogue"*.

Jean-Guy Talamoni, président de l'Assemblée de Corse, s'est même dit "consterné par le niveau des réponses qui sont données". "C'est un soir triste pour la Corse", a-t-il estimé.

Forts de leurs succès électoraux, ils avaient multiplié récemment les appels au président de la République à engager sur le terrain un "dialogue sans tabou" pour donner à l'île encore plus d'autonomie.

Mais Emmanuel Macron a surtout fait preuve de fermeté. "Être Corse supposerait d'être contre la République ? Ce n'est pas ça l'identité corse", a-t-il déclaré. Avant d'avertir: "Ceux qui veulent dissocier la Corse de la République se trompent et font souffler des vents mauvais".

Plus tôt, les élus nationalistes avaient montré leur dépit en refusant de s'asseoir à table avec le chef de l'État pour un "déjeuner républicain" à Bastia. Ils lui ont reproché *"la teneur assez violente" *des propos tenus la veille à Ajaccio au cours de l'hommage rendu au préfet Claude Erignac, vingt ans jour pour jour après son assassinat.

Le chef de l'État avait notamment exclu toute amnistie pour les prisonniers que les nationalistes appellent "politiques" car ils ont été condamnés pour des faits de terrorisme.

Symbolisant ces crispations, plusieurs élus corses ont aussi critiqué l'absence du drapeau corse à la tête de Maure, omniprésent sur l'île, aux côtés de ceux de la France et de l'Europe dans la salle du discours au centre culturel Alb'Oru à Bastia.

Ayant "entendu que MM. Talamoni et Simeoni souhaitaient aller plus loin", le chef de l'État dans son discours, évoquant la mention de la Corse dans la Constitution, a appelé les élus insulaires à débattre de ce projet "dans le mois qui vient", avant sa discussion au printemps dans le cadre du projet de révision constitutionnelle. Avec l'objectif de trouver une place pour la Corse, qui* "n'est ni la Nouvelle-Calédonie ni ma Picardie natale"*, a observé Emmanuel Macron.

Cette initiative risque de lancer un vif débat politique à Paris, plusieurs ténors de la droite ayant exprimé leur hostilité ces derniers jours.

Concernant la langue corse, Emmanuel Macron a affirmé que, "dans la République, il y a une langue officielle, le français", tout en souhaitant que "le bilinguisme" soit "pleinement reconnu". Le corse est "la langue régionale la plus soutenue en France" avec 34 000 élèves dès le primaire ou dans des classes bi-langues, selon lui.

Quant au statut de résident que les nationalistes réclament pour donner priorité aux insulaires dans l'accès au logement, il estime qu'il n'est "pas la bonne réponse" aux problèmes immobiliers de l'île.

Emmanuel Macron a consacré une large part de son discours à promouvoir le rôle de l'État en Corse, insistant par exemple sur la construction d'un nouvel hôpital à Ajaccio "100% financé par l'État".

Parallèlement, il a exhorté la collectivité unique, qui a "de larges et fortes compétences, les plus importantes de toute la France métropolitaine", à "les assumer pleinement", que ce soit dans le logement, la formation ou la gestion des déchets.

Il a averti que si "des formes de fiscalité locale" pouvaient être développées en Corse, elles s'accompagneraient de "baisses de dotation parallèles", assurant qu'"il n'y a pas de finances magiques".

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Actuellement, la Corse, qui est l'une des régions les plus pauvres de France, bénéficie de transferts importants de Paris.

*"La Corse est à l'heure du choix" *: soit en se plaçant dans "un face à face avec la République", soit "en se tournant résolument vers son avenir" et devenir le "phare d'une modernité méditerranéenne réinventée", a-t-il conclu.

Avec AFP

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