Frappes aériennes en Syrie : le point sur la situation

Frappes aériennes en Syrie : le point sur la situation
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Par AFP
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En Syrie, des frappes aériennes coordonnées ont été menées dans la nuit de vendredi à samedi par les États-Unis, le Royaume-Uni et la France. Ces raids sont une réponse directe à l’attaque chimique présumée, menée récemment à Douma dans la Ghouta orientale.

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Après plusieurs jours d’hésitations, des frappes aériennes coordonnées ont été menées la nuit dernière en Syrie par les États-Unis, le Royaume-Uni et la France.  

Ces bombardements ont visé trois cibles liées au programme d'armement chimique syrien : un centre de recherche à Damas, et deux dépôts d'armes près de Homs, à l'ouest du pays. Selon Moscou, les États-Unis et leurs alliés auraient tiré plus de 100 missiles sur la Syrie, mais une grande partie de ces missiles auraient été interceptés par les forces syriennes.

Le président américain Donald Trump l'a annoncé vendredi : cette opération militaire est une réponse directe pour punir le régime de Bachar al-Assad, qu’il accuse d’une récente attaque à l’arme chimique à Douma dans la Ghouta orientale.

Une opération conjointe est en cours avec la France et le Royaume Uni, nous les remercions tous les deux”, a dit M. Trump lors d’une brève allocution depuis la Maison Blanche. Il a dénoncé des attaques chimiques “monstrueuses” menées par le régime de Damas

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), des centres de recherche scientifique, “plusieurs bases militaires” et des locaux de la garde républicaine à Damas et ses environs ont été pris pour cibles.

"Pas d'alternative à l'usage de la force"

De Londres, la première ministre britannique Theresa May a affirmé qu’il n’y avait “pas d’alternative à l’usage de la force”, assurant que “tous les recours diplomatiques” avaient été explorés, en vain. Le ministère britannique de la défense a parlé d’opération “couronnée de succès”, dans un communiqué.

Depuis Paris, le président français Emmanuel Macron a souligné que les frappes françaises étaient “circonscrites aux capacités du régime syrien permettant la production et l’emploi d’armes chimiques”. “Nous ne pouvons pas tolérer la banalisation de l’emploi d’armes chimiques”, a-t-il martelé. Emmanuel Macron avait assuré disposer de preuves indiquant la responsabilité du régime syrien dans l'attaque présumée à Douma.

La ministre française des Armées, Florence Parly, a de son côté souligné que la Russie avait été prévenue en amont de ces attaques, ce que le Pentagone n'a pas confirmé pour le moment. "Un bilan précis des opérations sera communiqué", a expliqué la ministre.

"Un acte d'agression à l'encontre d'un état souverain" selon Poutine

A l’instar de Damas qui déplore une "agression barbare et brutale", Vladimir Poutine a dénoncé lui aussi les frappes occidentales sur le régime de son allié, Bachar al-Assad.

"La Russie dénonce avec la plus grande fermeté l'attaque sur la Syrie, où des militaires russes aident le gouvernement légitime à lutter contre le terrorisme", a déclaré le président russe dans un communiqué diffusé par le Kremlin.

Ces frappes aériennes constituent "un acte d'agression à l'encontre d'un état souverain", a estimé Vladimir Poutine qui a appelé à une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU.

Les militaires russes se félicitent de l'efficacité de la défense antiaérienne syrienne. Au cours d'une conférence de presse samedi à Moscou, le général russe Sergueï Roudskoï a affirmé que la défense antiaérienne syrienne avait réussi à intercepter 71 des 103 missiles de croisière tirés par les Occidentaux. Selon lui, les dégâts seraient minimes et les bâtiments touchés inutilisés.

Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a apporté son soutien au régime syrien et a qualifié Donald Trump, Emmanuel Macron et Theresa May de "criminels".

La Russie a “trahi” sa promesse

Donald Trump a exhorté Moscou “à quitter la voie sinistre” du soutien à Bachar al-Assad. Il a affirmé que la Russie avait “trahi ses promesses” de 2013 sur l‘élimination des armes chimiques syriennes.

Il a aussi estimé que le sort des pays de la région était entre les mains de leurs habitants et qu’aucune intervention militaire américaine ne pourrait, à elle seule, apporter une “paix durable”.

En avril 2017, Donald Trump avait fait bombarder une base militaire syrienne, en riposte à une attaque au gaz sarin imputée au régime, qui avait tué plus de 80 civils à Khan Cheikhoun (nord-ouest).

Cette fois encore, c’est une attaque chimique présumée —le samedi 7 avril à Douma, près de la capitale syrienne— qui est à l’origine des frappes déclenchées dans la nuit de vendredi à samedi après une mobilisation de la communauté internationale, déjà saisie par l’horreur d’une guerre civile qui a fait plus de 350.000 morts depuis mars 2011.

Le bombardement intervient quelques heures seulement après que le Département d’État a assuré avoir “la preuve” de l’utilisation d’armes chimiques par les forces de Bachar al-Assad.

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“Prix fort”

Le président américain avait rapidement adopté une rhétorique belliqueuse après l’attaque, dénonçant dès le lendemain une “attaque chimique insensée”, prévenant qu’il faudrait en “payer le prix fort” et pointant du doigt la “responsabilité” de la Russie et de l’Iran soutenant “l’animal Assad”.

Quelques jours plus tard, le 11 avril, il avait tweeté: “La Russie jure d’abattre n’importe quel missile tiré sur la Syrie. Que la Russie se tienne prête, car ils arrivent, beaux, nouveaux et ‘intelligents!”.

La France s’est très vite associée à Washington en promettant notamment une “réponse forte et commune”, tandis que Londres, qui a montré un peu plus de réticence, s’est dit déterminé avec Washington “à ne pas laisser l’usage d’armes chimiques se poursuivre” et a évoqué “des mesures” contre Damas.

Mise en garde de Moscou

Dans l’autre camp, le régime syrien nie toute utilisation d’armes chimiques et a averti à l’ONU qu’elle n’aurait “d’autre choix” que de se défendre si elle était attaquée.

Le président russe Vladimir Poutine, soutien indéfectible “acte irréfléchi et dangereux”, qui pourrait avoir des “conséquences imprévisibles”.

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Le danger est bien là, selon les experts. Russes et Iraniens ont beaucoup d’hommes sur le terrain pour aider Damas à reprendre tout le pays à de multiples groupes rebelles.

Les conséquences d’une frappe accidentelle ou non sur des soldats de ces deux pays sont difficiles à évaluer.

Selon un bilan à mi-mars de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui dispose d’un vaste réseau d’informateurs à travers la Syrie, 106.390 civils ont été tués dont près de 20.000 enfants.

Dans ce pays qui comptait quelque 23 millions d’habitants avant le conflit, environ la moitié de la population a été contrainte de fuir son foyer en raison des combats.

La Russie, indéfectible soutien au régime de Bachar al-Assad, a fait usage à douze reprises de son veto en sept ans de conflit sur des projets de résolution au Conseil de sécurité contre la Syrie.

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Après ces bombardements, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé samedi tous les Etats membres à faire preuve de retenue et à s'abstenir de tout acte qui pourrait conduire à une escalade violente en Syrie.

Les frappes occidentales coordonnées sont intervenues alors que des représentants de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques étaient attendus ce samedi à Douma, près de Damas. Ils devraient mener une enquête officielle après l'attaque chimique présumée à Douma.

Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunit ce samedi après-midi.

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