Cannes : où sont les femmes ?

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Par Audrey Tilve
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#MeToo est passé par là. Quels effets à Cannes ?

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De grands décolletés, des minauderies devant les photographes. C'est le cliché cannois et les stars s'y prêtent volontiers. Sauf que certaines ont décidé de mettre le holà. Une cause pour laquelle Kate Kinninmont est engagée depuis longtemps.

"Je crois qu'il y a toujours eu une objectification des femmes, commente la directrice de "Women in Film and Television. Il semble y avoir cette idée que si une femme est belle, elle ne peut pas être très intelligente à la fois, or nous savons que c'est complètement faux, n'importe quelle femme vous le dira. Je pense que les femmes ne veulent plus se contenter d'être comme Marilyn Monroe, d'être devant les caméras et d'avoir l'air enfantin. On ne peut plus simplement mettre les jolies femmes dans des boîtes que les autres manipulent, cette période est révolue depuis longtemps."

La tempête Weinstein est passée par là et suite au raz-de-marée soulevé par les dénonciations concernant cet habitué de la Croisette et bien d'autres, le Festival de Cannes a dû faire preuve de bonne volonté.

Cette année, le jury est majoritairement féminin et présidé par Cate Blanchett, la 12ème femme à occuper cette place en 71 éditions. Mais au niveau de la programmation, le fossé reste criant.

"Quand vous regardez la liste des films à Cannes, vous réalisez qu'il y a énormément de noms d'hommes, explique Belle Donati, l'envoyée spéciale d'Euronews. En fait, dans la sélection officielle, seulement trois des 21 films en compétition sont réalisés par des femmes."

Pour le délégué général du Festival, il ne s'agit pas de discrimination, mais d'un état de fait ; la moindre proportion de femmes cinéastes.

"Cannes a toujours été désigné comme un lieu où les femmes n'avaient pas assez de place et il est arrivé en effet que nous ayons des années sans femmes en compétition, reconnaît Thierry Frémaux. Et j'avais dit : c'est une réalité artistique..."

Pour autant, pas question pour Thierry Frémaux d'instaurer des quotas dans la sélection. Certaines femmes sont de son avis. C'est le cas de Wanuri Kahiu, la réalisatrice de "Rafiki", présenté dans la section Un certain regard.

"Avant d'être une femme, je suis une réalisatrice, souligne la cinéaste kényane_. Je veux croire que mon film arrive au festival grâce à sa qualité, pas en raison de mon sexe."_

D'autres, comme la directrice générale de l'Institut suédois du film, estiment que le changement doit s'opérer dans les comités de sélection.

"Qui sélectionne ce qui est donné à voir au jury ? interroge Anna Serner. Ce sont souvent les mêmes noms qui reviennent et je pense que certains devraient être mis dehors pour laisser la place à de nouveaux noms."

Le mouvement 50/50 pour 2020 n'en commence pas moins à produire ses effets dans le microcosme cannois. Les responsables du Festival de Cannes ont signé une charte promettant progressivement la parité dans les instances dirigeantes.

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