Les cinéastes baillonnés de Cannes

Les cinéastes baillonnés de Cannes
Tous droits réservés 
Par Laurence Alexandrowicz
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article :Copy to clipboardLien copié

Cette édition du festival a été marquée par l'absence de grands réalisateurs, retenus dans leurs pays, la Russie et l'Iran.

PUBLICITÉ

 Quand l'équipe de Leto a monté les marches, le réalisateur était avec elle, mais pas comme elle l'aurait souhaité. Ses membres portaient un badge avec le visage du cinéaste.

“C'est terrible, regrette le producteur du film,  Ilya Stewart, c'est un festival d'auteurs et Kirill le réalisateur devrait être là, c'est une erreur."

Kirill Serebrennikov est très critique contre le président Poutine, il est assigné à résidence depuis son arrestation en août, poursuivi pour corruption, des accusations que la communauté artistique dénonce comme politiques.

 “Il est autorisé à sortir de 18h à 20h tous les jours dans son quartier, mais sinon il reste à la maison, explique Ilya Stewart. Nous avons eu de la chance -chance est pas vraiment le mot idéal- d'avoir pu tourner la plupart du film avant son arrestation. Kirill a pu faire le montage chez lui, c'était important pour toute l'équipe de production."

Autre grand absent, le cinéaste iranien Jafar Panahi, en compétition pour la Palme d’Or avec "Trois visages" n'a pas le droit de voyager, Téhéran lui interdit depuis qu'il a soutenu la révolution contre la réélection de Mahmoud Ahmadinejad.

 Thierry Fremaux

"L'ironie c'est que ces deux films ne soient pas des films politiques, remarque Thierry Fremaux, directeur du festival. Ce ne sont pas des films contre les régimes iraniens et russes. Ce sont des films d'artistes."

Une autre metteur en scène est réduite au silence dans son propre pays : Wanuri Kahiyu, dont le film ‘Rafiki’ a été interdit par la censure pour sa description d'une histoire d'amour homosexuelle. Son long-métrage est en compétition dans la catégorie "Un Certain Regard".

"Nous n'étions pas inquiets parce que nous avions respecté la loi, raconte Wanuri Kahiu,. Vous avez envie de croire que votre pays est progressiste, chaque matin, vous voulez croire qu'il avance. Quand l'agence kenyane de censure a interdit le film, on a ressenti comme une violation de notre droits à la liberté et l'expression qui sont garantis dans la constitution."

"On sent de façon palpable ici cette année que le cinéma doit être protégé, conclut Belle Donati, notre envoyée spéciale, à un moment où il peut être considéré comme une force perturbatrice, en particulier dans les endroits où la politique se transforme en autoritarisme."

Une petite victoire pour les cinéastes est encore attendue avec impatience... "L'homme qui a tué Don Quichotte", de Terry Gilliam, va clore le Festival, après une décision de la justice française prise contre son producteur.

Reportage de Belle Donati, euronews

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

"Trois visages", de l'Iranien Jafar Panahi, grand absent à Cannes

"Rafiki" : censuré au Kenya et sélectionné à Cannes

Cannes, arme diplomatique et politique