UTMB: deux nuits blanches dans la montagne: l'autre course des amateurs

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Ils ont les yeux hagards, le corps meurtri et l'angoisse de l'abandon en obsession: au coeur de la 2e nuit blanche qu'ils s'infligent, les amateurs engagés sur l'Ultra Trail du Mont Blanc touchent à leurs limites dans un effort surhumain.

C'est la course emblématique d'endurance en montagne. Longue de 170 km (dont 9800 m de dénivelés positifs), l'UTMB a été plié samedi après-midi en 20 heures par un champion de trail-running, Xavier Thévenard. Alors qu'il lève les bras sur la ligne d'arrivée, derrière lui, outre les coureurs élite, plusieurs centaines de concurrents n'en sont encore qu'à la moitié du chemin. Le plus dur est à venir.

Il est 3h00 du matin, dimanche, au centre de ravitaillement de Trient (Suisse). Sous la tente, une multitude d'hommes et de femmes se réchauffent, se nourrissent et s'interrogent, alors que les bénévoles tentent de leur faire oublier leur douleur en s'agitant sur des chansons de Claude François et de Joe Dassin.

Auront-ils assez de forces pour courir encore pendant 13 heures ? La barrière horaire est un couperet: pour être un finisher, il faut se dépasser pour terminer la course dans un chrono maximum de 46h30.

"Ca fait 34 heures que je cours, je me sens fatigué et je commence déjà avoir des hallucinations", confie Loïc Bourdon. "J'ai vu des vaisseaux de Star Wars avec l'étoile de la mort, c'était magnifique... En fait c'était juste un gros rocher".

- Hallucinations -

Sous la pression de la barrière horaire, certains vont se refuser à dormir pensant que c'est une perte de temps.

"On a tous fait une nuit blanche, on voit bien qu'on est fatigué mais on arrive à tenir sans problème. Deux nuits sans sommeil ou très peu et là, ce n'est plus du tout la même course, c'est une autre course", explique Rémi Hurdiel, chercheur à l'université de Dunkerque, qui mène depuis 2013 des études sur le sommeil lors de l'UTMB.

"La nuit il peut y avoir une baisse de vigilance, la concentration peut être altérée, d'où le risque de chuter. Il peut arriver des choses plus sévères que sont les fameuses hallucinations. Par exemple, certains m'ont raconté avoir vu des personnages de bandes dessinés courir à côté d'eux, avoir vu la famille en train de faire le pique nique à 2500 m d'altitude alors que c'est absolument impossible. Ou encore, et là ça devient anxiogène, se faire courser par des serpents", détaille le chercheur.

Selon les études qu'il a déjà menées, 30% du groupe amateur ne dort pas du tout. Les autres font des micro-siestes de 15/20 minutes.

Au centre de Trient, ils sont quelques uns à s'être endormis malgré eux, assis sur un banc. D'autres ont planté leur tête sur leurs bras placés sur une table, à coté de leur femme ou de leur mari voire de leurs enfants, venus prendre soin de leur héros et lui remonter le moral.

- Heureux dernier -

Certains poussent la porte de l'infirmerie où quelques lits sont disponibles pour un peu de répit, avec la peur au ventre.

"Beaucoup ont peur de venir chez nous parce qu'ils redoutent qu'on évoque l'abandon. Mais nous, on est pas là pour ça mais pour faire tout ce qu'on peut pour qu'ils puissent repartir", souligne Gauthier Christian, qui soigne les hématomes sous les ongles, les grosses douleurs au quadriceps et les problèmes d'ampoule.

Portés par ce besoin absolu de finir, beaucoup sont repartis dans la nuit noire, appuyés sur leur bâtons de marche, la lampe frontale ancrée sur la tête, le pas lourd et les jambes raides.

Au programme, 30 km de course qui débutent par une montée à 2000 m d'altitude. Trient n'est qu'à 1300 m d'altitude.

Après avoir puisé au plus profond d'eux-mêmes, le regard régulièrement sur la montre-chrono qui agit comme un coup de boost, plusieurs réussiront leur pari.

Sur les 2561 partants vendredi soir, 1778 ont fini cette 16e édition de l'UTMB et 783 ont abandonné, soit un tiers.

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Et Abdennour Benmammar aura été le tout dernier classé, bouclant le parcours plus de 25 heures après le vainqueur. Le Français a été accueilli dimanche en fin d'après-midi tel une star par plusieurs centaines de personnes.

"C'est plus qu'un honneur, c'est un magnifique cadeau que de recevoir un tel accueil" a lancé cet infirmier, heureux comme personne d'avoir fini dernier.

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