Elections législatives en Suède : l'extrême-droite en embuscade

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Par Jona Källgren
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A l'approche des législatives dimanche en Suède, nous nous rendons dans la province de Småland qui est en train de devenir un bastion des Démocrates de Suède. Ce parti anti-immigration pourrait faire une percée spectaculaire lors de ce scrutin. Nous voyons pourquoi dans cette édition d'Insight.

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La province de Småland est quasiment mythique pour la Suède. Pendant des siècles, cette région était pauvre, son sol difficile à cultiver et ses habitants, considérés comme coriaces et parcimonieux.

C'est aussi sur ses terres qu'est né le géant Ikea et que se déroule la trame de nombreux livres de la célèbre Astrid Lindgren.

Mais à l'approche des législatives suédoises ce dimanche, Småland se fait une autre réputation. La province est en train de devenir un bastion du parti d'extrême-droite : les Démocrates de Suède (SD).

15-20% d'intentions de vote

Un phénomène nouveau selon Birger Pettersson, agriculteur à la tête d'une exploitation de plusieurs centaines de moutons à Odenslanda. "Je suis né ici et j'ai vécu ici toute ma vie," précise-t-il avant d'ajouter : "Je viens justement de repenser aux élections de 2002 et je me demandais combien de personnes avaient voté pour SD : c'était 2% à l'époque," fait-il remarquer.

Le parti SD devrait obtenir un bien meilleur score lors du scrutin de dimanche. Dans les sondages, il est crédité de 15 à 20% des voix au niveau national. Mais, à la campagne, la formation pourrait arriver en tête du vote.

Des zones rurales "négligées" par les partis traditionnels

Dans ce contexte, qu'est-ce qui a changé ? Birger Pettersson rejette la faute sur les partis traditionnels qui selon lui, ont négligé les zones rurales.

"Avant, on avait un service de cars ici ; aujourd'hui, on n'a plus le moindre car," indique-t-il. "Il y en a encore un qui passe à une bonne distance d'ici, mais il ne s'arrête pas partout et je ne dis pas qu'il faudrait que la vie soit confortable ici, mais il faut faire quelque chose pour nous," souligne-t-il.

Dans le village voisin de Moheda, les habitants se retrouvent tous les dimanches lors de cette brocante organisée dans une ferme. Occasion de faire des bonnes affaires quand on a peu de moyens.

Les partis ont installé leur stand sur place pour tenter de convaincre chaque électeur, un par un.

Du côté de celui des Démocrates de Suède, on parle très peu des transports publics, d'autres thèmes sont récurrents et en premier lieu, l'immigration.

"Il y a encore beaucoup de migrants qui entrent dans le pays et on n'arrive pas encore à gérer le nombre de personnes qui sont déjà là : elles vivent à part," dit Arvid Nikolausson, responsable régional de la formation. "Les temps d'attente à l'hôpital s'allongent pour tout le monde en Suède, il n'y a pas assez de logement et les écoles sont en difficulté, donc nous devons suspendre pour un temps, l'accueil des demandeurs d'asile," insiste-t-il.

"L'argent versé pour les migrants revient toujours sur le tapis"

Le parti SD n'est pas le seul à réclamer des règles plus strictes à l'égard des migrants. C'est aussi le cas des sociaux-démocrates et des conservateurs des Modérés, les deux grandes forces politiques traditionnelles de Suède.

L'afflux de migrants dans le pays en 2015 reste un sujet central. Ce qui génère une certaine frustration chez ceux qui voudraient avancer sur d'autres questions.

_"On se focalise trop sur cette vision avec nous, les Suédois d'un côté et eux de l'autre," _estime Katharina Brännström, députée des Modérés. "On ne parle pas des problèmes dans les écoles ou des services de santé," ajoute-t-elle. "C'est un sujet qui revient toujours sur le tapis : la question de l'argent que l'on verse pour les migrants et les musulmans," indique-t-elle.

Une autre tendance sur place pourrait bénéficier à l'extrême-droite : alors que les Suédois dans leur ensemble sont majoritairement europhiles, l'euroscepticisme est plus fort dans les régions rurales. Deux partis veulent quitter l'Union européenne : les ex-communistes et les Démocrates de Suède.

Electrochoc pour le système politique suédois ?

Mais avant qu'un "Svexit" ne suscite un vrai débat, le système politique suédois pourrait subir un électrochoc.

"Que peut-il se passer d'un point de vue politique si de nombreux électeurs ici au Småland et à travers le pays ne décident de voter pour les Démocrates de Suède ?" s'interroge notre reporter Jona Källgren. "Premièrement," poursuit-il, "cela compliquerait la formation du gouvernement : les partis traditionnels - à gauche et certains de droite - ont prévenu qu'ils refuseraient de travailler avec l'extrême-droite. Mais qu'en sera-t-il vraiment s'ils n'ont pas assez de voix pour former un gouvernement sans elle ?" s'interroge-t-il avant de conclure : "La période post-électorale risque d'être pleine d'incertitude en Suède."

Sources additionnelles • Journaliste : Stéphanie Lafourcatère

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