Cesare Battisti, une cavale de 40 ans, des meurtres et des polars

L'ex-activiste Battisti, extradé, aux mains des autorités italiennes.
L'ex-activiste Battisti, extradé, aux mains des autorités italiennes.
Par Joël Chatreau
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Sa vie est un polar qui finit mal. Après quarante ans d'une incroyable cavale au Mexique, en France et au Brésil, Cesare Battisti, accusé de plusieurs meurtres, doit enfin s'expliquer devant la justice italienne. Portrait de cette figure du terrorisme d'extrême-gauche des années 1970.

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Au plus dur de ce qu'on a appelé les "années de plomb" en Italie, c'est à dire de 1970 à 1980, Cesare Battisti était qualifié en Europe, comme plusieurs dizaines d'autres, d'activiste d'extrême-gauche. De retour dans son pays, après une cavale internationale presque ininterrompue pendant une quarantaine d'années, on parle désormais de lui, spécialement en Italie, comme d'un terroriste. Et ce n'est pas seulement l'avis du ministre de l'Intérieur d'extrême-droite, Matteo Salvini. Le principal candidat à la présidence du Parti démocrate, de centre-gauche, Nicola Zingaretti, le qualifie de "criminel arrogant".

40 ans plus tard, toujours pas de remords

Depuis 1993, date à laquelle il a été condamné par contumace à la prison à vie, Battisti est recherché par les services de sécurité italiens. Il est accusé de deux meurtres et de complicité dans deux autres commis en 1978 et 1979. Il était alors le chef d'un groupuscule nommé "Prolétaires armés pour le communisme". Sous les balles de ce mouvement extrémiste sont tombés un maréchal, un jeune policier, un charcutier et un joaillier. Ce dernier a été exécuté sous les yeux de son fils, qui avait 15 ans au moment du drame et qui, lui-même, a été grièvement blessé, au point de rester tétraplégique.

L'ancien activiste a bien reconnu dans les années 2010 que "prétendre changer la société avec des armes, c'est une connerie !", mais il n'a jamais exprimé de remords. Il faut dire qu'après s'être fait la belle d'une prison italienne en 1981, il a toujours eu la chance d'échapper aux nombreuses demandes d'extradition des autorités de Rome, et cela tout au long de son parcours de fugitif au Mexique, en France, au Brésil, notamment en gagnant plusieurs batailles diplomatico-judiciaires.

Ah, c'était la belle vie à Paris !

De plus, Cesare Battisti a pu rire au nez de la police italienne, en étant installé juste à côté, en France, pendant quatorze années, de 1990 à 2004. Il était en quelque sorte sous la protection du président d'alors, le socialiste François Mitterrand; ce dernier avait décidé de n'extrader aucun militant d'extrême-gauche, à condition d'un renoncement définitif à la lutte armée. Et le repenti en a bien profité, refaisant sa vie à Paris, et devenant même un auteur de polars reconnu. Il en a écrit une douzaine, et la célèbre écrivaine Fred Vargas l'a souvent soutenu.

Mais le président Jacques Chirac, succédant à Mitterrand, mit fin à ce séjour français si sympa. Sentant le vent tourner, Battisti s'exila au Brésil sous une fausse identité. Après trois ans de vie clandestine, il est finalement arrêté et emprisonné pendant quatre ans. Et là encore, à sa sortie, il bénéficie de la protection d'un président, Lula da Silva, qui lui accorde la résidence permanente.

Un polar qui finit mal

Il a fallu l'arrivée au pouvoir du président d'extrême-droite, Jair Bolsonaro, pour que l'éternel fugitif repasse dans la clandestinité... Jusqu'à son arrestation à Santa Cruz de la Sierra, dans l'est de la Bolivie. Quarante ans après ses activités terroristes, Cesare Battisti revient au bercail en Italie, en passant directement par la case prison.

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