Réfugiés maliens en Mauritanie : le défi de l'école en contexte d'urgence

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Réfugiés maliens en Mauritanie : le défi de l'école en contexte d'urgence
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Par Monica PinnaStéphanie Lafourcatère
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La Mauritanie est le deuxième pays d'accueil pour les réfugiés venant du Mali. Près de 60% d'entre eux sont des enfants. Comment les protéger du mariage forcé et du travail infantile et créer un environnement qui leur permette de rester des enfants ? C'est le thème d'Aid Zone au camp de Mbera.

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La Mauritanie est le deuxième pays d'accueil pour les réfugiés en provenance du Mali. Près de 60% des 55.000 personnes recensées sur place sont des enfants. Comment les protéger du mariage forcé à un âge précoce et du travail infantile et créer un environnement qui leur permette de rester des enfants ? C'est ce que nous découvrons dans cette édition d'Aid Zone dans le camp de Mbera.

Le conflit dans le nord et le centre du Mali continue d'empirer avec la montée en puissance de l'extrémisme islamiste et la recrudescence des violences ethniques et du banditisme. Plus de 135.000 Maliens ont fui dans les pays voisins depuis 2012. En Mauritanie, on recense près de 55.000 réfugiés maliens dont 58% d'enfants. Ce qui en fait le deuxième pays d'accueil pour ces réfugiés après le Niger.

Notre reporter Monica Pinna s'est rendue à Mbera, le seul camp qui accueille des réfugiés maliens en Mauritanie. Ils sont 55.000 à avoir parcouru 60 km depuis la frontière pour venir s'installer sur place. Et de nouveaux arrivants continuent d'affluer.

Près des deux tiers des réfugiés sont des enfants et pour eux, aller à l'école est aussi important que d'avoir accès à de la nourriture et à des soins. C'est en particulier, le cas pour Sadio, une adolescente malienne. "Je suis contente parce que l'école, ça a vraiment du sens pour moi : ça me permet de voir le monde autrement," assure-t-elle.

Surmonter les traumatismes

La scolarisation est loin d'aller de soi pour ces enfants : les filles qui résident dans le camp sont de plus en plus exposées au mariage précoce et les garçons au travail infantile.

En plus de ces menaces qui pèsent sur eux, ils sont nombreux à être traumatisés après ce qu'ils ont vécu au Mali.

"J'ai été forcée de me marier quand j'avais 15 ans," raconte Sadio. "Le mariage n'a pas été une réussite parce que j'ai eu une grossesse très difficile ; j'ai survécu et après, mes parents m'ont suggéré de partir en Mauritanie," explique-t-elle.

Sadio a aujourd'hui 17 ans, elle est mère d'une petite fille de deux ans. Si elle va en classe, c'est grâce à Rougui Deme, intervenante sociale d'une ONG locale appelée Ensemble pour la Solidarité et le Développement qui a été financée par l'UNICEF dans le cadre d'un projet soutenu par le service de l'Union européenne à l'aide humanitaire.

Rougui Deme se souvient de sa première discussion avec Sadio : "Je lui ai demandé : 'Tu es allée à l'école ?' Elle m'a dit : 'Oui'. Je lui ai demandé : 'Tu es mariée ?' Elle m'a répondu : 'Non, je suis divorcée.' Je lui ai demandé : 'Tu veux retourner à l'école ?' Elle m'a répondu : 'Oui'. Je me suis dit : Une enfant qui a une enfant est une enfant vulnérable."

Environ 5500 enfants scolarisés dans le camp

Sur un total de 31.000 enfants, 20.000 sont en âge d'être scolarisés. Dans le camp, il y a huit écoles primaires. Le très grand nombre d'enfants représente un défi pour l'UNICEF et le Haut Commissariat pour les réfugiés en raison du manque de salles de classe et d'enseignants. Malgré tout, environ 5500 enfants suivent un cursus scolaire.

"Mes parents n'ont pas fait d'études, donc c'est moi qui vais étudier pour faire de grandes choses," assure une élève de primaire.

"On a des enfants arrivés depuis 2012 qui étaient traumatisés après la crise qu'ils ont vécue chez eux au Nord-Mali," précise Cheikou Vane en charge de la protection infantile à l'UNICEF. "Notre action consiste soit à réinsérer l'enfant à l'école, soit s'il a dépassé l'âge scolaire, à l'intégrer dans des centres d'alphabétisation ou dans l'éducation non formelle," indique-t-il.

Plus de 4600 élèves ont été inscrits en primaire sur les premiers mois de cette année scolaire. Les effectifs sont bien plus faibles dans le secondaire, avec à peine plus de 300 inscrits. La difficulté, c'est de faire en sorte que les enfants poursuivent leur parcours dans le secondaire. L'an dernier, ils étaient environ 50 à terminer le lycée.

L'Union européenne relève le défi, notamment en construisant des écoles. Nous découvrons un lycée dont les murs viennent d'être érigés. Ce chantier représente à lui seul, le rôle joué par l'éducation dans la construction d'un avenir à long terme pour ces enfants d'après le service européen à l'aide humanitaire.

"L'éducation est l'un des volets de l'aide humanitaire qui est le moins bien financé," fait remarquer Isabel Coello, représentante du service de l'UE à l'aide humanitaire. "En premier, il y a la nourriture, les abris, les soins, l'eau et l'éducation ne reçoit que 3% des financements humanitaires mondiaux," poursuit-elle. _"C'est pour cela que l'UE a décidé de soutenir ce secteur et nous avons réussi à faire passer de 1 à 10%, la part dédiée à l'éducation dans notre budget humanitaire,"_ se félicite-t-elle.

L'éducation en contexte d'urgence donne aux enfants un sentiment de normalité et des compétences fondamentales pour leur avenir.

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