L'armée américaine et la CIA veulent leur revanche sur Assange et WikiLeaks

Supporters de Julian Assange devant l'ambassade d'Equateur à Londres
Supporters de Julian Assange devant l'ambassade d'Equateur à Londres Tous droits réservés REUTERS/Simon Dawson
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Par Joël Chatreau
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Ceux qui se frotteraient le plus les mains, si Julian Assange venait à être extradé, sont les militaires et les agents du renseignement américain qui ont été traînés dans la boue à la suite des révélations de WikiLeaks. Revenons sur les différentes attaques qu'ils ont subies à partir de 2012.

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En une dizaine d'années, Julian Assange est devenu le personnage le plus menaçant et gênant pour les Etats-Unis, en particulier pour son armée, ses services de renseignements et forcément pour le plus haut sommet du pouvoir. La justice américaine fait donc tout pour que l'Australien de 47 ans, fondateur de WikiLeaks, soit extradé afin d'être jugé sur son territoire, affirmant qu'il constitue une grave menace pour la sécurité du pays. Les autorités savent toutefois qu'elles marchent sur des oeufs car leur démocratie se veut très protectrice de la liberté d'expression et de la presse.

Un grand jury a été chargé d'enquêter et de collecter un maximum d'informations sur les activités d'Assange, et a ainsi pu l'inculper, en mars 2018, pour "association de malfaiteur en vue de piratage informatique". Sous ce chef d'inculpation, Washington réclame son extradition mais a finalement décidé de ne pas le poursuivre pour espionnage, ni même pour avoir diffusé des documents pourtant ultra-secrets.

2012 : première salve contre l'armée

La première fuite impressionnante et sans précédent, organisée par WikiLeaks à la stupéfaction du monde entier, remonte à 2012. 250 000 courriers diplomatiques américains et environ 500 000 documents classés secret-défense avaient alors inondé les médias et réseaux sociaux; les révélations les plus explosives concernaient des opérations de l'armée américaine en Irak et en Afghanistan, et avaient permis, entre autres, de dénoncer de graves exactions militaires. Les Etats-Unis avaient alors lancé une enquête mais en soulignant la mise en danger évidente de leurs agents de renseignements sur le terrain.

Rapidement, un analyste de l'armée, Bradley Manning (ci-dessus),avait été identifié comme la principale source de la fuite. Julian Assange est soupçonné d'avoir aidé ce soldat à trouver le mot de passe permettant d'entrer dans le système informatique qui abritait les fameux centaines de milliers de documents confidentiels. En 2013, Manning, qui a finalement changé de sexe en prenant le nouveau prénom de Chelsea, a été condamné par une cour martiale à 35 ans de prison; plus tard, le président américain Barack Obama a décidé de commuer sa peine à sept ans de réclusion.

2016, 2017 : les démocrates puis la CIA ciblés

On se rappelle également de l'intervention de WikiLeaks en pleine course à la présidentielle en 2016, qui avait clairement perturbé la campagne des démocrates : les milliers d'e-mails propagés avaient fragilisé leur candidate, Hillary Clinton, face à Donald Trump, adoubé à reculons par le camp républicain. Ce dernier s'en était d'ailleurs félicité en clamant "J'adore WikiLeaks !". Puis en 2017, le lanceur d'alerte avait une nouvelle fois frappé fort, en rendant public des dossiers brûlants et compromettants pour la CIA.

Sorti de force de l'ambassade d'Equateur à Londres, Julian Assange est apparu vieilli, visiblement fatigué, mais ses avocats affirment qu'il a encore des ressources pour "combattre". Ils dénoncent une "persécution politique" de la part des Américains. Mais à priori, le chef d'accusation retenu contre lui aux Etats-Unis l'exposerait ("seulement") à une peine maximale de 5 ans de prison.

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