Soudan: pour Londres, les généraux doivent regagner la confiance en cédant le pouvoir

L'ambassadeur britannique au Soudan, Irfan Siddiq, lors d'un entretien avec l'AFP dans sa residence officielle de Khartoum, le 18 juin 2019
L'ambassadeur britannique au Soudan, Irfan Siddiq, lors d'un entretien avec l'AFP dans sa residence officielle de Khartoum, le 18 juin 2019 Tous droits réservés ASHRAF SHAZLY
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Les généraux qui dirigent la transition au Soudan doivent rapidement remettre le pouvoir à une administration civile s'ils veulent regagner la confiance perdue après la répression sanglante du mouvement de contestation, a estimé mercredi l'ambassadeur de Grande-Bretagne dans un entretien à l'AFP.

Des dizaines de personnes ont été tuées et des centaines blessées le 3 juin dans la dispersion d'un campement installé devant le QG de l'armée à Khartoum pour faire pression sur les militaires et réclamer un transfert du pouvoir aux civils, selon des médecins proches de la contestation et des témoins.

Cette dispersion menée par des hommes armés et en tenue militaire a provoqué un tollé international.

Le Conseil militaire de transition à la tête du Soudan depuis la destitution du président Omar el-Béchir le 11 avril, sous la pression de la rue, assure ne pas avoir ordonné l'opération.

Mais, pour l'ambassadeur de Grande-Bretagne à Khartoum, Irfan Siddiq, c'est bien cette instance qui porte la responsabilité des récents évènements.

"Au final, ce sont les forces de sécurité qui ont mené ces raids et provoqué les morts", dit M. Siddiq lors d'un entretien accordé dans sa résidence officielle.

"Donc le Conseil militaire a la responsabilité d'adopter les mesures (nécessaires) pour (...) reconstruire la confiance qui ouvrirait la voie à une transition civile", poursuit le haut diplomate, dont le pays est l'ancienne puissance coloniale.

Au moins 128 personnes ont été tuées dans la dispersion du sit-in et la répression qui s'est poursuivie les jours suivants, selon des médecins proches de la contestation. Les autorités ont évoqué un bilan de 61 morts.

- "Confiance perdue" -

Le Conseil militaire de transition a regretté des "erreurs qui se sont produites" lors de la dispersion.

Il a assuré que l'objectif initial était de chasser des éléments "criminels" dans un secteur appelé Colombia où aurait circulé de la drogue, près du sit-in.

Les résultats préliminaires d'une enquête lancée par les militaires indiquent que "des officiers et des soldats sont entrés sur les lieux du sit-in, sans l'ordre de leurs supérieurs", selon le porte-parole d'une commission d'investigation mise en place par l'armée.

M. Siddiq, en poste au Soudan depuis avril 2018 et qui parle l'arabe couramment, a assuré que la communauté internationale attendait le rapport définitif de cette commission.

"Jusqu'à ce que cela advienne, comme l'ont dit les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne (...), le Conseil militaire est responsable de la sécurité, donc il est responsable de ce qui s'est passé", estime-t-il.

"Par conséquent, nous devons voir des mesures du Conseil militaire pour construire la confiance" auprès du peuple soudanais et de la communauté internationale, souligne-t-il.

Le 3 juin, quelques minutes seulement après le début de l'assaut contre le sit-in, Irfan Siddiq, dont la résidence se trouve à proximité, avait donné l'alerte.

"Aucune excuse pour une telle attaque. Cela. Doit. Cesser. Maintenant", avait-il écrit sur Twitter.

"Le 3 juin à 05H00 du matin, je pouvais entendre les tirs et, pour moi, c'était très clair ce qui se passait, c'est pour cela que j'ai fait cette déclaration", explique M. Siddiq.

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"Malheureusement, les morts ont eu lieu, beaucoup de gens ont perdu la vie, et il y a une confiance qui a été perdue".

La dispersion du sit-in est intervenue quelques jours après l'arrêt des négociations entre les chefs de la contestation et les généraux au pouvoir, chaque partie voulant prendre la tête de la future instance de transition.

- "Soulèvement populaire" -

Pour M. Siddiq, le Soudan pourrait être confronté à des problèmes majeurs si un pouvoir civil n'était pas mis en place.

"Un pays qui a souffert de 30 années de mauvaise gouvernance, d'isolement, avec des sanctions, des conflits, une mauvaise gestion économique, a vraiment besoin et mérite vraiment mieux", insiste-t-il.

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Si les généraux ne transfèrent pas le pouvoir aux civils, il n'y aura pas de "normalisation" avec la communauté internationale, prévient-il encore.

Le Soudan "restera confronté à des difficultés à moins qu'il ne puisse normaliser (ses rapports) avec le monde, et cette normalisation ne se fera pas à moins de se diriger vers une transition civile", insiste-t-il.

La contestation et les militaires ont accepté de reprendre les négociations, par le biais d'une médiation éthiopienne.

Mais "le fait est que les morts qui ont eu lieu le 3 juin ont compliqué la situation, et font qu'il est plus difficile de trouver un accord", prévient l'ambassadeur britannique, ajoutant: "Si la volonté du peuple soudanais (...) n'est pas satisfaite, je pense qu'un soulèvement populaire pourrait se reproduire".

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