Le Japon et la Corée du Sud se sanctionnent sur fond de différends historiques

 Le 3 août, des Sud-coréens assistent à un rassemblement anti-japonais près de l'ambassade du Japon à Séoul (Corée du Sud)
Le 3 août, des Sud-coréens assistent à un rassemblement anti-japonais près de l'ambassade du Japon à Séoul (Corée du Sud) Tous droits réservés REUTERS/Kim Hong-Ji
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Par Euronews avec AFP
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Ambiance glaciale entre Séoul et Tokyo. Les ministres des affaires étrangères se sont rencontrés à Bangkok en présence de Mike Pompeo.

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Le Japon et la Corée du Sud se sont infligés vendredi des restrictions commerciales réciproques, dans un contexte de hausse des tensions entre les deux pays liées à des différends historiques.

Tokyo a d'abord décidé de rayer la Corée du Sud d'une liste d'Etats bénéficiant d'un traitement de faveur, mesure perçue comme une sanction par Séoul qui a répliqué avec une radiation similaire et menacé de ne pas reconduire un accord de partage de renseignements militaires.

Effectif le 28 août

La disposition japonaise prendra effet le 28 août, a précisé le ministre nippon du Commerce et de l'Industrie, Hiroshige Seko.

Tokyo a dégradé la Corée du Sud de la catégorie des Etats A (exemptés de procédures d'autorisation pour acheter des produits sensibles de fabricants japonais) à celle des Etats B (autorisation spéciale obligatoire). Le Japon signifie ainsi que son voisin n'est pas fiable et qu'il faut s'assurer avant d'exporter qu'il ne va pas utiliser à des fins détournées (militaires notamment) les matériaux et équipements venant du Japon.

Pour les autorités japonaises, "il s'agit simplement d'une révision de la liste des pays de confiance, nécessaire dans le cadre d'une gestion appropriée du contrôle des exportations, pour la sécurité nationale", a justifié M. Seko, niant qu'il s'agisse d'une sanction.

L'occupation japonaise en question

Mais la tension grimpe entre Tokyo et Séoul, sur fond de différends liés à l'occupation coloniale de la péninsule coréenne par le Japon (1910-1945), qui empoisonnent leurs relations depuis des lustres.

Le gouvernement japonais est furieux que des tribunaux sud-coréens exigent d'entreprises japonaises qu'elles dédommagent des Sud-Coréens qui avaient été forcés de travailler dans leurs usines durant l'occupation japonaise jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

A Séoul, le gouvernement a rapidement réagi en retirant le Japon de sa "liste blanche" des partenaires commerciaux privilégiés. Ce qu'a fait Tokyo "sape fondamentalement la relation de confiance et de coopération que les deux pays ont établie", a accusé le ministre sud-coréen des Finances Hong Nam-ki.

Le président sud-coréen Moon Jae-in a fustigé "cette action égoïste (qui) infligera des dégâts énormes à l'économie mondiale en perturbant la chaîne internationale des approvisionnements", et enjoint au Japon de "revenir dès que possible sur ses mesures unilatérales et injustes et dialoguer".

Rencontre avec Mike Pompeo

Cette escalade est intervenue alors que les ministres des Affaires étrangères des deux pays, le Japonais Taro Kono et la Sud-Coréenne Kang Kyung-wha, étaient réunis à Bangkok autour du chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, qui avait dit vouloir les aider à trouver une issue à la crise.

Les trois dirigeants sont apparus devant les caméras dans une ambiance glaciale, sans dire un mot et sans même se serrer la main.

La réunion "s'est bien passée", a toutefois assuré ensuite un haut responsable américain, estimant que sa simple tenue démontrait la volonté de "trouver une solution".

"Si cette relation se détériore", "les intérêts des Etats-Unis sont également en jeu", a-t-il prévenu, Séoul et Tokyo étant des alliés-clés de Washington en Asie.

Le Japon a cherché à minimiser l'impact de sa décision. "Ce n'est pas un embargo sur les exportations. Cela n'affectera pas la chaîne d'approvisionnement et n'aura pas d'impact négatif sur les entreprises japonaises", a argué M. Seko.

Selon Tokyo, nombre de firmes nippones disposent déjà d'une autorisation pour exporter vers des pays de catégorie B, et ce sésame sera utilisable pour la Corée du Sud. Cependant, vue de Séoul, cette nouvelle disposition ne sera pas aussi bénigne que les Japonais veulent bien le dire.

La liste concerne 15 catégories regroupant chacune des dizaines de produits, allant des armes à divers appareils électroniques, en passant par des produits chimiques, des matériaux avancés ou des équipements pour les navires.

Menace pour la sécurité régionale

"L'impact est susceptible de se propager au secteur de l'automobile et des écrans organiques (OLED) parmi beaucoup d'autres", a expliqué à l'AFP à Séoul Mun Byung-ki, un chercheur de l'Association coréenne du commerce international.

Le Japon avait déjà décidé début juillet de lever l'exemption de procédure pour trois produits chimiques nécessaires entre autres à la fabrication de smartphones et de téléviseurs, une décision très pénalisante pour les géants de l'électronique sud-coréens comme Samsung et LG Electronics.

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La cheffe de la diplomatie sud-coréenne a averti que "le cadre de coopération en matière de sécurité entre la Corée du Sud et le Japon pourrait être affecté" par les mesures prises par Tokyo. Elle a notamment indiqué que la reconduction d'un accord de partage de renseignements militaires pourrait être compromise.

-AVEC AFP-

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