Selon les experts, la probabilité d'apparition du coronavirus dans l'UE est "modéré" mais le risque épidémique existe bien.
Les autorités sanitaires européennes devraient être prêtes à faire face au coronavirus 2019-nCoV s'il atteignait le Vieux Continent. C'est en tout cas ce qu'a déclaré à Euronews le directeur d'une agence sanitaire de premier plan, alors que le nombre de décès a augmenté en Chine.
On sait maintenant que 17 personnes sont mortes du virus en Chine, une information confirmée par les autorités locales, qui avaient annoncé il y a quelques jours que la maladie pouvait être transmise d'homme à homme.
Plus de 400 personnes ont été infectées, avec des cas signalés au Japon, en Corée du Sud, en Thaïlande et aux États-Unis.
Ce mercredi, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies estimait que la probabilité d'apparition du virus dans l'UE était "modéré". L'agence sanitaire avertissait toutefois que le risque d'arrivée augmenterait fin janvier, car les gens se rendaient en Chine et en revenaient pour célébrer le Nouvel an chinois.
La Plateforme Européenne de Préparation Contre les Epidémies (re-)Emergentes, un projet financé par l'UE visant à réagir rapidement aux épidémies, a déclenché mardi son Mode 1. "Nous considérons qu'il existe une menace crédible de pandémie aussi en Europe", a déclaré à Euronews Herman Goossens, coordinateur de PREPARE et directeur de la pathologie clinique à l'hôpital universitaire d'Anvers.
Le Mode 1 consiste à préparer les sites cliniques et les laboratoires de diagnostic pour traiter des cas sur le sol européen et lancer des discussions entre chercheurs de diverses institutions sur des questions de recherche, notamment des meilleures stratégies de traitement pour les patients.
Une réponse internationale "très rapide"
Mais contrairement aux pandémies précédentes, la réponse internationale a été jusqu'à présent "très rapide", souligne Herman Goossens. "Maintenant, heureusement, nous connaissons la séquence à venir - les Chinois ont publié cette information il y a 10 jours - et un test a été validé par des chercheurs européens".
Il ajoute : "L_es données de séquençage ont été publiées très rapidement, le test de diagnostic a été développé très rapidement et nous discutons déjà du protocole clinique. Je n'ai jamais vu ce genre de réaction lors d'épidémies ou de pandémies précédentes_".
"L'UE est-elle équipée pour faire face à une épidémie ? Oui, ou du moins pas encore, mais elle devrait l'être", a-t-il poursuivi, avant la fin janvier et le début février, lorsque les cas européens seront les plus susceptibles d'être signalés.
Le soutien des laboratoires de diagnostic sera essentiel, selon le coordinateur de PREPARE, car la saison hivernale pourrait également entraîner un pic de cas de grippe, ce qui pourrait inciter les personnes inquiètes à se précipiter chez leur médecin et à exiger de subir un test de dépistage du virus.
Une approche ciblée de dépistage "envisagée"
Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies a déclaré à Euronews dans un courriel que le dépistage de cas à l'entrée du territoire européen n'est pas considéré comme une mesure efficace pour détecter les voyageurs arrivant avec des maladies infectieuses, mais qu'une "approche ciblée sur les passagers des vols directs entrants peut être envisagée".
Londres, Paris et Rome sont les trois seuls villes de l'UE avec des aéroports proposant des vols directs vers Wuhan, la ville de Chine centrale considérée comme l'épicentre de l'épidémie.
Ces contrôles à l'entrée sont désormais effectués en Australie et aux États-Unis. Le Japon et la Corée du Sud ont également intensifié les contrôles dans les aéroports.
En Chine, des contrôles de température sont effectués dans les aéroports.
Pour prévenir la propagation du coronavirus au-delà de l'Asie, l'OMS recommande aux personnes qui se rendent en Chine pour les festivités du Nouvel an lunaire d'éviter tout contact avec des personnes souffrant d'infections respiratoires aiguës ainsi qu'avec des animaux d'élevage ou sauvages vivants ou morts. Elle conseille également de se laver fréquemment les mains.
Les dépistages, inutile dans une société interconnectée ?
Mais, malgré le déploiement de ces dépistages, pour Mika Salminen, une expert basé à Helskinki, ces derniers pourraient ne pas aider à prévenir la propagation du coronavirus.
"Je suis très surpris qu'autant de pays aient déployé ces dépistages. L'OMS est très claire dans ses recommandations : cela n'est pas très utile. Il est en fait impossible d'attraper tout le monde dans une société interconnectée", a déclaré M. Salminen, directeur du département de la sécurité sanitaire à l'Institut finlandais de la Santé et du Bien-être. "C'est plus du spectacle que de l'effet. C'est probablement futile".