Plus d'une semaine après la suspension du jumelage entre Saint-Jean-de-Braye et Tuchów, les relations sont toujours au même point. Si les Français veulent discuter, les Polonais se veulent plus fermés.
C'est un petit incident diplomatique entre une ville française et une autre polonaise. Le 14 février dernier, Saint-Jean-de-Braye, près d'Orléans, a décidé de suspendre son jumelage avec Tuchów, petite bourgade du sud de la Pologne suite à l'adoption d'une décision concernant l'enrayement de l'idéologie LGBT + (Lesbien, Gay, Bisexuel Transsexuel et autres). "Les radicaux voulant la révolution culturelle en Pologne, attaquent la liberté de parole, l’innocence des enfants, l’autorité de la famille et de l’école ainsi que la liberté des entrepreneurs" écrit, le 29 mai 2019, Stanislas Obrzut, président du Conseil Municipal de Tuchów dans le compte-rendu de la décision.
Par un vœu présenté au Conseil municipal de Saint-Jean-de-Braye puis voté à l’unanimité, les relations officielles entre les deux villes ont donc été suspendues. "On n'est pas d’accord avec le choix de la municipalité, mais ce n’est pas la population du Tuchów que l’on stigmatise" explique Colette Martin-Chabbert, ajointe au maire et déléguée aux relations internationales.
Dans une interview accordée à Onet.pl, l'un des plus grands portails web polonais, Magdalena Marszałek, mairesse de Tuchów se défend : "Nous avons expliqué aux habitants de Saint-Jean-de-Braye que c'est une position de parti imposée d'en haut, à laquelle nous ne nous identifions pas". Selon elle, cette décision aurait été imposée par le parti Droit et Justice, classé à droite ou à l'extrême droite. Pour autant, le texte a été présenté puis voté.
Suspension des relations
"On ne transigera pas sur notre position, sur la lutte contre l’homophobie. On aimerait bien que les choses soient éclaircies" continue Colette Martin-Chabbert. Car, pour le moment, les relations ne sont pas rompues, mais seulement suspendues. La municipalité française reste donc à l'écoute. Ce n'est pourtant pas le même son de cloche de l'autre côté : "En France, la campagne avant les élections locales est actuellement en cours. J'ai l'impression que ce sujet a été utilisé pour leur campagne électorale. Cela change la forme des choses et je peux difficilement imaginer une coopération plus poussée. [...] Je demanderai que cette coopération soit interrompue" a déclaré Magdalena Marszałek. A l'annonce de cet argument, l'adjointe au maire répond du tac-o-tac : "On y a même pas pensé. Notre prise de position correspond aux idées que nous défendons".
Sur les réseaux sociaux, les réactions se sont faites nombreuses. "Certains nauséabonds" comme le précise Colette Martin-Chabbert. Mais la plupart d'entre eux félicitent la ville d'avoir pris une telle décision.
Proposition de jumelage
A quelque 300 kilomètres au nord de Tuchów, une autre ville, plus petite, tente de profiter de cette situation. Quatre jours seulement après l'annonce de la suspension des relations, Włodawa envoie une lettre à l'équipe municipale de Saint-Jean-de-Braye :
Une demande qui reste pour le moment en stand-by : "C'est une belle lettre, en anglais. Nous n'avons pas encore répondu. Mais je ne ferai pas l'injure à la ville de Tuchów de dire que j'ai choisi quelqu'un d'autre, ce n'est pas correct. Ce qui n'enlève rien à leur initiative" termine Colette Martin-Chabbert.
D'autres cas similaires
Au nord de Paris, la ville de Nogent-sur-Oise a également décidé de suspendre, pour les mêmes raisons, ses relations avec la ville polonaise de Krasnik.
Plusieurs autres villes françaises se posent également la question et réfléchissent à casser leurs jumelages avec les villes polonaises ayant adopté une décision anti-LGBT.