Les stratégies entre les pays européens apparaissent plutôt disparates.
Les stratégies entre les pays européens en matière de tests de dépistage du coronavirus apparaissent quelque peu disparates.
C'était il y a quelques jours à Genève. Le patron de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus adressait un message clair aux pays touchés par la pandémie de coronavirus : "Nous ne pouvons pas nous battre contre un virus sans savoir qui est contaminé. Testez, testez, testez !", avait-il martelé.
Qui est testé et qui ne l'est pas ?
Mais pour l'heure, tous les pays n'ont pas tout à fait suivi cette recommandation. C'est notamment le cas de la France, qui a choisi de limiter les tests aux cas les plus graves dans le but d'assurer "une meilleure prise en charge des patients". Sont donc testés "les personnes fragiles, les personnes hospitalisées et les professionnels de santé", indique le Twitter du gouvernement.
Ce qui explique en partie que le nombre de cas de contaminations au covid-19 soit sous-estimé. "Nous ne testons pas tous les sujets du virus", a reconnu Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, "parce que de nombreux patients sont asymptomatiques". "Certaines études internationales nous disent que jusqu'à 9 personnes sur 10 ignorent qu'elles sont porteuses ou ont été porteuses du virus parce qu'elles n'ont eu pas ou peu de symptômes", a-t-il également déclaré.
Gwenaëlle, mère de deux enfants qui travaille dans le secteur paramédical, a été diagnostiquée par son médecin comme "très probablement" atteinte du covid-19. Le diagnostic s'est fait "par téléphone".
Au 9ème jour, Gwenaëlle se demande comment elle saura si elle est guérie et si elle est encore contagieuse ou non. Etre sûre de son état lui permettrait par exemple d'être "mobilisée à l'issue de son arrêt de travail dans des structures médicales ou paramédicales en soutien au personnel soignant". "Cela me permettrait aussi d'être plus sereine par rapport au confinement vis-à-vis de ma famille", explique-t-elle.
Combien de tests réalisés en France ?
Selon Santé Publique France, la France aurait réalisé près de 40 000 tests entre le 24 février et le 15 mars, avec une progression au cours de la première moitié du mois de mars, selon le dernier point épidémiologique du 15 mars.
Ce dimanche, le Directeur général de la santé annonce que "plus de 4 000 tests sont effectués chaque jour" et que "plus de 60 000 tests ont été réalisés depuis le début" de la pandémie.
"Nous sommes dans les premiers pays européens en matière de capacités de tests", a-t-il affirmé.
La stratégie française est-elle si différente de celle des autres pays ?
Tout dépend du voisin. L'Allemagne a de son côté choisi de réaliser les tests de manière plus large et plus massive. Le pays en aurait réalisé 100 000 rien qu'en une semaine et a même opté pour un dépistage au volant, qui permet aux patients de se faire tester sans quitter leur voiture.
Au 20 mars, selon des chiffres officiels du gouvernement, l'Italie avait réalisé plus de 124 000 tests sur l'ensemble du territoire. Notons néanmoins que l'Italie a été confrontée à une hausse exponentielle du nombre de cas avec environ 10 jours d'avance sur la France et que la comptabilisation n'est pas forcément la même.
A titre de comparaison, en Corée du Sud, où le nombre de nouveaux cas a fortement baissé, plus de 320 000 tests ont été réalisés depuis le 3 janvier 2020, selon les chiffres du KCDC (Centre de contrôle et de prévention des maladies sud-coréen).
Mais la France n'est pas la seule à avoir opté pour une stratégie de dépistage plus ciblée. L**'Espagne ne teste également que les cas les plus graves**. Mais Paris comme Madrid semblent néanmoins opérer un progressif changement de stratégie.
Inflexion de la stratégie
Samedi, le ministre de la Santé français Olivier Véran a dit travailler avec les industriels pour augmenter les capacités, afin de "multiplier les tests à la fin du confinement".
"Nous allons continuer à multiplier nos capacités de tests pour être prêts quand il faudra lever le confinement", a réaffirmé le Directeur général de la Santé Jérôme Salomon ce dimanche. Car à terme, cela permettrait de détecter les cas asymptotiques, qui passent sous les radars mais qui continuent de contaminer.