Une Afghane donne la vie pendant qu'Etat islamique fait un massacre dans une maternité

La mère et son bébé, rescapés de la tuerie dans une maternité de Kaboul - Afghanistan - le 13 mai 2020
La mère et son bébé, rescapés de la tuerie dans une maternité de Kaboul - Afghanistan - le 13 mai 2020 Tous droits réservés AP Photo/Rahmat Gul
Par Joël Chatreau
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button

Une femme afghane a réussi à donner la vie malgré la tuerie qui était perpétrée autour d'elle par des djihadistes du groupe Etat islamique. C'était mardi dernier dans une maternité de Kaboul où 24 personnes ont été exécutées, dont 11 femmes enceintes.

PUBLICITÉ

Un nourrisson, un petit bout de fille afghane, a défié la mort mardi dernier 12 mai dans les pires circonstances qui puissent exister pour une naissance. Alors que trois hommes, armes de guerre à la main, arpentaient les couloirs de l'hôpital de Dasht-e-Barchi, dans la partie ouest de Kaboul, puis tiraient à vue sur tout être humain présent dans la maternité, une femme a réussi au contraire à donner la vie, et sans perdre la sienne.

Elle faisait partie d'un petit groupe de dix femmes enceintes qui, grâce au sang froid d'une sage-femme, a pu se réfugier dans une pièce à l'épreuve des balles et même des explosions, comme il en existe dans certains lieux publics et bâtiments officiels de la capitale afghane, habituée à l'horreur des conflits depuis si longtemps. Terrifiée par les tirs et les cris partout alentour, la jeune Afghane a fini par accoucher...

"Nous avons enroulé le bébé (...) dans les foulards que nous avions sur nos têtes"

Ses compagnes d'infortune lui ont aussitôt porté assistance mais à mains nues. "Nous n'avions rien d'autre dans la pièce que du papier toilette, et nos foulards", a témoigné la sage-femme qui pouvait au moins leur prodiguer des conseils. Ce vendredi, à peine remise du cauchemar bien réel, elle s'est un peu confiée à l'Agence France-Presse, mais en souhaitant garder l'anonymat pour se protéger.

Elle raconte :

Lorsque le bébé est né, nous avons coupé le cordon ombilical avec nos mains. Nous avons enroulé le bébé et la mère dans les foulards que nous avions sur nos têtes

Pendant de longues minutes, les tueurs, qui se faisaient passer pour des militaires mais étaient en fait des membres de la branche afghane du groupe Etat islamique - les services de sécurité de Kaboul l'affirment -, ont crié aux femmes d'ouvrir la porte du local sécurisé où elles s'étaient enfermées. Mais elles n'ont pas cédé bien sûr, et ils ont finalement abandonné.

La sage-femme se souvient :

La mère souffrait, mais tentait de ne pas faire de bruit (...) Elle a même mis son doigt dans la bouche du nouveau-né pour l'empêcher de pleurer
The Associated Press. All rights reserved.
AfghanistanThe Associated Press. All rights reserved.Rahmat Gul

Onze femmes enceintes tuées, même en salle d'accouchement

La violente attaque de l'hôpital de Dasht-e-Barchi a duré près de quatre heures. Au total, les terroristes ont tué 24 personnes, avant d'être abattus par l'armée. Parmi les 26 femmes afghanes qui étaient en soins dans la maternité, 11 sont tombées sous leurs balles, dont trois qui se trouvaient en salle d'accouchement.

Les trois hommes sanguinaires ont également tué des infirmières et n'ont pas hésité non plus à massacrer des nourrissons. 18 d'entre eux ont survécu, et ce sont des soldats qui les ont pris dans leurs bras pour les évacuer (comme ci-dessus).

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Norvège : ouverture du procès pour l'attaque meurtrière d'un bar gay

Europe : la France et l'Espagne ont rendu hommage aux victimes du terrorisme

Turquie : l'Etat islamique revendique l'attaque contre une église, les deux assaillants arrêtés