Explosions à Beyrouth : "Il n'y avait pas assez de place dans les hôpitaux pour les blessés"

Interview d'un médecin à Beyrouth
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Par Guillaume Petiteuronews
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Déjà confronté à la crise économique et à la pandémie de Covid-19, le système de santé libanais va-t-il tenir le choc ? Témoignage de Ismaïl Hassouneh, médecin présent à Beyrouth et secrétaire national du Secours populaire.

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Les deux explosions qui ont secoué Beyrouth mardi surviennent au pire des moments pour le Liban, qui affronte une grave crise économique. La ville sinistrée doit gérer plusieurs milliers de blessés et des centaines de milliers de sans-abris. Les hôpitaux de la capitale, déjà mis à rude épreuve par la pandémie de Covid-19, sont submergés. Euronews s'est entretenue avec Ismaïl Hassouneh, médecin présent à Beyrouth et secrétaire national du Secours Populaire.

"Les hôpitaux à Beyrouth ont été submergés et saturés. On a commencé à aider pour trouver des places dans les différentes régions libanaises."
Ismaïl Hassouneh
Médecin libanais et secrétaire national du Secours populaire

Comment les patients sont-ils pris en charge ? A quel point les hôpitaux sont-ils submergés ? Qu'avez-vous pu constater?

Ismaïl Hassouneh : C'est la première fois dans l'histoire du Liban qu'il y a eu une explosion qui provoque quatre mille blessés. C'est énorme. Première constatation : les hôpitaux à Beyrouth ont été submergés et saturés. On a commencé à aider pour trouver des places dans les différentes régions libanaises. Et donc on a envoyé des patients jusqu'à 80 ou 100 km de Beyrouth pour trouver des places. Deuxièmement, la nature de l'explosion a provoqué des plaies multiples à des personnes qui se trouvaient à côté ou même à 10 kilomètres de cette explosion.

Est ce que l'ensemble du système hospitalier libanais va tenir le choc face à l'urgence?

Ismaïl Hassouneh : Le système de santé libanais n'a pas pu tenir le choc face à la pandémie de covid-19, comment voulez-vous qu'il puisse tenir le choc après une explosion de cette ampleur ? Il y avait déjà un manque de lits et de possibilités. La crise financière et économique a provoqué une importante désorganisation des hôpitaux. Et en plus de ça, il y a eu cette explosion. Et il n'y avait pas assez de place pour accueillir les blessés. Ils étaient entassés dans les couloirs des hôpitaux en attendant de trouver des places, avec un tri qui s'est fait en fonction de la gravité.

"La crise financière et économique a provoqué une importante désorganisation des hôpitaux."
Ismaïl Hassouneh
Médecin présent à Beyrouth et secrétaire national du Secours populaire

Il y a aussi des centaines de milliers de personnes qui sont sans abri. Pensez-vous que l'aide internationale est suffisante à ce stade ?

Ismaïl Hassouneh : Actuellement, ce n'est pas suffisant. On estime le nombre de personnes sinistrées à environ 300 000 personnes, ce qui est énorme. Cela ressemble à mon expérience après la guerre de 2006, qui a conduit un million de personnes à être déplacées (...) Le problème le plus important maintenant, ce sont tous les appartements dévastés , surtout dans les quartiers proches du port. Et là tout le monde essaie de trouver des places pour héberger ces personnes, que ce soit dans des écoles ou chez des amis. (...) Le gouvernement libanais et les associations humanitaires font un effort, bien sûr, pour la prise en charge. Mais ce n'est pas suffisant. Surtout car nous traversons actuellement au Liban une crise économique et financière, avec une dévaluation très importante de la monnaie. Résultat : une personne qui avait un salaire de 1 000 euros se retrouve maintenant avec un salaire de 200 euros.

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