Après la catastrophe au Liban, l'élite politique peut-elle se réformer ?

Emmanuel Macron à Beyrouth : décryptage
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Par Guillaume Petiteuronews
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Emmanuel Macron s'est rendu à Beyrouth pour coordonner l'aide internationale et appeler les dirigeants libanais à entreprendre des réformes. Décryptage avec notre invitée : Carla Eddé, Professeur à l'Université Saint-Joseph de Beyrouth.

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Emmanuel Macron s'est rendu à Beyrouth, deux jours après les deux explosions qui ont dévasté plusieurs quartiers de la capitale libanaise. Le président français, premier chef d'Etat étranger à se rendre sur place, a été accueilli par le président libanais Michel Aoun. Une visite lourde de sens étant donné les relations historiques entre la France et le Liban. 

Il s'est ensuite rendu au port, lieu des déflagrations, où il a salué les secouristes mais aussi les renforts français arrivés sur place. Emmanuel Macron a dit vouloir organiser la coopération européenne et plus largement la internationale pour venir en aide à Beyrouth.  

Acclamé par des habitants, le président a profité d'un bain de foule dans les rues. Mais alors que le pays connait une grave crise économique et que la classe dirigeante est accusée de corruption et d'incompétence par les Libanais, le président français n'a pas hésité à exhorter les dirigeants à mener des "réformes indispensables". 

"C'est une crise politique, morale, économique et financière dont la première victime est le peuple libanais"
Emmanuel Macron

"Nous savons que la crise ici est grave. Elle implique une responsabilité historique des dirigeants en place. C'est une crise politique, morale, économique et financière dont la première victime est le peuple libanais et elle impose des réactions extrêmement rapides. Pour moi, cette visite est aussi l'occasion d'un dialogue de franchise, d'une exigence aussi à l'égard des forces politiques et des institutions libanaises", a déclaré Emmanuel Macron.

Guillaume Petit, euronews : Carla Eddé, vous êtes Vice-recteur aux relations internationales à Université Saint-Joseph de Beyrouth. Il y a une volonté d'Emmanuel Macron de prendre le leadership pour venir en aide à Beyrouth. Les relations politiques avec le Liban, ancien protectorat français, sont fortes. La diaspora libanaise vivant en France est importante. Pour autant, les relations commerciales sont limitées. La France exporte moins vers le Liban que l'Italie, la Grèce, l'Allemagne, la Chine où les Etats unis. La France a-t-elle encore autant de poids pour jouer ce rôle de "parrain" ? 

Carle Eddé : "Pour ma part, je dirais que les relations France-Liban dépassent le seul cadre économique, même s'il a naturellement son importance. C'est une relation qui a su se renouveler et se renforcer et se fortifier avec le temps. Donc oui, il y a eu beaucoup de promesses. Il y a même déjà des avions qui sont arrivés, des pays arabes : du Koweït, du Qatar, des Emirats, de la Tunisie, de l'Irak et j'en oublie. Mais il y a en même temps aussi un besoin de coordination et la France est bien placée pour jouer ou contribuer à ce rôle de coordination, puisqu'elle a quand même une connaissance intime du Liban et de ses acteurs, et cela peut naturellement faciliter les choses".

"La France est bien placée pour jouer ou contribuer à ce rôle de coordination au Liban"
Carla Eddé
Professeur à l'Université Saint-Joseph de Beyrouth

Guillaume Petit, euronews : Le président français a aussi exhorté les dirigeants libanais à opérer des réformes, des réformes qui sont attendues par la population, qui ont été réclamées dans la rue depuis des mois. Quelles sont ces réformes qu'il faut mettre en place?

Carle Eddé : "Il faut consolider l'Etat et il faut assainir l'État. Très concrètement, il faut une véritable indépendance de la justice, des fonctionnaires et des administrations qui fonctionnent, où les fonctionnaires ne se sentent pas protégés par la corruption. Est ce que le système peut se réformer ? Nous sommes très nombreux à en douter. Le président Macron est maître de sa décision, mais nous voulons un changement. Et le changement, il est certainement sur le plan politique, avec des forces d'opposition qui arrivent à remporter des élections qui ne seraient pas uniquement dominées par l'argent. Nous avons absolument besoin de réformes. Est ce que l'élite politique actuelle peut se réformer ? C'est quand même une question qui laisse songeur puisque malheureusement, ce que nous en voyons jusqu'ici n'augure rien de bon."

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