Après avoir été libéré, le magnat des médias hongkongais s'est rendu dans les locaux de son groupe de presse enjoignant ses journalistes à continuer de se battre.
Le magnat des médias hongkongais Jimmy Lai a été libéré sous caution ce mercredi dans l'ancienne colonie britannique. Cette libération fait suite à son arrestation, lundi, en vertu de la nouvelle loi sur la sécurité nationale imposée par la Chine à Hong Kong et promulguée le 30 juin dernier.
Jimmy Lai, dont le tabloïd prodémocratie Apple Daily est très populaire à Hong Kong, est ressorti libre du commissariat de police du quartier de Mong Kok vers minuit (soit mardi 18h, heure de Bruxelles), au milieu d'une foule de partisans qui ont salué sa libération, certains brandissant la une du journal en signe de soutien.
Sa caution a été fixée à 300 000 dollars de Hong Kong (soit plus de 33 000 euros), assortie d'une garantie de 200 000 HK$, selon le quotidien anglophone du territoire semi-autonome South China Morning Post.
Plus tard dans la journée, Jimmy Lai s'est rendu dans les locaux de son groupe de presse, quelques heures après sa libération sous caution à l'issue de 40 heures de garde à vue. Et c'est sous l'acclamation du personnel qu'il a fait le tour de la salle de rédaction de l'Apple Daily, où il a appelé ses journalistes à "se battre".
"Battons-nous, battons-nous", a lancé Jimmy Lai aux journalistes, selon une vidéo diffusée en direct sur Facebook, avant d'ajouter : "nous avons le soutien des habitants de Hong Kong, nous ne pouvons pas les laisser tomber".
Dans cette même vidéo, il a demandé à sa rédaction de conserver dans leurs articles le ton qui suscité la colère de la Chine et du camp pro-Pékin à Hong Kong. Jimmy Lai a reconnu toutefois qu'il devenait "_de plus en plus difficil_e" de gérer un groupe de presse à Hong Kong.
"Mais nous devons poursuivre notre travail", a-t-il ajouté. "Heureusement, je n'ai pas été renvoyé sur le continent", a-t-il dit en faisant preuve de l'humour noir qui le caractérise.
Jimmy Lai, 71 ans, fait partie des dix personnes arrêtées, par la police lundi dans le cadre d'un vaste coup de filet contre la mouvance prodémocratie.
Ces neuf autres personnes, dont les deux fils de Lai, auraient été élégamment libérés un par un dans la nuit de mardi à mercredi, selon des sources du South China Morning Post.
Ces interpellations ont suscité l'indignation de la communauté internationale qui y voit la fin des libertés Hong Kong, une ville qui est depuis des décennies le siège régional de nombreux médias internationaux.
Le richissime septuagénaire a été interpellé pour des soupçons de collusion avec des forces étrangères, une des infractions visées par la nouvelle législation sécuritaire entrée en vigueur fin juin, et de fraudes.
Son groupe de presse, Next Digital possède résolument prodémocratie possède deux titres critiques du régime chinois, le quotidien Apple Daily et le magazine Next.
Par le passé, Jimmy Lai avait été déjà arrêté, mais c'est la première fois qu'il l'a été en vertu de la nouvelle loi très répressive imposée par Pékin, qui met par exemple fin à l'indépendance judiciaire de Hong Kong jusqu'ici vigueur dans le territoire semi-autonome.
Pour les militants pro-démocratie, ce texte est éminemment liberticide, sonnant le glas du principe “_Un pays, deux systèmes_”.
Ruée sur l'Apple Daily et explosion en bourse du titre Next Digital
Ce mardi, les habitants de l'ex-colonie britannique se sont précipités dans les kiosques pour se procurer l'Apple Daily, qui avait anticipé cette demande en tirant exceptionnellement à 550 000 exemplaires, contre 70 000 en temps normal.
"Nous nous battrons", a proclamé en Une l'Apple Daily de ce mardi, une promesse écrite en rouge vif sur une photo pleine page de Jimmy Lai encadré par des policiers.
L'arrestation de Jimmy Lai a également provoqué une vague d'achat d'actions de son groupe de presse Next Digital. Entre lundi matin et la clôture de la Bourse mardi soir, le titre a pris plus de 1 100%.