"La première chose que l’on demande à ce clown, c’est de rendre l’argent au peuple libyen." Retour sur l'interview fracassante donnée par Saïf Al-Islam à Euronews en mars 2011.
Alors que s'est ouvert le procès de l'affaire dite "des écoutes", d'autres dossiers attendent Nicolas Sarkozy. Le plus sulfureux peut-être, c'est celui du financement de sa campagne présidentielle de 2007. Retour au début 2011, avant que l'affaire n'éclate, avec un entretien réalisé à Tripoli par le chef de notre équipe arabophone, Riad Muasses, à Tripoli, avec Saïf Al-Islam Kadhafi, fils cadet du leader libyen Mouammar Kadhafi.
"La première chose que l’on demande à ce clown, c’est de rendre l’argent au peuple libyen." Autant spoiler tout de suite le contenu de cette interview, car c'est cette petite phrase qui nous intéresse, et c'est elle qui est bien connue de ceux qui suivent l'affaire des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.
Retour donc en mars 2011. La Libye est au bord de l'explosion. Après la répression sanglante d'émeutes à Benghazi par le régime de Mouammar Kadhafi, un Conseil National de Transition est créé. Nicolas Sarkozy reçoit à ses membres à Paris et en reconnaît la légitimité représentative. Sous l'égide du Président français et de David Cameron, l'ONU vote l'autorisation de frappes aériennes contre les forces de Khdafi, pour la "protection du peuple libyen".
Le clan Kadhafi en fuite
La guerre civile fait rage tout l'été - Tripoli, puis Syrte tombent aux mains des rebelles. **Le "Guide" est tué le 20 octobre - dans des circonstances qui suscitent encore des interrogations. ****Le clan Kadhafi est en fuite, et Saïf Al-Islam est arrêté puis jeté en prison**. Il en ressortira cinq ans plus tard, trois doigts en moins, et réitèrera alors ses accusations, affirmant toujours détenir les "preuves" de financement, à coup de dizaines de millions d'euros, de la campagne de Nicolas Sarkozy.
Claude Guéant "sur une valise"
Selon une lettre envoyée aux juges français et dont le Monde a eu connaissance, c'est Claude Guéant qui aurait réceptionné à Tripoli l'argent destiné à la campagne. Béchir Salah, alors directeur de cabinet du dirigeant libyen, aurait raconté à Saïf Al-Islam que l'argent ne rentrant pas dans la valise, Claude Guéant aurait dû monter dessus pour la fermer...
Objet d'un mandat d'arrêt émis par la Cour pénale internationale et Interpol, pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, Saïf Al-Islam Kadhafi a entre temps été jugé par contumace en Libye et condamné à la peine de mort. La CPI a demandé son extradition mais il se trouverait toujours en Libye.
Nous avons extrait la partie de l'interview où Saïf Al-Islam évoque le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy (voir en tête d'article) mais vous pouvez retrouver l'intégralité de l'entrevue sur cette page, ou ci-dessous :