La Roumanie vers une coalition de centre-droit mais sans Ludovic Orban

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Par Mari Jeanne Ion avec AFP
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Le Premier ministre roumain Ludovic Orban a annoncé lundi sa démission au lendemain du revers électoral subi aux législatives, mais son parti libéral pro-européen devrait se maintenir au pouvoir du fait des jeux d'alliance.

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[Ci-dessus : le reportage vidéo de notre correspondante à Bucarest]

Le Premier ministre roumain Ludovic Orban a annoncé lundi sa démission au lendemain du revers électoral subi aux législatives, mais son parti libéral pro-européen devrait se maintenir au pouvoir du fait des jeux d'alliance.

"J'ai décidé aujourd'hui de déposer ma démission", a-t-il déclaré à la télévision, à l'issue d'un entretien avec le chef de l'Etat Klaus Iohannis.

"Ma démission a un but précis : permettre le lancement de négociations en vue de la formation du futur gouvernement"
Ludovic Orban
Ex-premier ministre roumain

M. Iohannis a aussitôt pris acte de cette décision et nommé le ministre de la Défense Nicolae Ciuca à l'intérim.

Il convoquera dans les jours à venir des consultations dans le but de composer une coalition de centre droit, malgré la victoire inattendue des sociaux-démocrates du PSD (30%) devant les libéraux du PNL (25%).

Alors que ce scrutin a été marqué par un taux d'abstention record (68%), le président a assuré avoir compris le message des électeurs : "Nombre de Roumains ont été mécontents de moi, des partis politiques ou de certaines mesures" adoptées pour endiguer la pandémie de coronavirus.

Klaus Iohannis s'était investi à fond dans la campagne en faveur des libéraux dont il est issu, au risque de se voir accuser d'"entorse à la Constitution".

"Nouveau souffle"

Ce parti pris a d'ailleurs été épinglé lundi par l'Organisation de la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE). Dans un communiqué, elle a rappelé que "brouiller la distinction entre les prérogatives présidentielles et la campagne électorale (était) contraire aux normes internationales et aux engagements des pays à ne pas mélanger Etat et partis politiques".

M. Orban, 57 ans, avait été nommé Premier ministre en novembre 2019, à l'issue d'une motion de censure qui avait renversé le gouvernement social-démocrate, sur fond de contestation massive dans la rue et de critiques de Bruxelles visant des "atteintes à l'Etat de droit".

Mais il aura tenu un an seulement, payant le prix d'une gestion critiquée de la pandémie et d'une crise économique qui menace de se prolonger.

Son départ devrait faciliter les négociations avec les réformistes d'une jeune alliance de centre droit, USR-Plus, qui ont souhaité la nomination à ce poste d'une "personnalité crédible" qui apporte "un nouveau souffle".

Une troisième formation devrait s'y joindre : le parti de la minorité magyare, UDMR, qui a remporté 6% des suffrages.

"La coalition qui sera sans doute formée autour du PNL sera extrêmement fragile", car elle dépendra des intérêts divergents des autres partis, prévient toutefois le politologue Adrian Taranu, interrogé par l'AFP.

Un candidat du PSD ?

Si les négociations aboutissent, "le gouvernement pourrait être formé rapidement, mais les libéraux auront du mal à gérer cette alliance à long terme", ajoute-t-il, soulignant que le PNL sera une nouvelle fois "à la merci des sociaux-démocrates" pour faire passer des réformes clés au Parlement.

Il faudra auparavant écarter le PSD, qui a estimé être en droit d'hériter du poste de Premier ministre au vu des résultats du scrutin.

Selon M. Taranu, le parti est parfaitement autorisé à proposer un candidat et "va sans doute le faire, afin de mettre le président Iohannis dans une position délicate, même s'il sait qu'il n'a aucune chance de former une majorité".

La seule autre formation à avoir franchi la barre des 5% pour entrer au Parlement est l'AUR (8,8%), qui se décrit comme "nationaliste" et proche de l'Eglise orthodoxe, majoritaire en Roumanie. Le PSD a confirmé à Euronews qu'il ne s'associerait pas avec ce parti.

Après une cohabitation houleuse entre 2016 et 2019 avec trois gouvernements sociaux-démocrates, M. Iohannis ne veut pas d'un retour aux affaires de cette formation durant son second mandat, qui court jusqu'en 2024.

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