L'Irano-britannique Nazanin Zaghari-Ratcliffe a purgé sa peine mais n'est pas libre pour autant

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Par euronews  avec AFP
L'Irano-britannique Nazanin Zaghari-Ratcliffe a purgé sa peine mais n'est pas libre pour autant
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Elle a passé 5 ans en prison à Téhéran et pensait pouvoir enfin retrouver sa famille à Londres. Mais aussitôt sa peine purgée, l'Irano-britannique Nazanin Zaghari-Ratcliffe est à nouveau convoquée par la justice iranienne dans 10 jours.

D'espoirs de libération en déconvenues, cette cheffe de projet de 42 ans, employée par la fondation Thomson Reuters, le bras philanthropique de l'agence de presse éponyme, a été contrainte de purger sa peine jusqu'au bout.

Désormais libérée de son bracelet électronique, selon la députée britannique de sa circonscription Tulip Siddiq, la binationale va pouvoir sortir de chez ses parents, où elle était assignée à résidence depuis un an, après avoir été autorisée à sortir de prison en raison du coronavirus.

Mais elle ne pourra pas rentrer au Royaume-Uni, n'ayant pas récupéré son passeport et étant "convoquée encore une fois devant le tribunal" dimanche prochain, au grand désespoir de sa famille.

La vie de Nazanin Zaghari-Ratcliffe bascule le 3 avril 2016

Elle est arrêtée avec sa fille Gabriella, alors même pas âgée de deux ans, à l'aéroport de Téhéran après une visite à sa famille. Accusée d'avoir comploté pour renverser le régime islamique, ce qu'elle nie farouchement, cette binationale est condamnée en septembre de la même année à cinq ans d'emprisonnement.

C'est le début d'un long calvaire, marqué par de rudes séjours en isolement dans des cellules sans fenêtre, des grèves de la faim et des privations de soins médicaux. Elle dort plus d'un mois dans les mêmes vêtements et envisage même le suicide. 

**Nazanin Zaghari-Ratcliffe fait aussi l'objet d'une deuxième procédure judiciaire en Iran **

Mais son procès avait été ajourné début novembre sans qu'aucune nouvelle date ne lui ait été communiquée jusque-là.

"L'audience de ma cliente pour son deuxième cas, dans lequel elle est accusée de propagande contre le régime, a été fixée au 14 mars", a déclaré à l'agence de presse iranienne ISNA son avocat Hojjat Kermani, confirmant que "son bracelet électronique lui a été retiré". 

Le ministre britannique des Affaires étrangères Dominic Raab s'est "félicité" dimanche dans un tweet de ce dernier point, ajoutant cependant que "le traitement que l'Iran continue de lui infliger est intolérable" et qu'elle devait "être autorisée dès que possible à retourner au Royaume-Uni".

"Son maintien en détention reste totalement inacceptable", a renchéri le Premier ministre britannique Boris Johnson. "Elle doit être libérée définitivement afin de retourner auprès de sa famille", a-t-il ajouté, affirmant que le gouvernement continuait de faire "tout (son) possible pour y parvenir".

Mais Richard Ratcliffe juge lui le soutien du gouvernement trop timide, confiant dimanche à l'agence britannique PA avoir l'impression d'être "très clairement au milieu du jeu d'échecs".

Celui qui se bat depuis des années pour la libération de sa femme a dit à de multiples reprises considérer qu'elle était l'"otage" d'un sinistre jeu politique portant sur une vieille dette contractée par le Royaume-Uni dans le cadre d'un contrat d'armement et le différend n'étant pas réglé, il ne voit pas comment la situation de sa femme pourrait changer.

L'Iran l'a "gardée tout ce temps et rien n'a été payé", constate-t-il, "je pense que si la dette pour les chars n'est pas payée, non seulement Nazanin et d'autres binationaux continueront à être détenus, mais d'autres cautions seront prises".