Israël fait face à deux fronts : les tirs de roquette depuis la bande de Gaza contrôlée par le Hamas et des émeutes dans ses villes judéo-arabes.
Les tirs de roquette ont repris dans la nuit de mercredi à jeudi vers Israël, qui continue à frapper des positions du Hamas dans la bande de Gaza tout en faisant face à un "deuxième front" : des émeutes, sur son propre sol.
Les violents combats qui opposent Israël au Hamas depuis maintenant trois jours se poursuivent. Dans la nuit de mercredi à jeudi, les alertes à la roquette ont repris sur plusieurs pans du territoire d'Israël : dans le sud, mais aussi à Tel-Aviv. Et dans le nord, ce qui est inédit.
Cinq personnes ont été blessées après qu'une roquette s'est abattue sur un immeuble de Petah Tivka, ville située dans la banlieue nord-est de Tel-Aviv.
Ces violences au plus près de la métropole poussent les autorités à dérouter tous les vols en direction de l'aéroport international Ben Gourion de Tel-Aviv jusqu'à nouvel ordre.
Cette décision n'affecte pas pour l'instant les vols en partance de l'aéroport, où les avions privés sont autorisés à atterrir.
Pendant ce temps, l'aviation israélienne a continué à frapper des positions du Hamas dans la bande de Gaza, mince territoire peuplé de deux millions d'habitants.
Tsahal affirme avoir frappé plusieurs "bâtiments stratégiques appartenant au Hamas" : la "banque principale" et une "infrastructure du contre-espionnage" du mouvement islamiste.
Ces frappes ont fait plusieurs victimes au sein de la hiérarchie du Hamas : Wael Issa, un chef de la branche militaire locale du mouvement, a été tué. Et il ne serait pas le seul. Trois autres figures de l'organisation auraient également été tués, selon les services de renseignement intérieurs israéliens.
"En représailles au raid sur la tour Al-Shorouk et à la mort d'un groupe de dirigeants", le Hamas a lancé mercredi soir plus d'une centaine de roquettes vers Israël dont plusieurs ont été interceptées par le bouclier antimissiles "Dôme de Fer".
Les affrontements entre Israël et le Hamas ont débuté lundi après des semaines de tensions israélo-palestiniennes à Jérusalem-Est, qui ont culminé avec des heurts sur l'esplanade des mosquées, troisième lieu saint de l'islam et site le plus sacré du judaïsme dans cette portion de la ville sainte illégalement occupée et annexée par Israël, selon le droit international.
Le nord d'Israël également pris pour cible
Un dernier bilan fait état de 83 morts ce jeudi côté palestinien. Mercredi, le dernier bilan recensait la mort de 17 enfants et près de 400 blessés dans la bande de Gaza. Côté israélien, on dénombrait sept morts, dont un enfant et un soldat et des centaines de blessés.
Pour la première fois depuis le début de l'escalade lundi, les alertes à la roquette ont résonné jusque dans le nord d'Israël, notamment dans la vallée de Jezreel, située en Galilée.
Ce sont désormais en tout environ 1 500 roquettes qui ont été tirées vers l'Etat hébreu depuis le début de la semaine par différents groupes armés.
Selon l'armée, le lancement de 350 roquettes a "échoué" et des "centaines" d'autres ont été interceptées par le bouclier antimissile "Dôme de fer". Dans la nuit de mercredi à jeudi, Israël a promis au Hamas "une réponse".
Israël fait face à des émeutes sur son sol
En plus des tirs de roquette, Israël doit également gérer un autre front en parallèle : des émeutes sur son propre sol. Des militants d'extrême droite ont manifesté mercredi soir à travers le pays, provoquant des affrontements avec les forces de l'ordre, et parfois des Arabes israéliens.
A Lod par exemple, ville industrielle peuplée à 40% d'Arabes et située près de Tel-Aviv, la tension est montée d'un cran entre jeunes Arabes et groupes de juifs extrémistes.
Moussa Hassouna, un jeune père de famille arabe israélien de 32 ans, est mort par balle cette semaine dans les heurts. Les images qui circulent sur les réseaux sociaux suggèrent que des juifs nationalistes armés qui se tenaient dans un bâtiment à proximité sont derrière sa mort.
Mardi soir, lors de ses funérailles, la situation a dégénéré avec un cortège de voitures incendiées, des jets de pierre mais aussi des cocktails Molotov, poussant le Premier ministre Benjamin Netanyahou à déclarer "l'état d'urgence".
"Ce qu'il se passe depuis ces derniers jours dans les villes d'Israël est insupportable... rien ne justifie le lynchage d'Arabes par des juifs et rien ne justifie le lynchage de juifs par des Arabes", a déclaré dans la nuit Benjamin Netanyahou, disant qu'Israël était confronté à un "combat sur deux fronts".
Conseil de sécurité vendredi
Face à cette intensification des combats, une nouvelle réunion en urgence du Conseil de sécurité de l'ONU pour vendredi a été demandée mercredi par trois pays : la Tunisie, la Norvège et la Chine. Cette session, qui sera publique et à laquelle devraient participer Israéliens et Palestiniens, sera la troisième du Conseil depuis lundi, signe que les marges de manœuvre par voie diplomatique sont minces.
Jusqu'à présent, les Etats-Unis, qui se sont progressivement désengagés de ce conflit ces dernières années, se sont opposés à l'adoption d'une déclaration commune du Conseil de sécurité visant à faire arrêter les affrontements, la jugeant "contre-productive" à ce stade selon des diplomates.
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a annoncé mercredi soir s'être entretenu avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et avoir réclamé la fin des tirs de roquettes depuis la bande de Gaza vers Israël.
"J'ai parlé avec le président Abbas de la situation en cours à Jérusalem, en Cisjordanie et à Gaza. J'ai exprimé mes condoléances pour les pertes de vies. J'ai souligné la nécessité de mettre fin aux attaques à la roquette et de faire baisser les tensions", a tweeté le responsable américain.