Un civil afghan, qui travaillait pour l'ambassade italienne à Kaboul, a été exfiltré de Kaboul vers Rome. Il a accepté de raconter à Euronews les conditions de son départ.
Un civil afghan, qui travaillait pour l'ambassade italienne à Kaboul, a été exfiltré de Kaboul vers Rome. Il a accepté de raconter à Euronews les conditions de son départ.
Depuis la prise de pouvoir des talibans à Kaboul le 15 août, c'est la même scène à l'aéroport de la capitale afghane : des milliers de personnes qui se pressent pour tenter de trouver une place dans un avion et fuir dans un pays étranger.
Nous avons interrogé un de ceux qui ont réussi à partir. Pour des raisons de sécurité, il tient à rester anonyme - on l'appellera donc simplement M. Il a été exfiltré avec sa famille d'Afghanistan vers l'Italie.
Dans l'interview qu'il nous a accordée, il est d'abord revenu sur les circonstances du départ.
« J'ai dit à ma famille qu'il fallait qu'on aille à l'aéroport, parce que nos vies étaient menacées. Je leur ai dit que si les talibans me trouvaient, ils allaient me tuer puisque j'ai travaillé pour les Italiens et l'ambassade d'Italie. C'est pour ça que j'ai dit à ma famille qu'il fallait partir. Je n'ai rien laissé chez moi. Pour ne pas laisser de traces, j'ai tout brûlé, tout mes papiers ! »
L'attente à l'aéroport
M et sa famille sont donc partis avec le strict minimum. Une fois arrivé à l'aéroport, ça a été le début d'une longue attente : trois jours avant de pouvoir embarquer.
Une attente particulièrement éprouvante, physiquement et mentalement.
« Les gens se rassemblaient devant l'entrée principale de l'aéroport, là où se faisaient l'accès. A un moment, ça a été la bousculade. Ma femme est tombée par terre. Les gens lui ont marché dessus. Heureusement, elle n'a pas été blessée.
Le jour d'après, ma femme et mes enfants ont dû attendre en plein soleil, sans rien boire ni manger. C'est là que deux de mes enfants ont fait un malaise. »
"Je n'ai pas peur de mourir"
M. est originaire de la vallée du Panchir, dernière région qui échappe encore au contrôle des talibans.
C'est aussi en raison de cette origine que M. se sait menacé. Ses parents vivent encore là-las.
« Si un jour, les talibans capturent mes parents, ils pourraient leur dire : "faites revenir votre fils, sinon on vous tue". Je voudrais éviter ça. Maintenant, s'il le faut, je me livrerai, afin de préserver la vie de mes parents. Je n'ai pas peur de mourir. »
Des gens en état de choc
Pangea Onlus est une ONG italienne qui a travaillé en Afghanistan depuis le début des années 2000, pour aider notamment les femmes.
Depuis 10 jours, l'ONG s'active pour évacuer son personnel d'Afghanistan, mais aussi un maximum de civils afghans.
Luca Lopresti est le président de cette ONG.
« Les gens qui attendent à l'entrée de l'aéroport sont en état de choc, dit-il. Ils ont besoin d'aide, ils nous appellent au téléphone. Alors, on leur apporte un soutien psychologique, on les fait parler, on leur apporte des encouragements pour qu'ils se sentent soutenus. On leur dit qu'ils vont y arriver, qu'il ne faut pas pleurer, qu'il faut avancer, afin de pouvoir être sauvé. »
L'ONG Pangea Onlus espère que l'accompagnement des femmes afghanes pendant des années ne sera pas vain, et que cela constituera un embryon de résistance à l'idéologie des talibans.
Quant à M, exfiltré afghan, désormais en sécurité en Italie, il rêve déjà de retourner dans son pays, quand celui-ci sera libre, un jour.