11 septembre 2001 : "attaquer l'Afghanistan et l'Irak n'était pas une bonne réponse"

Un soldat américain en Afghanistan
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Par euronews
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"La seule raison de retourner en Afghanistan serait pour éliminer des terroristes transnationaux, qui ont à la fois l’intention et le pouvoir de frapper les Etats-Unis", selon l'expert américain Gil Barndollar. "Le reste, les droits du peuple afghan, n'a pas d'intérêt vital pour les Etats-Unis."

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Nous avons interrogé Gil Barndollar, un expert au "Defense Priorities", un think tank sur la politique étrangère américaine et la stratégie militaire des Etats-Unis. Il a été envoyé en Afghanistan et à Guantanamo en tant que marine.

Euronews :
Apres les attaques du 11 septembre, les Etats-Unis sont entrés dans une guerre contre le terrorisme. Est-ce qu’envahir l’Irak et l’Afghanistan était la meilleure réponse après ces attaques ?

Gil Barndollar :
Il est très clair que ce n’était pas la meilleure réponse après ces attaques. Je ne pense pas que qui que ce soit puisse considérer, 20 ans après le 11 septembre, que ces guerres aient été autre chose que des échecs. Vous savez, les Etats-Unis ont dépensé environ 6500 milliards de dollars, sans doute plus en tout. 7 000 militaires américains ont été tués, des centaines de milliers de civils sont morts pendant ces guerres qui ont laissé ces pays en ruines. Le retrait des troupes américaines d’Afghanistan était pratiquement prédéterminé il y a des années. La manière dont cela s’est passé a bien entendu été humiliante pour les Etats-Unis. Je ne pense pas que l’on puisse voir ces guerres comme ayant été la meilleure réponse à la suite des attaques –bien que spectaculaires- envers les États-Unis.

Euronews :
Que pensez-vous des 20 dernières années de guerre, qui se sont terminées par les talibans de retour au pouvoir juste avant que les troupes américaines quittent le pays le mois dernier ?

Gil Barndollar :
Je pense que cela montre bien les 20 ans d’arrogance et d’aveuglement de la part des USA. Vous savez, au départ nous y sommes allés avec un nombre de buts assez limité. Le but était de renverser les talibans, de leur donner une bonne leçon et d’éliminer Al-Qaïda. Tout ça s’est produit, même si Ben Laden n’a pas été attrapé dès les six ou huit premiers mois. Donc tout ce qui s’est passe ensuite, encore une fois il n’y pas plusieurs manières de le dire : ça a été un désastre. En Afghanistan, les Etats-Unis ont essayé de construire un Etat stable et centralisé, d’une certaine manière occidentalisé, et ça a été un échec total. Ces ambitions étaient dans tous les cas irréalisables dès le départ.

Il n’y a pas de raison d’aller à l’étranger a la recherche de monstres à anéantir
Gil Barndollar
Expert au "Defense Priorities"

Euronews :
Est-ce que les Etats-Unis et leurs alliés devraient retourner en Afghanistan à un moment donné ?

Gil Barndollar :
Non, enfin j’ai écrit à ce sujet mais… La seule raison de retourner en Afghanistan serait pour éliminer des terroristes transnationaux, qui ont à la fois l’intention et le pouvoir de frapper les Etats-Unis. A part ça, il n’y a pas de raison pour que les troupes américaines retournent en Afghanistan. On peut s’en mordre les doigts, et être horrifié par beaucoup de choses qui se sont passées là-bas, et qui vont sans doute se passer dans le futur vu que les talibans contrôlent le pays ; mais peu importe à quel point c’est terrible : que ce soit les droits des femmes, des minorités, les répressions internes, rien de tout ça ne représente un intérêt vital pour les Etats-Unis.

Euronews :
Sur quoi devrait se concentrer le combat contre le terrorisme sur le sol américain à partir de maintenant ?

Gil Barndollar :
Je pense que nous devons protéger les Etats-Unis depuis l’intérieur. Je ne veux pas parler d’un nouveau Patriot Act, ni d’autres atteintes aux libertés des citoyens américains. Une des pires réponses après le 11 septembre a été la surveillance accrue des Américains, les nouvelles prérogatives des forces de l’ordre sans qu’elles aient eu à en rendre compte. Mais nous devons nous concentrer sur la protection des Américains aux Etats-Unis. Nous avons largement les outils pour ce faire. Le monde est très différent d’il y a 20 ans. Pour paraphraser un de nos anciens présidents, John Quincy Adams, il n’y a pas de raison d’aller à l’étranger a la recherche de monstres à anéantir.

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