Le Beaujolais Nouveau est à la fête ce jeudi malgré quelques ajustements, Covid oblige ; mais les producteurs devront faire face dans les prochaines années aux défis posés par le changement climatique. Les vignerons multiplient donc les initiatives et les leviers pour garantir leur production.
La fête du **Beaujolais Nouveau **a bien eu lieu cette année malgré quelques ajustements, crise sanitaire oblige. Si les producteurs de la région ont pu célébrer la nouvelle année viticole ce jeudi 18 novembre, ils devront faire face dans les prochaines années à des défis de plus en plus nombreux posés par le dérèglement climatique.
Le réchauffement du climat a déjà des conséquences directes sur le secteur, « Les raisins entrent en période de maturation plus tôt dans l’été, ils sont dans des conditions plus chaudes et mûrissent plus vite » résume Taran Limousin, ingénieur à l’Institut français de la vigne et du vin (IFV).
Pour l’instant peu d’inquiétudes à avoir sur le goût du vin, l'ingénieur confie même que « jusqu’à présent, c’était plutôt positif parce que cela a donné des vins plus ronds, plus faciles à boire ». En revanche, cette accélération bouleverse la logistique des vignerons et leur calendrier de récolte.
D'après une étude, les vendanges ont été avancées de 15 jours à un mois selon les régions par rapport aux années 1980.
Les vignerons font face à une météo déréglée
En plus du réchauffement, les vignerons sont confrontés à des épisodes météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents qui ont un effet direct sur la production de raisin. Le secteur a été particulièrement frappé ce printemps par des gelées catastrophiques pour les vignerons.
Ce constat est appuyé par le rapport que la filière du vin a présenté, en août, au ministre de l'Agriculture sur les stratégies à développer face au changement climatique.
Le rapport souligne que la filière « est déjà confrontée à des effets du changement climatique : vendanges plus précoces, modifications des vins, voire des rendements »_._ Les enjeux économiques sont importants. À titre d'exemple, le Beaujolais Nouveau a représenté 18 millions de bouteilles en 2020 dont près de la moitié ont été exportées (le Japon étant le premier importateur).
Des expérimentations qui se multiplient dans les vignes
Face à ces risques, plusieurs initiatives sont mises en place et leur efficacité est examinée avec une précision presque chirurgicale. « Nous travaillons sur différents leviers que ce soit le mode de conduite comme des filets ombrageant ou le matériel végétal c’est-à-dire les cépages » explique Taran Limousin.
Encore faut-il financer ces initiatives et les faire connaître ; le vignoble du Château de l’Eclair s'est, pour ce point, allié à un organisme de recherche. Ses parcelles d'expérimentation accueillent régulièrement vignerons et étudiants.
Pour Taran Limousin, « les décisions que l’on prend maintenant auront un impact jusqu’en 2050. Il y aura encore une augmentation de température en 2050 donc la clé est d'être flexible et de pouvoir s’adapter ».