Déclarations, point sur le terrain, réactions internationales, sanctions économiques, suivez les événements de la 36e journée de la guerre en Ukraine.
Le président américain Joe Biden s'est dit ce jeudi "sceptique" face aux annonces de la Russie sur un retrait partiel de ses troupes en Ukraine pour concentrer son offensive sur la région du Donbass, à l'est du pays.
"Jusqu'ici, il n'y a pas de preuve qu'il soit en train de retirer toutes ces troupes de Kyiv", a-t-il encore déclaré aux journalistes, à la fin d'une déclaration consacrée à la lutte contre la hausse du prix de l'essence.
Joe Biden a par ailleurs estimé que Vladimir Poutine "semblait s'être isolé".
Le locataire de la Maison-Blanche a aussi assuré avoir "des indications selon lesquelles (le président russe) a limogé ou placé en résidence surveillée certains de ses conseillers", tout en reconnaissant ne pas avoir de "preuves irréfutables".
Selon un haut responsable du Pentagone, les forces russes ont entamé leur retrait de Tchernobyl (nord) et ont "abandonné" l'aéroport militaire de Gostomel, au nord-ouest de Kiev, mais "nous continuons à penser que c'est un repositionnement".
"Nous n'avons absolument aucune indication que ces soldats rentrent chez eux, ou qu'ils sont écartés définitivement des combats", a ajouté ce responsable.
Retrouvez ci-dessous le déroulé de ce 36e jour de guerre en Ukraine
Le point sur la situation à 20h30 :
- L'Otan s'attend à des offensives
Les forces russes "ne se retirent pas, mais se repositionnent" en Ukraine et l'Otan s'attend à des "offensives supplémentaires" de la part de Moscou, a déclaré ce jeudi le secrétaire général de l'Alliance Jens Stoltenberg.

Selon lui, la Russie "essaie de renforcer son offensive sur la région du Donbass" et "maintient la pression sur Kiyv et d'autres villes".
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait auparavant déclaré ne pas croire à la promesse faite par Moscou de "réduire radicalement" son activité militaire en direction de Kyiv.
Sans "aucune illusion", le Premier ministre norvégien Jonas Gahr Støre a dit avoir demandé au président russe Vladimir Poutine la fin des hostilités lors d'un entretien téléphonique jeudi matin.
Les ministres des Affaires étrangères russe et ukrainien pourraient se rencontrer "d'ici une ou deux semaines", selon leur homologue turc Mevlüt Cavusoglu.
- Début de retrait russe de Tchernobyl
Les forces russes ont commencé à se retirer du site nucléaire de Tchernobyl, dont elles avaient pris le contrôle dès le premier jour de l'invasion de l'Ukraine le 24 février, a annoncé ce jeudi l'agence nucléaire ukrainienne.
- Gaz : Poutine impose le paiement en roubles
Dès le 1er avril, les acheteurs de gaz russe de pays "inamicaux" devront avoir des comptes en roubles, faute de quoi la Russie ne les livrera pas, a annoncé jeudi le président Poutine.
L'Allemagne et la France se "préparent" à un potentiel arrêt des importations de gaz russe, les Européens refusant le paiement en roubles exigé par Moscou, a réagi le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire.
Les pays européens continueront de payer le gaz russe en euros et dollars comme cela est "écrit dans les contrats", a assuré le chancelier allemand, Olaf Scholz.
Les producteurs de pétrole de l'Opep+ ont eux annoncé, sans surprise, une nouvelle ouverture modeste de leurs vannes d'or noir, ignorant les appels à alléger la pression sur les prix induite par la guerre.
Le président américain Joe Biden, confronté à une inflation record minant sa popularité, a lui ordonné de puiser 1 million de barils par jour dans les réserves stratégiques de pétrole pendant six mois, une initiative "sans précédent" dans l'histoire américaine, selon la Maison Blanche .
- Trêve annoncée à Marioupol
Le gouvernement ukrainien devait envoyer jeudi 45 bus pour évacuer des civils depuis le port assiégé de Marioupol (Sud-Est), après que Moscou a annoncé une trêve pour permettre leur départ. Dix-sept bus sont déjà partis pour Marioupol, selon Kiev.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s'est dit prêt "à diriger" à partir de vendredi ces opérations d'évacuation en direction de la ville de Zaporojie, à 220 km au nord-ouest, à condition d'avoir les garanties nécessaires.
Selon l'administration militaire de la région de Donetsk, l'armée russe a de nouveau bombardé dans la nuit la région de Donetsk (Donbass), avec parfois des bombes au phosphore.
- Sanctions
Londres a annoncé 14 nouvelles sanctions visant des "propagandistes et médias d'Etat" russes, dont les propriétaires de RT et Sputnik, pour contrer les "mensonges" du Kremlin.
Washington a annoncé jeudi de nouvelles sanctions contre la Russie, visant cette fois le secteur technologique, dont le plus important fabricant russe de semi-conducteurs afin, entre autres, d'empêcher le contournement des sanctions occidentales.
La Russie a elle annoncé interdire l'entrée sur son territoire aux dirigeants européens et à la majorité des eurodéputés, en réaction aux mesures punitives la visant.
- Le Kremlin réplique à Washington
Le Kremlin a jugé jeudi inquiétant que les Etats-Unis ne comprennent rien au fonctionnement du pouvoir en Russie, répondant aux Occidentaux qui affirment que les conseillers de Poutine lui mentent par peur de sa réaction sur la situation sur le terrain et qu'il est dès lors mal informé.
- Popularité de Poutine
Quelque 83% des Russes approuvent l'action de Vladimir Poutine, qui gagne douze points de popularité par rapport à février, selon l'institut russe indépendant Levada.
Le président américain Joe Biden a promis ce jeudi de "soulager les ménages" confrontés à la hausse du prix de l'essence, en annonçant notamment une mise à contribution sans précédent des réserves stratégiques du pays.
Soulignant qu'une augmentation de la production pétrolière prendrait "des mois", il a indiqué lors d'un discours à la Maison Blanche qu'un million de barils seraient injectés sur le marché chaque jour au cours des six prochains mois, soit "plus de 180 millions de barils".
"Il s'agit d'une transition en temps de guerre", a-t-il souligné, "afin d'augmenter l'approvisionnement de pétrole jusqu'à ce que la production accélère plus tard dans l'année".
"Nous utiliserons les revenus de la vente de pétrole maintenant pour réapprovisionner les réserves stratégiques", a détaillé le président américain, assurant que les Etats-Unis seraient ainsi "prêts à faire face aux futures urgences".
Il s'en est aussi pris aux compagnies pétrolières qui "s'assoient sur leurs bénéfices record" au lieu d'augmenter la production sur le territoire américain.
"Aucune entreprise américaine ne devrait tirer profit de la pandémie ou des agissements de Vladimir Poutine pour s'enrichir aux dépens des familles américaines", a-t-il martelé.
Le président démocrate de 79 ans tente depuis l'invasion de l'Ukraine de faire porter le blâme de la flambée de l'inflation, y compris des coûts énergétiques, à son homologue russe Vladimir Poutine, alors même que la hausse des prix avait commencé avant.
Mais cette rhétorique ne semble pas convaincre les Américains, alors qu'approchent des élections législatives à l'automne qui menacent de réduire Joe Biden à l'impuissance pour le reste de son mandat.
La perspective de ce déversement record d'or noir américain avait toutefois déjà fait baisser jeudi matin les cours à Londres et à New York, d'environ 5%.
Les réserves stratégiques américaines de pétrole ont été créées en 1975 pour contrecarrer les chocs pétroliers.
Le recentrage de l'effort de guerre russe sur le Donbass, dans l'est de l'Ukraine, où les forces russes feront face à une armée ukrainienne aguerrie, laisse présager un conflit "prolongé", a prévenu jeudi un haut responsable du Pentagone.
Les forces russes ont entamé leur retrait de Tchernobyl (nord) et ont "abandonné" l'aéroport militaire de Gostomel, au nord-ouest de Kyiv, mais "nous continuons à penser que c'est un repositionnement", a déclaré à la presse ce responsable ayant requis l'anonymat.
"Nous n'avons absolument aucune indication que ces soldats rentrent chez eux, ou qu'ils sont écartés définitivement des combats", a-t-il ajouté.
"Ce que nous continuons à penser, c'est que ces forces seront ré-équipées et renvoyées en Ukraine (...) pour continuer le combat conformément à ce que nous pensons être leur objectif, c'est-à-dire globalement l'Est", notamment les régions séparatistes de Lougansk et Donetsk, dans le Donbass, a-t-il ajouté.
Mais "les Ukrainiens connaissent très très bien le territoire", a-t-il noté, rappelant que cela fait huit ans qu'un conflit larvé oppose les séparatistes aux forces ukrainiennes dans cette zone. "Ce n'est donc pas parce qu'ils lui donnent la priorité, qu'ils y renforcent leurs effectifs et qu'ils y mettent plus d'énergie, que ce sera facile pour eux", a-t-il prévenu.
"Cela pourrait présager un conflit plus long, plus prolongé", a-t-il ajouté.
Les bombardements des forces russes se poursuivent, notamment sur Kiev, Tcherniguiv, Izioum, Kharkiv, Marioupol et le Donbass, selon ce responsable américain.
Les forces russes tentent en effet de prendre en tenaille l'armée ukrainienne déployée depuis 2014 le long d'une ligne de front passant à proximité de Donetsk au sud, et Lougansk à l'est, jusqu'à Izioum au nord-ouest de Donestk.
L'acteur français Gérard Depardieu a dénoncé ce jeudi "les folles dérives inacceptables" de Vladimir Poutine, annonçant que la totalité des recettes de ses trois concerts prévus début avril au Théâtre des Champs-Elysées (TCE) "reviendra aux victimes ukrainiennes".
"Le peuple russe n’est pas responsable des folles dérives inacceptables de leurs dirigeants comme Vladimir Poutine", a déclaré dans un communiqué à l'AFP la star, qui avait fait l'éloge du dirigeant russe dans le passé. Il doit se produire au TCE, à Paris, du 1er au 3 avril.
Une personne a été tuée et quatre blessées dans des tirs sur un convoi de cinq bus amenant des volontaires vers la ville assiégée de Tcherniguiv, dans le nord de l'Ukraine, a annoncé jeudi une responsable ukrainienne.
"Les combattants russes ont tiré sur un convoi de volontaires près de Tcherniguiv. Cinq bus qui se dirigeaient vers la ville pour évacuer des civils ont été l'objet de tirs", a annoncé Lioudmyla Denissova, chargée des droits humains auprès du Parlement.
"Une personne est morte, quatre sont grièvement blessées", a-t-elle précisé.
Elle a accusé les troupes russes de "ne pas laisser la moindre possibilité d'évacuer les civils de Tcherniguiv assiégée, en laissant des dizaines de milliers de civils sans nourriture, sans eau, sans chauffage".
Après Marioupol dans le sud, Tcherniguiv, qui comptait 280 000 habitants avant la guerre, est la ville la plus durement frappée par les bombardements depuis le début de la guerre lancée par Moscou le 24 février.
Le maire de la ville, Vladyslav Atrochenko, a indiqué mardi que 350 personnes y avaient été tuées depuis plus d'un mois, des civils pour la plupart.
La Russie a annoncé ce jeudi interdire l'entrée sur son territoire aux dirigeants européens et à la majorité des eurodéputés, en réaction aux mesures punitives visant Moscou pour son intervention militaire en Ukraine.
"Les restrictions s'appliquent aux plus hauts dirigeants de l'Union européenne, y compris un certain nombre de commissaires européens et de chefs d'organes militaires européens, ainsi qu'à la vaste majorité des députés du Parlement européen, qui font la promotion de politiques antirusses", a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
Cette mesure s'applique aussi à des responsables politiques de pays membres de l'UE, ainsi qu'à des personnalités publiques et des journalistes qui "ont soutenu les sanctions illégales contre la Russie, incité à la russophobie ou violé les droits et les libertés des populations russophones", a ajouté le ministère.
La diplomatie russe n'a pas publié la liste des personnes ciblées, mais a déclaré avoir informé la représentation européenne à Moscou de cette mesure.
"Nous réaffirmons que toute action hostile de la part de l'UE et de ses Etats membres continuera immanquablement de donner lieu à une riposte ferme", a souligné le ministère russe.
Ces sanctions interviennent en pleine crise entre les pays occidentaux et Moscou depuis le lancement, le 24 février, d'une offensive militaire russe en Ukraine.
En réaction, le camp occidental, Etats-Unis et UE en tête, a infligé de lourdes sanctions économiques à la Russie, ciblant notamment le président Vladimir Poutine, son gouvernement et des oligarques.
Mi-mars, Moscou avait déjà annoncé une interdiction d'entrée sur le territoire russe visant le président Joe Biden et plusieurs hauts responsables américains.
Les forces russes ont commencé à se retirer du site nucléaire de Tchernobyl, dont elles avaient pris le contrôle dès le premier jour de l'invasion de l'Ukraine le 24 février, a annoncé jeudi l'agence nucléaire ukrainienne.
Les troupes qui occupaient le site sont parties "en deux colonnes vers la frontière" entre l'Ukraine et le Bélarus, a indiqué Energoatom sur Telegram, ajoutant qu'il ne reste plus qu'un "petit nombre" de soldats russes sur place.
Les États-Unis ont dénoncé vigoureusement le blocage par la Russie, après huit ans de mandat, du renouvellement annuel de la mission d'observation de l'OSCE en Ukraine, qui expirait jeudi.
"Il est profondément regrettable que la Russie ait bloqué le consensus sur la prolongation du mandat de la mission spéciale d'observation en Ukraine", a déclaré l'ambassadeur américain, Michael Carpenter, devant le Conseil permanent.
"C'est irresponsable et injustifié", a-t-il ajouté selon une retranscription de son discours publiée jeudi sur le site internet de la représentation diplomatique américaine auprès de l'organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE).
Surprise par l'invasion russe le 24 février, l'OSCE avait évacué tant bien que mal dans les jours suivants plusieurs centaines d'observateurs issus de dizaines de pays qui surveillaient le cessez-le-feu depuis 2014 entre l'Ukraine et les deux régions séparatistes prorusses.
Seule instance internationale à documenter la situation sur le terrain, elle espérait pouvoir retourner dans le pays dès que la sécurité de ses personnels pourrait être garantie.
Moscou avait donné son feu vert à son déploiement dans le cadre d'accords de paix en 2014, validés par l'ONU.
Deux observateurs sont morts dans le cadre de cette opération. L'Américain Joseph Stone a été tué par une explosion en 2017 et l'Ukrainienne Maryna Fenina lors des bombardements à Kharkiv le 1er mars dernier.
Vladimir Poutine a indiqué ce jeudi que la Russie "ne livrera pas de gaz aux clients occidentaux refusant de payer en roubles". Quelques minutes plus tard, le chancelier allemand Olaf Scholz a, lui, assuré que "l'Europe continuera à payer le gaz russe en euros ou dollars".
"Il est écrit dans les contrats que les paiements se font en euros et parfois en dollars", a expliqué le chancelier allemand lors d'une conférence de presse avec son homologue autrichien, Karl Nehammer. "J'ai dit clairement au président russe que cela resterait ainsi" et "les entreprises veulent pouvoir payer en euros et le feront", a-t-il ajouté.
Parallèlement, le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire a déclaré que l'Allemagne et la France se "préparent" à un potentiel arrêt des importations de gaz russe, alors que Moscou exige, à partir du 1er avril, un paiement en roubles des livraisons, ce que les Européens refusent, a déclaré toujours ce 31 mars jeudi Bruno Le Maire, à Berlin.
"Il peut y avoir une situation dans laquelle demain, dans des circonstances très particulières, il n'y aura plus de gaz russe (...) c'est à nous de préparer ces scénarios là, et nous les préparons", a-t-il détaillé, lors d'une conférence de presse avec le ministre allemand de l'Economie, Robert Habeck.
L'armée russe est en train de "regrouper ses forces pour attaquer" dans l'est et le sud de l'Ukraine, a estimé jeudi le chef de la 92e Brigade et défenseur de Kharkiv (nord-est), deuxième ville du pays où la situation est "stable".
"Ils (les Russes ndlr) ont cru qu'ils passeraient en Ukraine comme ils l'ont fait en Crimée. Mais cela n'a pas marché, c'est pourquoi l'ennemi s'est retiré et est en train de se regrouper", a déclaré à l'AFP le général Pavlo "Maestro".
"Ils se regroupent pour attaquer et mettre le maximum de forces dans la région ou la direction de la Slobojanchtchina", un terme renvoyant à un territoire historique recouvrant la partie nord-est du pays allant de Kharkiv à Lougansk, et "Marioupol", a estimé le général.
"Il ne faut jamais sous-estimer l'ennemi", dont les "forces sont énormes", a souligné cet officier supérieur de 47 ans, distingué le 3 mars dernier par le président Volodymyr Zelensky comme "héros" de l'Ukraine pour sa défense de Kharkiv aux premiers jours de la guerre.
Le moral de nos troupes est haut. Nous sommes ici sur notre terre, nous protégeons nos familles et nos victoires nous remontent le moral - Général Pavlo "Maestro"
Repoussée des faubourgs, l'armée russe campe toujours aux périphéries nord et nord-est de la ville, d'où elle bombarde quotidiennement des zones résidentielles à portée de son artillerie.
"A Kharkiv, la situation est stable", a jugé le général "Maestro", un surnom hérité de la guerre de 2014/2015 dans le Donbass (est). "Nous nous défendons dans toutes les directions et nous essayons de repousser l'ennemi", a-t-il ajouté
Commentant la reprise ce début de semaine par les forces ukrainiennes du village de Mala Rogan et d'une autoroute en périphérie est, où les militaires russes ont subi de lourdes pertes, l'officier supérieur a jugé que c'était "une opération classique comme nous en menons tous les jours"
"Aux forces russes qui nous attaquent, voici mon message: reprenez vos soldats, reprenez vos enfants, reprenez tous vos véhicules et rentrez chez vous, pendant que vous êtes encore en vie", a conclu le général "Maestro".